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https://doi.org/10.11588/diglit.4053#0666
636 LIVRE NEUVIÈME. — CHAP. 8.
La disposition des figures ronde bosse a de nombreux avantages
artistiques et économiques. Artistiquement, il est possible, tout en
satisfaisant aux exigences imprescriptibles de la clarté et de la sim-
plicité, de poser les figures et les groupes avec une variété qu'on
n'obtient dans des bas-reliefs qu'avec plusieurs plans, ce qui amène
la confusion des contours; les figures, monolithes si on le veut, ne
sontplusdésagréablement coupées par des joints qui nuisentà l'aspect
et à la durée de l'œuvre ; elles peuvent être en marbre ou toute autre
matière durable, même si l'ensemble du monument est en pierre.
Economiquement la dépense de la sculpture proprement dite est
beaucoup moindre et on évite dans le gros œuvre celle très-considé-
rable d'une masse de pierre importante dont il faut payer la valeur,
le montage puis l'abatage. (1)
Toutefois si les anciens mettaient des figures ronde bosse dans les
frontons qui posaient sur des colonnes isolées, par une conséquence
de ce principe, ils disposaient des sculptures en haut-relief dans
les frontons supportés, comme ceux du temple de Jupiter à
Agrigenle, par des colonnes engagées.
Nous avons pu nous en convaincre par expérience. Un groupe dû au talent de
M. Duret, de l'Institut, et exécuté avec une précision remarquable, montra après
l'application des couleurs, cependant très-légères et très-transparentes, une foule
d'inégalités dont il était impossible de se douter avant.
(*) Quelques chiffres rendront ces observations plus intéressantes.
Au fronton de l'église de la Madeleine, à Paris, on a dû laisser en saillie sur tout le
tympan 182 mètres cubes de pierre; un tiers seulement ayant été utilisé pour les
figures, 420 mèires cubes, soit 192,000 kilos de pierre ont inutilement pesé pendant
plusieurs années sur les colonnes eu faisant éclater aux joints les arêles de leurs
tambours. Il a fallu payer la fourniture, la pose, puis l'abatage de cette pierre,
frais qui repiésentent une valeur de 12 à 13,000 fr. Tout le monde a pu remar-
quer les neuf joints qui traversent la figure du Christ : quelques-uns se rencontraient
primitivement si mal avec les lignes de la sculpture, qu'il a fallu les supprimer en
incrustant de nouveaux morceaux.
Nous avons pu apprécier tous les avantages du système des Grecs au fronton de
l'église Saint-Vincent-de-Paul. Après nous être rendu compte de la possibilité de dispo-
ser un sujet avec des figures isolées, M. Nanteuil, de l'Institut, qui adopta notre
composition, sut si bien l'étudier que l'œuvre de cet habile statuaire résout complè-
tement toutes les nombreuses et difficiles conditions d'un pareil problème.
La disposition des figures ronde bosse a de nombreux avantages
artistiques et économiques. Artistiquement, il est possible, tout en
satisfaisant aux exigences imprescriptibles de la clarté et de la sim-
plicité, de poser les figures et les groupes avec une variété qu'on
n'obtient dans des bas-reliefs qu'avec plusieurs plans, ce qui amène
la confusion des contours; les figures, monolithes si on le veut, ne
sontplusdésagréablement coupées par des joints qui nuisentà l'aspect
et à la durée de l'œuvre ; elles peuvent être en marbre ou toute autre
matière durable, même si l'ensemble du monument est en pierre.
Economiquement la dépense de la sculpture proprement dite est
beaucoup moindre et on évite dans le gros œuvre celle très-considé-
rable d'une masse de pierre importante dont il faut payer la valeur,
le montage puis l'abatage. (1)
Toutefois si les anciens mettaient des figures ronde bosse dans les
frontons qui posaient sur des colonnes isolées, par une conséquence
de ce principe, ils disposaient des sculptures en haut-relief dans
les frontons supportés, comme ceux du temple de Jupiter à
Agrigenle, par des colonnes engagées.
Nous avons pu nous en convaincre par expérience. Un groupe dû au talent de
M. Duret, de l'Institut, et exécuté avec une précision remarquable, montra après
l'application des couleurs, cependant très-légères et très-transparentes, une foule
d'inégalités dont il était impossible de se douter avant.
(*) Quelques chiffres rendront ces observations plus intéressantes.
Au fronton de l'église de la Madeleine, à Paris, on a dû laisser en saillie sur tout le
tympan 182 mètres cubes de pierre; un tiers seulement ayant été utilisé pour les
figures, 420 mèires cubes, soit 192,000 kilos de pierre ont inutilement pesé pendant
plusieurs années sur les colonnes eu faisant éclater aux joints les arêles de leurs
tambours. Il a fallu payer la fourniture, la pose, puis l'abatage de cette pierre,
frais qui repiésentent une valeur de 12 à 13,000 fr. Tout le monde a pu remar-
quer les neuf joints qui traversent la figure du Christ : quelques-uns se rencontraient
primitivement si mal avec les lignes de la sculpture, qu'il a fallu les supprimer en
incrustant de nouveaux morceaux.
Nous avons pu apprécier tous les avantages du système des Grecs au fronton de
l'église Saint-Vincent-de-Paul. Après nous être rendu compte de la possibilité de dispo-
ser un sujet avec des figures isolées, M. Nanteuil, de l'Institut, qui adopta notre
composition, sut si bien l'étudier que l'œuvre de cet habile statuaire résout complè-
tement toutes les nombreuses et difficiles conditions d'un pareil problème.