DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Leprieur, Paul: Les récentes acquisitions du département des peintures au Musée du Louvre (1907 - 1908), 1
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24871#0091
RÉCENTES ACQUISITIONS DU MUSÉE DU LOUVRE 79
fois, entrevu et ébauché un sujet qui lui devint cher entre tous, et
dont la Fontaine ou le Serment d’amour nous offrent la forme ache-
vée. L’ardeur irrésistible de l’élan qui, d'un vol fougueux, dans
l’excitation du désir, dans le trouble délirant du coeur ou des sens,
emporte vers l’Amour, oublieux de toutes choses, les amants extasiés,
a été symbolisée par lui en traits inoubliables. Mais, suivant une
formule reprise également dans le Sacrifice à la rose, la jeune
femme est encore seule ici, sans compagnon pour la soutenir et
l’entraîner. C’est d’elle-même qu’elle court et vole, surexcitée par sa
LE vœu A l’amour, PAR II. FRAGONARD
(Musée du Louvre.)
flamme, à demi nue dans ses draperies blanches flottantes, le visage
renversé, les yeux clos, presque inconsciente, toute prête au suprême
abandon, tendant passionnément la main, pour prêter serment, vers
l’autel où l’attend l’Amour. Fragonard a senti et rendu avec son
lyrisme habituel ce petit poème d’émotion pénétrante. Tout y est
indiqué comme en se jouant, et baigné d’un de ces coups de lumière
féerique dont il a le secret, détachant la figure en pâleurs blondes
sur le frottis rapide des frondaisons légères. Cette ébauche à fleur de
toile, où l’on sent le décorateur né, garde pourtant tout l’imprécis
vaporeux du rêve, et, même à côté de certains des menus chefs-d’œu-
fois, entrevu et ébauché un sujet qui lui devint cher entre tous, et
dont la Fontaine ou le Serment d’amour nous offrent la forme ache-
vée. L’ardeur irrésistible de l’élan qui, d'un vol fougueux, dans
l’excitation du désir, dans le trouble délirant du coeur ou des sens,
emporte vers l’Amour, oublieux de toutes choses, les amants extasiés,
a été symbolisée par lui en traits inoubliables. Mais, suivant une
formule reprise également dans le Sacrifice à la rose, la jeune
femme est encore seule ici, sans compagnon pour la soutenir et
l’entraîner. C’est d’elle-même qu’elle court et vole, surexcitée par sa
LE vœu A l’amour, PAR II. FRAGONARD
(Musée du Louvre.)
flamme, à demi nue dans ses draperies blanches flottantes, le visage
renversé, les yeux clos, presque inconsciente, toute prête au suprême
abandon, tendant passionnément la main, pour prêter serment, vers
l’autel où l’attend l’Amour. Fragonard a senti et rendu avec son
lyrisme habituel ce petit poème d’émotion pénétrante. Tout y est
indiqué comme en se jouant, et baigné d’un de ces coups de lumière
féerique dont il a le secret, détachant la figure en pâleurs blondes
sur le frottis rapide des frondaisons légères. Cette ébauche à fleur de
toile, où l’on sent le décorateur né, garde pourtant tout l’imprécis
vaporeux du rêve, et, même à côté de certains des menus chefs-d’œu-