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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 5
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Blondel, Spire: Les modeleurs en cire, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0487

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LES MODELEURS EN CIRE.

503

Pour en revenir aux effigies des défunts, les modeleurs devaient y
déployer toute leur habileté; car il ne fallait pas seulement qu’elles
eussent de la grâce, mais on exigeait encore qu’elles fussent parfaite-
ment ressemblantes. Il est d’ailleurs démontré par un grand nombre
d’écrivains, Polybe entre autres (1. Yf, ch. ltu), que l'image du défunt,
dans les obsèques des empereurs, se faisait en cire, quant au visage, et
en mannequin quant au reste de la personne. On la portait ensuite au
bûcher où elle était brûlée. ïïérodien, dans sa relation des funérailles
de Septime-Sévère, donne une idée de ces figures : « On met, dit-il,
sur un lit d’ivoire couvert d’une étoffe d’or une image de cire qui repré-
sente parfaitement le défunt, avec son air pâle comme s’il était encore
malade. »

Dans cette circonstance, avons-nous dit déjà on moulait le masque
sur le visage même. Les expressions de Pline (XXXV, uj le donnent du
reste à penser. L’effigie achevée, on la revêtait des habits du mort, et,
placée sur un char, elle figurait en tête du cortège. Aux obsèques de
Jules-César, par exemple, selon le témoignage d’Appien, on voyait sur
le lit funèbre l’effigie du dictateur percée de vingt-trois blessures. La
sanglante image, posée sur une machine élevée qui tournait comme les
plateaux de nos tableaux vivants, offrait le simulacre de tous les côtés
dans ce mouvement de rotation, et ainsi excitait sans relâche l’indigna-
tion et la pitié du peuple. Dion, enfin, décrivant (1. LVI) les funérailles
d’Auguste, dit qu’on y voyait d’abord son image en cire parée du vête-
ment des triomphateurs. Pour donner un digne cortège à ces images, on
les faisait suivre de celles des aïeux. Selon Tacite (.Annales, III, 76),
aux obsèques de Junia, on comptait un grand nombre de ces effigies;
tous les représentants des vieilles familles romaines, les Manlius, les
Quinctius, y paraissaient à la tête.

Que ces portraits fussent ressemblants, cela n’est pas douteux, puis-
qu’ils étaient faits par les procédés du moulage, sur le cadavre même
des individus. Aussi est-on à peu près certain de posséder aujourd’hui
l’effigie authentique d’après nature d’un personnage mort au me siècle
de notre ère et conservé au musée de Naples. Disons un mot de sa
découverte, faite en 1852, dans des fouilles pratiquées sur l’empla-
cement de Cumes. Ces fouilles mirent à jour des tombes romaines
du temps de Dioclétien, renfermant quatre squelettes privés de leur
crâne, dont deux avaient reçu, pour tenir lieu de la tête réelle qui leur
manquait, des têtes de cire avec des yeux de verre. Ce fait, demeuré
jusqu’à ce jour sans analogue, donna lieu à une dissertation où l’on
conjecture que ces squelettes et ces têtes appartenaient à des martyrs
 
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