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Hittorff, Jacques Ignace; Zanth, Ludwig
Recueil des monuments de Ségeste et de Sélinonte (Band 1): Texte — 1870

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https://doi.org/10.11588/diglit.4053#0051

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22 LIVRE PREMIER.

leur réunion aux Ségestains et de leur marche sur Sélinonte avec
une armée évaluée à 200,000 fantassins et 4,000 cavaliers.

Les Sélinontins envoient demander des secours aux Agrigentins
et aux Syracusains, et, bientôt enfermés dans leur ville, se préparent
à une défense désespérée. Hommes, femmes, enfants, tous courent
aux murailles; malgré l'abandon où les laissent Agrigente et Syra-
cuse, ils se battent pendant huit jours avec une sublime bravoure,
et sont décimés pendant qu'Annibal envoie toujours contre eux de
nouvelles troupes. Mais les murailles renversées laissèrent pénétrer
de toutes parts les assaillants, et à la fin du neuvième jour, après
avoir défendu pied à pied toutes les rues, toutes les maisons de leur
ville, les Sélinontins durent cesser le combat.
. C'est ainsi que tomba Sélinonte. L'histoire, qui a conservé les ré-
cits de la sanglante victoire remportée par Annibal, ajoute : qu'à
côté des lamentations et des gémissements des habitants s'enten-
daient l'effroyable tumulte, les cris de joie effrénée des soldats;
qu'on voyait les premiers, inconsolables dans leur malheur, se
traîner le long des rues pendant que les derniers les outrageaient
et les tuaient sans pitié; qu'arrivé sur le Forum, l'ennemi en fit
un carnage général, se répandit ensuite dans toute la ville, pillant,
massacrant, sans considération d'âge ni de sexe, ceux qu'il rencon-
trait, et mettant le feu aux habitations. Ce qui augmenta l'horreur
de cet affreux spectacle, ce fut la barbare et hideuse habitude
des Africains de mutiler les cadavres et de se parer de ces san-
glants trophées, en suspendant des mains et des têtes coupées à
leurs ceintures ou en les portant au bout de leurs épées et de leurs
piques (1).

Le chef carthaginois fit épargner seulement les femmes et les
enfants réfugiés dans les temples, non pas par commisération,
mais parce qu'il craignait que le désespoir ne les portât à incen-

(1 ) Dans les guerres d'Algérie, les Africains de notre époque ont montré que, depuis
plus de deux mille ans, ils avaient fidèlement conservé tout ce que les mœurs guerriè-
res de leurs ancêtres avaient de cruel et de sauvage.
 
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