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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 5
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Blondel, Spire: Les modeleurs en cire, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0486

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502

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les casiers de ses galeries. » Juvénal, dont la VIe satire mentionne une
jeune femme ayant « les bustes de cent aïeux arrangés sous son por-
tique, » dit à cet égard, dans l’énergique déclamation si connue de la
satire VIIIe sur la véritable Noblesse : « Qu’importent les généalogies?
Que sert, ô Ponticus, de pouvoir vanter une antique origine, de montrer
les portraits de ses ancêtres, les Emiliens, sur leurs chars de triomphe,
les Curius déjà mutilés, Corvinus sans épaule, Galba sans nez et sans
oreilles? À quoi bon étaler pompeusement les bustes enfumés des dic-
tateurs et des maîtres de la cavalerie dont on descend, si l’on vit sans
honneur en présence des Lépides? A quoi bon ces images de tant d’il-
lustres guerriers, si l’on passe les nuits au jeu en face du vainqueur de
JNumance; si l’on ne se couche qu’au lever de l’aurore, au moment où ces
généraux, saisissant leurs aigles, marchaient à l’ennemi?... En vain d’an-
ciennes effigies décorent vos portiques ; la vraie noblesse, c’est la vertu. »

C’est surtout dans la cérémonie des funérailles (funus gentililium)
qu’on employait les figures de cire conservées dans 1 'atriumy car, nous
le répétons, les grandes charges à Rome donnaient le droit {jus imagi-
nis) de montrer aux funérailles de famille les bustes et les images des
personnages célèbres appartenant à la même gens que le défunt, et qui
constituaient l’élément décoratif du cortège. En effet, après avoir retiré
les simulacres de leurs cases, on les faisait porter par des individus qui,
d’après un passage de Polybe (liv. VI, ch. liii) commenté par Eichs-
taedt (Dissert. de hnag. Roman.), s’en servaient comme de masques et
marchaient devant la bière avec le costume et les insignes qu’avaient
eus durant leur vie les personnages qu’ils représentaient.

Ajoutons que ces portraits, auxquels on donnait aussi le nom d’effigies
{effigies) de la famille, représentaient même quelquefois des héros de
l’histoire traditionnelle, ainsi que cela eut lieu à la mort de Drusus:
« La pompe des images, dit Tacite dans ses Annales (liv. IV, ch. îx),
distingua surtout ces funérailles, où les portraits d’Énée, tige des Jules,
ceux des rois d’Albe, de Romulus, fondateur de Rome, puis ceux des
nobles Sabins, d’Albus Clausus, et des autres Claudes, parurent dans
un imposant appareil. »

On ne saurait admettre l’existence d’un portrait authentique ou con-
temporain de personnages placés dans une antiquité si reculée; mais il
n’est pas douteux que les grandes familles conservaient des représenta-
tions caractéristiques de leurs fabuleux ancêtres, dont les traits et le
costume reproduisaient quelques types légendaires, immédiatement
reconnus par le peuple, tel qu’on les rencontre sur les pierres gravées,
les monnaies et les médailles.
 
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