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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 3
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Clément de Ris, Louis: Le surintendant Foucquet, par Edmond Bonnaffé
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0321

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LE SURINTENDANT FOUCQUET.

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quel qu’il l’a dû. La présomption de cette préoccupation cachée mais
constante se laisse deviner pendant les vingt années qui ont suivi l’arres-
tation de Foucquet : c’est-à-dire pendans l’intervalle de temps qu’une gé-
nération met à en remplacer une autre.

Quelques dates et quelques noms prouveront ce que j’avance. Le roi
admire et jalouse le faste de Foucquet en assistant accompagné de Mazarin
à une fête à Saint-Mandé, le 6 novembre 1657. Il est fort possible que la
première pensée de la disgrâce du Surintendant remonte à cette date.
Au moins peut-on l’induire d’une scène très significative datant de 1660. Le
Roi visite le Louvre inachevé avec son frère et se plaint de ne pas être
assez riche pour continuer les travaux: Que Votre Majesté se fasse surin-
tendant des finances, seulement pendant un an, lui répond Monsieur, et
elle aura de quoy bastir (.Archives curieuses de Cimber et Danjou, t. VIII,
p. /il 5). Arrive la fameuse fête de Vaux, où Watel dépense 600,000 francs
pour la collation seule. L’arrestation de Foucquet est décidée; elle a lieu
à Nantes quelques jours après, le 6 septembre 1661. A peine accomplie,
le Roi prend à ses gages tout le personnel artistique qui avait fait de Vaux
un Versailles anticipé; l’architecte Le Vau, le peintre le Brun, le dessina-
teur Le Nôtre, les sculpteurs Puget, Michel Anguier, Thibault Poissant,
l’ornemaniste Domencio Gucci, le jardinier potagiste La Quintinie, le jar-
dinier orangiste Trummel (Voir les Comptes des Bâtiments du Boi, par
M. Guiflrey). En 1662 — on ne perd pas de temps — sont fondés les
Gobelins sur le modèle exact, « avec le personnel et l’outillage » de cette
manufacture de Maincy-lèz-Vaux qui attend encore un historien. Le Roi
y caserne tous les artistes, tous les maîtres ouvriers de Vaux et deMaincy.
En 1663 commencent les travaux de Versailles, qui ne s’arrêteront plus pen-
dant cinquante-deux ans. On y emploie les artistes que je viens de nom-
mer : tout l’atelier de Foucquet. Une fois le procès du surintendant ter-
miné (166/Q et le malheureux homme jeté à Pignerol avec une aggrava-
tion et une dureté de supplices où la conscience de l’histoire a bien senti
autre chose que de la justice et qui ont révolté sa pitié, Louis XIV taille
en plein drap dans ce que les créanciers vont laisser de Vaux. « On fait
venir de Vaux et de Saint-Mandé les plus belles statues, les plantes les
plus rares, la collection d’orangers (dont une partie est encore à Versailles),
le jardinier Trummel pour les soigner et La Quintinie pour installer le po-
tager (p. Zi7). » Au même moment « le Roi fit mettre à part un certain
nombre de meubles et de tapisseries d’une richesse exceptionnelle »,dont
l’estimation se monte à 73,150 livres en 1662; c’est-à-dire à près de
650,000 francs valeur d’aujourd’hui; et cela continue pendant vingt ans!
Louis XIV avait la mémoire longue. En 1665, on plante à Versailles douze
 
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