LA CATHÉDRALE D’ALBI.
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tion qui veut que ces statues aient été faites ainsi à cause de la taille peu
élevée de l’évêque qui les avait commandées. Cet évêque, Louis d’Am-
boise, était un homme d’un grand mérite, et nous ne saurions admettre
qu’il ait pu se prêter à cette basse adulation, qui ne nous étonnerait pas
moins de la part de l’artiste L » M. Jolibois n’a pas tort de rejeter une
assertion dénuée de tout bon sens, mais le seul fait du crédit qu’elle a pu
rencontrer prouve que les moins experts ont été frappés à diverses
époques par le défaut d’élégance des statues do Sainte-Cécile, défaut lar-
gement compensé, ne craignons pas de le dire. La sculpture du chœur
de la cathédrale d’Albi atteste une recherche de la vie, une docilité de
l’esprit et de la main chez le statuaire en face de la nature, qui peuvent
n’être pas ce qu’on appelle le style, mais qui en sont la promesse, les
signes précurseurs, les plus sûrs garants. Du reste, le groupe de la Vierge
mère et la statue d 'Eslher unissent aux qualités essentielles dont nous
trouvons la marque sur la plupart des Patriarches ou des Apôtres, cette
heur impalpable et souveraine, la grâce. Qu’on les rapproche du Saint
Sébastien placé dans la chapelle Sainte-Croix, et qui est une œuvre du
xvie siècle, on suivra sans peine la gradation par laquelle devait passer
notre école de sculpture au point de vue de la forme. Nous n’oserions
affirmer, d’ailleurs, que la Vierge mère} qui est vraiment une œuvre sans
défaut, n’ait pas été sculptée postérieurement cà la figure dé Est lier et au
reste des statues du chœur.
Nous ne quittons pas la chapelle Sainte-Croix. Les murs de cette cha-
pelle, couverts de peintures comme toutes les parois de la cathédrale,
nous montrent Sainte Hélène entrant à Jérusalem. La mère de Constantin
est à cheval, suivie d’une brillante escorte de femmes d’honneur et de
suivants, également à cheval. Sur un second panneau, Sainte Hélène reçoit
la déposition des anciens de Jérusalem. L’impératrice est assise sur un
trône, calme, impassible, écoutant les témoignages qu’elle sollicite, afin
de découvrir l’emplacement de la vraie croix.
Si belles que soient ces compositions dans lesquelles, selon la mode de
l’époque, tous les personnages portent le costume du xve siècle, il faut
leur préférer la grande fresque du Jugement dernier. Cette page magis-
trale renferme, dans la confusion des suprêmes assises, des pontifes, des
moines, des reines, des religieuses, des hommes d’armes, des nobles, des
paysans et un roi de France que l’on croit être saint Louis. Maladroite-
ment mutilée, cette fresque, encore belle dans les parties qui n’ont pas
souffert de la stupidité des hommes, a été fidèlement reproduite par les
L Revue du département du Tarn, n° 17, mars 1877, p. 259.
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tion qui veut que ces statues aient été faites ainsi à cause de la taille peu
élevée de l’évêque qui les avait commandées. Cet évêque, Louis d’Am-
boise, était un homme d’un grand mérite, et nous ne saurions admettre
qu’il ait pu se prêter à cette basse adulation, qui ne nous étonnerait pas
moins de la part de l’artiste L » M. Jolibois n’a pas tort de rejeter une
assertion dénuée de tout bon sens, mais le seul fait du crédit qu’elle a pu
rencontrer prouve que les moins experts ont été frappés à diverses
époques par le défaut d’élégance des statues do Sainte-Cécile, défaut lar-
gement compensé, ne craignons pas de le dire. La sculpture du chœur
de la cathédrale d’Albi atteste une recherche de la vie, une docilité de
l’esprit et de la main chez le statuaire en face de la nature, qui peuvent
n’être pas ce qu’on appelle le style, mais qui en sont la promesse, les
signes précurseurs, les plus sûrs garants. Du reste, le groupe de la Vierge
mère et la statue d 'Eslher unissent aux qualités essentielles dont nous
trouvons la marque sur la plupart des Patriarches ou des Apôtres, cette
heur impalpable et souveraine, la grâce. Qu’on les rapproche du Saint
Sébastien placé dans la chapelle Sainte-Croix, et qui est une œuvre du
xvie siècle, on suivra sans peine la gradation par laquelle devait passer
notre école de sculpture au point de vue de la forme. Nous n’oserions
affirmer, d’ailleurs, que la Vierge mère} qui est vraiment une œuvre sans
défaut, n’ait pas été sculptée postérieurement cà la figure dé Est lier et au
reste des statues du chœur.
Nous ne quittons pas la chapelle Sainte-Croix. Les murs de cette cha-
pelle, couverts de peintures comme toutes les parois de la cathédrale,
nous montrent Sainte Hélène entrant à Jérusalem. La mère de Constantin
est à cheval, suivie d’une brillante escorte de femmes d’honneur et de
suivants, également à cheval. Sur un second panneau, Sainte Hélène reçoit
la déposition des anciens de Jérusalem. L’impératrice est assise sur un
trône, calme, impassible, écoutant les témoignages qu’elle sollicite, afin
de découvrir l’emplacement de la vraie croix.
Si belles que soient ces compositions dans lesquelles, selon la mode de
l’époque, tous les personnages portent le costume du xve siècle, il faut
leur préférer la grande fresque du Jugement dernier. Cette page magis-
trale renferme, dans la confusion des suprêmes assises, des pontifes, des
moines, des reines, des religieuses, des hommes d’armes, des nobles, des
paysans et un roi de France que l’on croit être saint Louis. Maladroite-
ment mutilée, cette fresque, encore belle dans les parties qui n’ont pas
souffert de la stupidité des hommes, a été fidèlement reproduite par les
L Revue du département du Tarn, n° 17, mars 1877, p. 259.