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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 5
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Blondel, Spire: Les modeleurs en cire, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0485

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LES MODELEURS EN CIRE.

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des portraits d’après nature, en moulant avec du plâtre sur le visage
même, et en remaniant la cire qu’il avait coulée dans le creux. Lorsque
quelqu’un mourait dans une famille, on lui faisait faire ainsi son image
(cera), et on la plaçait dans un petit tabernacle de bois imitant un temple
[œdicula), lequel était ensuite posé dans une des grandes cases ménagées
autour de Y atrium, comme le décrit Ovide [Fastes, 591), pour être con-
servé avec soin de père en fils. Le Musée Britannique possède un bas-
relief sépulcral représentant une femme pleurant la mort de son époux.
On y voit une œdicula où est placée l’image du défunt, nommé Pro-
tagoras.

Le simulacre en cire et en draperies postiches du personnage décédé
se trouvait dès lors réuni à ceux de ses ancêtres, placés dans Yatrium,
comme nous l’avons dit, afin de flatter la vanité de la famille, bien plus
que pour avertir les descendants d’imiter les vertus de leurs aïeux, ainsi
que cela avait eu lieu dans des siècles moins corrompus.

Ces figures de cire (imagines majorum) étaient donc de véritables
portraits de famille, et il y avait des Romains chez lesquels il eut été
facile d’établir la généalogie, en faisant le dénombrement des images de
leurs ancêtres.

L’honneur de se transmettre à la postérité par des images généalo-
giques de ce genre fut d’abord particulier aux patriciens ou nubiles
qui avaient passé par une des hautes fonctions d’édile, de préteur et de
consul, ou dont les aïeux avaient rempli ces fonctions honorables; mais
les plébéiens l’obtinrent dans la suite, lois de leur admission aux digni-
tés curules. C’est pourquoi Cicéron, Seconde action contre Verrès (l. V,
ch. xiv), envisageant l’étendue des devoirs qui lui sont imposés comme
édile, accepte avec joie les importantes et pénibles fonctions d’une telle
charge, parce qu’il sait que pour récompense on lui accorde le droit
d’opiner un des premiers dans le sénat, la robe prétexte, la chaise
curule et, enfin, le privilège de transmettre avec ses ancêtres un nom
illustre à la postérité : « jus imaginis ad memoriam posteritatemque
prodendæ. »

Quoi qu’il en soit, la plupart de ceux qui dans les derniers temps
tiraient ostentation de ces effigies s’en montraient souvent indignes. Tel
était l’orgueilleux Gallo-romain dont parle Àusone dans la xxvic de ses
Épigrammes. Ce parvenu, fier de ses richesses, bouffi de sa magnifi-
cence, n’avait de la noblesse qu’en paroles et, sans cesse à la piste d’une
illustration antique, appelait Mars, Rémus et Romulus ses premiers
pères. « Il les habille de tissus de soie, ajoute le poète, les fait sculpter
en argent massif et les fait couler en cire au seuil de ses portes et dans
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