ÉTAT DE LA MÉDECINE ENTRE HOMÈRE ET HIPPOCRATE.
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ÉCOLE MÉDICALE DE LA GRANDE-GRÈCE.
S'il est impossible de rien savoir sur l'organisation médicale, soit
dans la Grande-Grèce, soit en Sicile, on ne peut du moins mécon-
naître que de ces deux contrées, et surtout de la Grande-Grèce, soient
sortis ptusieurs médecins dont l'histoire a conservé le souvenir. A
en croire Athénée et Élien (!), il y aurait eu, du temps de Zaieucus,
c'est-à-dire vers l'an 650, des médecins en assez grand nombre chez
les Locriens-Épizéphyriens, puisque ce législateur défendait, sous
peine de mort, de boire du vin sans ordonnance de médecin. On
n'ignore pas non plus que la ville de Crotone, au moment où s'y
fixa l'institut pythagoricien (vers la moitié du v" siècle av. J.-G.),
était déjà ou devint alors le centre d'un grand mouvement d'études ;
de plus, Hérodote (2) affirme que les médecins de Crotone doivent
une partie de leur réputation à Démocède, et que longtemps on les
regarda comme les premiers médecins de toute la Grèce, tandis
qu'on donnait le second rang à ceux de Cyrène. Ce que nous savons
des connaissances médicales de Pythagore ne permet pas d'attribuer
la popularité des médecins de Crotone à l'influence de ce philo-
sophe : Démocède de Crotone n'a jamais passé pour pythagoricien,
si ce n'est auprès des historiens mal informés; c'est à lui cependant
qu'Hérodote rapporte presque fout l'honneur de cette grande re-
nommée qui s'est propagée au loin; il faut donc supposer que la
médecine s'est développée à Crotone, comme à Cos et à Cnide, par
elle-même et non par le secours de la philosophie.
Démocède, que Dion Cassius (3) appelle, conjointement avec Hip-
pocrate, <t l'un des médecins les plus éminents de l'antiquité, x Démo-
cède se rendit célèbre à la cour de Darius fils d'Hystaspe, et dans
toute la Grèce, soit par la pratique de son art, soit par l'habileté qu'il
(1) Ath., X, 33, p. 1)29 a; Æl. II, 37. — Suivant Diodore de Sicile
(XII, 13), Charondas aurait prescrit à Thurium que les malades fussent soignés par
les médecins aux frais de l'État. Mais on sait que Charondas vivait près de cent ans
avant la fondation de Thurium (M3 ans av. J.-C ) ; il n'a donc pu en être lelégisla-
teur. Il y a sans doute quelque confusion de non), et la disposition législative de
Charondas se rapporte peut-être à i'une des vides de ia Siciie ou de la Grande-Grèce
auxquelles il a certainement donné des lois. D'aitieurs, comme nous allons le voir
tout à l'heure, c'était une habitude en Grèce d'avoir des médecins d'Etat.
(2) HI, 131. On sait qu'Hérodote, exilé dans la Grande-Grèce, a vécu à Thurium,
dans le voisinage de Crotone.
(3) FMG ronm, XXXVIII, 18. Voy. Tzetzès, /7;AA IX, 3.
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ÉCOLE MÉDICALE DE LA GRANDE-GRÈCE.
S'il est impossible de rien savoir sur l'organisation médicale, soit
dans la Grande-Grèce, soit en Sicile, on ne peut du moins mécon-
naître que de ces deux contrées, et surtout de la Grande-Grèce, soient
sortis ptusieurs médecins dont l'histoire a conservé le souvenir. A
en croire Athénée et Élien (!), il y aurait eu, du temps de Zaieucus,
c'est-à-dire vers l'an 650, des médecins en assez grand nombre chez
les Locriens-Épizéphyriens, puisque ce législateur défendait, sous
peine de mort, de boire du vin sans ordonnance de médecin. On
n'ignore pas non plus que la ville de Crotone, au moment où s'y
fixa l'institut pythagoricien (vers la moitié du v" siècle av. J.-G.),
était déjà ou devint alors le centre d'un grand mouvement d'études ;
de plus, Hérodote (2) affirme que les médecins de Crotone doivent
une partie de leur réputation à Démocède, et que longtemps on les
regarda comme les premiers médecins de toute la Grèce, tandis
qu'on donnait le second rang à ceux de Cyrène. Ce que nous savons
des connaissances médicales de Pythagore ne permet pas d'attribuer
la popularité des médecins de Crotone à l'influence de ce philo-
sophe : Démocède de Crotone n'a jamais passé pour pythagoricien,
si ce n'est auprès des historiens mal informés; c'est à lui cependant
qu'Hérodote rapporte presque fout l'honneur de cette grande re-
nommée qui s'est propagée au loin; il faut donc supposer que la
médecine s'est développée à Crotone, comme à Cos et à Cnide, par
elle-même et non par le secours de la philosophie.
Démocède, que Dion Cassius (3) appelle, conjointement avec Hip-
pocrate, <t l'un des médecins les plus éminents de l'antiquité, x Démo-
cède se rendit célèbre à la cour de Darius fils d'Hystaspe, et dans
toute la Grèce, soit par la pratique de son art, soit par l'habileté qu'il
(1) Ath., X, 33, p. 1)29 a; Æl. II, 37. — Suivant Diodore de Sicile
(XII, 13), Charondas aurait prescrit à Thurium que les malades fussent soignés par
les médecins aux frais de l'État. Mais on sait que Charondas vivait près de cent ans
avant la fondation de Thurium (M3 ans av. J.-C ) ; il n'a donc pu en être lelégisla-
teur. Il y a sans doute quelque confusion de non), et la disposition législative de
Charondas se rapporte peut-être à i'une des vides de ia Siciie ou de la Grande-Grèce
auxquelles il a certainement donné des lois. D'aitieurs, comme nous allons le voir
tout à l'heure, c'était une habitude en Grèce d'avoir des médecins d'Etat.
(2) HI, 131. On sait qu'Hérodote, exilé dans la Grande-Grèce, a vécu à Thurium,
dans le voisinage de Crotone.
(3) FMG ronm, XXXVIII, 18. Voy. Tzetzès, /7;AA IX, 3.