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https://doi.org/10.11588/diglit.4053#0564
534 LIVRE HUITIÈME. — CHAP. 2.
effet que le plan incliné sur lequel glissaient les pierres fût plus élevé
que les chapiteaux des colonnes pour, dans la manœuvre, éviter ceux-
ci et amener facilement chaque linteau à côté de celui déjà posé et
au-dessus des portées qui lui étaient destinées sur les chapiteaux : ce
premier résultat atteint, il était facile, en vidant les sacs sur lesquels
posait le linteau, de l'abaisser peu à peu à sa place définitive. Cette
opération exigeait toutefois quelques précautions : d'abord il paraît
bien difficile que Chersiphron l'ait exécutée en vidant les sacs du bas
ou les plus bas, « paulatim exinaniens imos, » ceux par conséquent
qui portaient la partie la plus haute du plan incliné; en procédant
de cette manière, il s'exposait, on peut dire à coup sûr, à de graves
accidents, parce que les sacs supérieurs, forcément chevauchés les
uns dans les autres et en partie maintenus par cette disposition, ne
pouvaient pas suivre régulièrement le mouvement de descente qu'on
voulait leur imprimer en vidant les sacs du bas ; que dès lors ce
mouvement s'exécutant par soubresauts était dans le cas d'amener
des éboulements dans la masse du plan incliné, la chute de l'archi-
trave et celle des colonnes déjà placées. En vidant au contraire les
sacs sur lesquels posait l'architrave sans autre intermédiaire que
les longrines en bois qui servaient de glissoire, il suffisait d'isoler
les parties de celles-ci qui devaient suivre le mouvement de l'archi-
trave et de surveiller pour chaque sac l'écoulement régulier du
sable (1 ). C'est sans doute l'oubli d'une de ces précautions qui causa
le principe resterait toujours infiniment moins avantageux soit que le montage direct,
soit même que celui où le plan incliné serait en bois, et partant plus transportable.
Toutefois, nous le répétons, il est parfaitement conforme aux traditions de l'Orient où,
de nos jours encore, on supplée par des masses de bras payés à vil prix aux plus simples
engins mécaniques.
Le système appliqué aux colonnes et aux architraves extérieures a pu l'être également
à celles de la rangée intérieure, posées nécessairement les premières; dans ce cas, le
plan incliné construit pour les unes aurait en partie servi aux autres, et par cette circon-
stance l'importance des tausses mains-d'œuvres se serait trouvée diminuée.
(1) Depuis un certain nombre d'années on établit les cintres des voûtes de ponts et
d'autres grands arcs sur du sable renfermé dans des boîtes de tôle. Lorsque l'on veut
effet que le plan incliné sur lequel glissaient les pierres fût plus élevé
que les chapiteaux des colonnes pour, dans la manœuvre, éviter ceux-
ci et amener facilement chaque linteau à côté de celui déjà posé et
au-dessus des portées qui lui étaient destinées sur les chapiteaux : ce
premier résultat atteint, il était facile, en vidant les sacs sur lesquels
posait le linteau, de l'abaisser peu à peu à sa place définitive. Cette
opération exigeait toutefois quelques précautions : d'abord il paraît
bien difficile que Chersiphron l'ait exécutée en vidant les sacs du bas
ou les plus bas, « paulatim exinaniens imos, » ceux par conséquent
qui portaient la partie la plus haute du plan incliné; en procédant
de cette manière, il s'exposait, on peut dire à coup sûr, à de graves
accidents, parce que les sacs supérieurs, forcément chevauchés les
uns dans les autres et en partie maintenus par cette disposition, ne
pouvaient pas suivre régulièrement le mouvement de descente qu'on
voulait leur imprimer en vidant les sacs du bas ; que dès lors ce
mouvement s'exécutant par soubresauts était dans le cas d'amener
des éboulements dans la masse du plan incliné, la chute de l'archi-
trave et celle des colonnes déjà placées. En vidant au contraire les
sacs sur lesquels posait l'architrave sans autre intermédiaire que
les longrines en bois qui servaient de glissoire, il suffisait d'isoler
les parties de celles-ci qui devaient suivre le mouvement de l'archi-
trave et de surveiller pour chaque sac l'écoulement régulier du
sable (1 ). C'est sans doute l'oubli d'une de ces précautions qui causa
le principe resterait toujours infiniment moins avantageux soit que le montage direct,
soit même que celui où le plan incliné serait en bois, et partant plus transportable.
Toutefois, nous le répétons, il est parfaitement conforme aux traditions de l'Orient où,
de nos jours encore, on supplée par des masses de bras payés à vil prix aux plus simples
engins mécaniques.
Le système appliqué aux colonnes et aux architraves extérieures a pu l'être également
à celles de la rangée intérieure, posées nécessairement les premières; dans ce cas, le
plan incliné construit pour les unes aurait en partie servi aux autres, et par cette circon-
stance l'importance des tausses mains-d'œuvres se serait trouvée diminuée.
(1) Depuis un certain nombre d'années on établit les cintres des voûtes de ponts et
d'autres grands arcs sur du sable renfermé dans des boîtes de tôle. Lorsque l'on veut