Revue archéologique (N.S.19.1869)

CAMÉE
DU GRAND MOGOL CHAH-DJIHAN

La Bibliothèque impériale vient d'acquérir un camée que !es lec-
teurs de la Rente arc/téoUpGxtc ne regretteront pas de connaîire, bien
quhl ne remonte pas plus haut que le commencement du xvif siècle,
attendu qu'il se rattache à nos études en nous apportant un exemple
de plus de la persistance des anciennes traditions dans l'Asie. Le
Cmn&at dtt rox avec Fo%, qui figure si souvent dans les anciens
monuments de la Perse, fait aussi le sujet de notre camée; mais ici,
ce n'est pas le roi de Perse, c'est le sultan de l'Hindoustan ou,
comme on disait jadis, le Gra?n% AfopoO qui combat un lion, et le
sujet est modifié par l'introduction d'un personnage que le roi dé-
livre des griffes de l'animal.
Une inscription en persan, gravée en caractères microscopiques
dans le champ, à côté du principal personnage, nous apprend ses
noms et titres, tandis qu'une autre inscription, plus brève, nous
donne le nom de l'artiste auquel on doit ce précieux joyau.
Ces inscriptions sont ainsi conçues :
-i° L'crfrad du second Ra/xxAFxLart, G/td/t Dp'Am, empereur rxcfo-
Weatr.
2° Fart par Æem-Afem.
On a donc ici le portrait en pied, gravé en relief, du fondateur
de la nouvelle Dehli, d'un des plus grands princes de la dynastie
des Timourides. Tous les historiens s'accordent en effet à dire que
Châb-Djihan ou Schah-Jahan (1) (le Roi du monde), petit-fils
d'Akbaretpèred'Aureng-Zeb, ne fut pas seulement l'un des plus
riches et des plus fastueux parmi ces souverains dont la réputation
de magnificence est demeurée proverbiale, mais que ce prince se
distingua aussi par de grands talents de guerrier et d'administra-
teur, surtout dans la première moitié de sa vie.

(1) Voyez Garcin de Tassy, Éey aMteMM Rz'waoMsmm.s', etc. 2e édit. 1866.
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