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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 1)

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Diehl, Charles: Ravenne, [1]: études d'archéologie byzantine
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https://doi.org/10.11588/diglit.19703#0048

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RAVENNE. 35
monuments, les mosaïques de ses églises, les sculptures et les ivoires de ses basiliques et de son

musée 1.

RAVENNE A L ÉPOQUE BYZANTINE

Un prêtre de Ravenne qui écrivait
dans les premières années du ix e siècle,
Agnellus, abbé de Saint-Barthélemy et
de Sainte-Marie des Blachernes, nous a
laissé sur sa ville natale un petit livre
fort curieux. Dans son Liber pontijicalis
de l'église de Ravenne, il a raconté, à
l'intention des moines de son monastère,
la vie des archevêques qui, pendant huit
cents ans, se succédèrent sur le siège
de saint Apollinaire. Mais on ne vit
point impunément dans un milieu tel que Ravenne ; en
parcourant les rues, en pénétrant dans les basiliques, le
bon religieux n'a pu s'empêcher de prendre intérêt à ces mosaïques
éclatantes, à ces édifices somptueux ; il a copié les inscriptions qui
couvraient les parois ou décoraient les sarcophages, il a décrit les
peintures qui ornaient les murailles, il s'est fait conter les miracles
et les pieuses légendes qui s'attachaient aux monuments. Tout ce
qu'il avait vu, tout ce qu'il avait entendu, il l'a, sans choisir, versé
dans son livre, et c'est peut-être ce qui en fait le charme principal.
Sans doute il lui arrive de confondre les époques, de brouiller les
personnages, de travestir l'histoire même ; mais il décrit conscien-
cieusement, il conte avec une naïveté, admirable, et, si parfois ses
longueurs excitent quelque impatience, si son bavardage semble hors
de propos, pourtant il faut lui savoir gré d'avoir — chose bien rare
au ix° siècle — pris soin de décrire les monuments du passé. Il est
médiocre historien, je le veux, mais assez bon archéologue, et si
nous pouvons tracer un tableau vivant de la Ravenne byzantine, de
ses monuments, de ses légendes, c'est à lui seul que nous le devons 2.

Aujourd'hui Ravenne est assez loin de la mer; jadis elle avait,
presque à ses portes, un port sur l'Adriatique. C'était Classis, la
ville commerçante et industrieuse, dont la racle, toujours remplie de
navires d'Orient, abritait aussi la flottille de guerre byzantine. Le
voyageur venant de Constantinople qui débarquait ici sur la terre
italienne pouvait aisément se croire encore en Orient. A Classis on

Crosse épiscopale en ivoire.
Dessin de M"" Herweeen.

1. Les monuments de Ravenne ont été déjà plusieurs fois étudiés et nous ne prétendons point à ce sujet dire des choses fort
nouvelles; nous avons voulu simplement résumer et coordonner les résultats des travaux antérieurs, qu'un .séjour assez long à Ravenne
nous a permis de contrôler. Les principaux de ces travaux, auxquels nous aurons plus d'un emprunta faire, sont : Ciampini, Votera momi-
menta, 1G90, dont les reproductions sont malheureusement fort mauvaises; Garrucci, Storia délia arte christiana (en particulier le tome IV
où sont reproduites toutes les mosaïques) ; Quast, Die ait. christlichen Baumerke von Ravanna; l'excellent opuscule de Rahn : Ravenne, 1869 ;
Richter, Die Mosaiken von Ravenna, 1878. Il faut citer encore : Schnaase, Geschichte der bildenden Kilnste im Mittelalter, tome III;
Hïibsch, Die altchristlichen Kirchen, et, en français, le remarquable travail de M. Bayet : Recherches pour servir à l'histoire de la peinture
et delà sculpture chrétiennes en Orient, 1879, auquel nous aurons plus d'une fois recours. Il nous semble pourtant que ces divers travaux,
faits surtout au point de vue archéologique, ont trop laissé dans l'ombre l'étude si intéressante du milieu où se sont produites ces œuvres.
C'est pourquoi nous y voulons insister.

2. Assurément Ravenne, telle que la décrit Agnellus, n'est pas de tout point la ville byzantine, mais le chroniqueur est assez voisin
de l'époque que nous étudions, et les faits qu'il raconte ont un caractère d'antiquité suffisant pour qu'on puisse sans inconvénient chercher
dans son livre un tableau exact de la capitale de l'exarchat.
 
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