LE PAYSAGISTE NICOLAS-DIDIER BOGUET
27
modèle pour les teintes vaporeuses et l’artiste se joue des bleus et des verts
en vrai maître qu'il est.
Boguet passa toute son existence en Italie. IL vint à Florence, vit à fond
Vallombreuse, les environs de Pistoïa et l’Apennin, le Val de Nievole aussi,
mais c’est surtout à Rome et dans les environs qu’il dessina les sites les plus
divers et les plus classiques qui font de lui, comme je l’ai déjà dit, un digne
élève de Poussin.
Il lit des séjours prolongés à Albano et dans la région dite des « Castelli
romani », par exemple à Grotla-Ferrata, à Tivoli et à Frascati.
Très modeste, il ne rechercha aucune réclame de son vivant, pas plus
du reste que ses confrères en paysage vivant en Italie, Hackert, Valen-
ciennes, J. V. Bertin, Verstappen, Lorimier, Chauvin, etc... Les quatre
commandes qu'il eut de Bonaparte par l’entremise de Denon et de Cacault1,
ouvrages dont il s’acquitta à merveille, semblent avoir été ses productions
les plus retentissantes.
Le monde officiel ne l’ignorait donc pas, les Parisiens pris en général non
plus, puisque Boguet leur envoya des tableaux reçus et exposés aux Salons
du Louvre en 1801, 1806, 1808 et 1819. Des paysages italiens en nombre :
celui de 1819 seul était un sujet historique, avec une scène où l’on voit la
reine Audouère précipitée dans un torrent par ordre de Frédégonde. Mais
celui-ci, à notre avis, ne vaut pas ses simples vues du lac d’Albano ou du
Campo Vaccino. Le livret du Salon de cette année annonce ce sujet historique
comme étant la propriété de la Maison du Roi.
Enfin il exposa en 1827 et l'Institut le nomma membre correspondant.
*
* *
J ai feuilleté jadis, en igo5, chez son arrière-petit-fils, le commandeur
Rossignani, à Rome2, plus de deux mille dessins ou études à la sépia de
Boguet, sujets choisis par exemple à Tivoli dans les Monts-Albains, dans la
vallée du Tibre, à San-Germano, etc... Quatre gros volumes contenaient cette
énorme collection de ses croquis au lavis, à la sépia, à l’encre de Chine, dont
quelques-uns remontaient à 1784 et 1786, se continuant de 1785 à 1791,
outre un carton où il y avait 267 pièces.
Ces études faites d’après nature et très poussées représentaient des vues
de Rome et de ses environs, des vues prises aussi dans le royaume de Naples,
1. En ce qui concerne les répliques, ce fut Denon plus tard qui intervint. Napoléon
les voulut pour sa galerie de Diane aux Tuileries, ayant donné les deux premiers Boguet
à son frère Joseph.
2, Via Prefetti 22,
27
modèle pour les teintes vaporeuses et l’artiste se joue des bleus et des verts
en vrai maître qu'il est.
Boguet passa toute son existence en Italie. IL vint à Florence, vit à fond
Vallombreuse, les environs de Pistoïa et l’Apennin, le Val de Nievole aussi,
mais c’est surtout à Rome et dans les environs qu’il dessina les sites les plus
divers et les plus classiques qui font de lui, comme je l’ai déjà dit, un digne
élève de Poussin.
Il lit des séjours prolongés à Albano et dans la région dite des « Castelli
romani », par exemple à Grotla-Ferrata, à Tivoli et à Frascati.
Très modeste, il ne rechercha aucune réclame de son vivant, pas plus
du reste que ses confrères en paysage vivant en Italie, Hackert, Valen-
ciennes, J. V. Bertin, Verstappen, Lorimier, Chauvin, etc... Les quatre
commandes qu'il eut de Bonaparte par l’entremise de Denon et de Cacault1,
ouvrages dont il s’acquitta à merveille, semblent avoir été ses productions
les plus retentissantes.
Le monde officiel ne l’ignorait donc pas, les Parisiens pris en général non
plus, puisque Boguet leur envoya des tableaux reçus et exposés aux Salons
du Louvre en 1801, 1806, 1808 et 1819. Des paysages italiens en nombre :
celui de 1819 seul était un sujet historique, avec une scène où l’on voit la
reine Audouère précipitée dans un torrent par ordre de Frédégonde. Mais
celui-ci, à notre avis, ne vaut pas ses simples vues du lac d’Albano ou du
Campo Vaccino. Le livret du Salon de cette année annonce ce sujet historique
comme étant la propriété de la Maison du Roi.
Enfin il exposa en 1827 et l'Institut le nomma membre correspondant.
*
* *
J ai feuilleté jadis, en igo5, chez son arrière-petit-fils, le commandeur
Rossignani, à Rome2, plus de deux mille dessins ou études à la sépia de
Boguet, sujets choisis par exemple à Tivoli dans les Monts-Albains, dans la
vallée du Tibre, à San-Germano, etc... Quatre gros volumes contenaient cette
énorme collection de ses croquis au lavis, à la sépia, à l’encre de Chine, dont
quelques-uns remontaient à 1784 et 1786, se continuant de 1785 à 1791,
outre un carton où il y avait 267 pièces.
Ces études faites d’après nature et très poussées représentaient des vues
de Rome et de ses environs, des vues prises aussi dans le royaume de Naples,
1. En ce qui concerne les répliques, ce fut Denon plus tard qui intervint. Napoléon
les voulut pour sa galerie de Diane aux Tuileries, ayant donné les deux premiers Boguet
à son frère Joseph.
2, Via Prefetti 22,