Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

DOI Heft:
Numéro 10 (6 Janvier 1831)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.13564#0002

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
75

LA CARICATURE.

76

Cwipn*.

X.A GRISETTE.

« Ses amours ont dure' toute une semaine. »

La Grisette est une fraction trop importante de ’a société parisienne,
comme aussi de l'existence des jeunes citadins, pour n’être pas exa-
minée sous quelques-unes des faces qui composent son piquant en-
semble. Par exemple, sous le titre de Grisette, nous nous permet-
trons de comprendre indifféremment couturières, modistes, fleu-
ristes ou lingères, enfin tous ces gentils minois en cheveux, cha-
peaux, bonnets, tabliers à poches et situés en magasins, quoique,
entre elles, ces petites industrielles tiennent prodigieusement à une
classification distinctive qui inquiète fort peu quiconque n’est point
dans le partie.

Je ne me souviens plus où j’ai lu que, dans la bienheureuse Espagne,
tous les bâtards étaient gentilshommes par droit de naissance, comme
pouvant descendre d’une famille titrée, et que, dans une scrupu-
leuse incertitude, noblesse leur était duement adjugée. Aussi, comme
la plupart des orphelins s’adonnent à la domesticité, rien n’est-il plus
commun que de voir de simples roturiers servis par des laquais anno-
blis. Ce souvenir me revient en mémoire à propos de la gent Grisette
qui, avec sa physionomie originale, forme une catégorie à part des
autres classes. En remontant à la source pour en chercher la cause , il
me semble qu’on la pourrait trouver dans la probabilité d’une naissance
particulière , d’où il résulte qu’elles seraient toutes annoblies si elles
avaient vu le jour dans la Péninsule. Ainsi donc, à part les excep-
tions, tirées à un aussi grand nombre d’exemplaires que voudra le
lecteur, je généraliserai ma supposition pour tout le reste, et dirai
que la Grisette me semble être le résultat-medium de ces rapports
passagèrement intimes entre deux presque-extrémités de l’échelle so-
ciale : l’une mâle et distinguée, l’autre féminine et seulement pi-
quante, toutes deux séparées par position, mais toutes deux rappro-
chées pendant un instant de la jeune vie par un besoin commun....
celui du plaisir.

Quelque étrange que puisse paraître, au premier abord, cette ob-
servation, à cause de sa nouveauté, elle doit trouver cependant des
partisans après examen. Il suffit, pour la bien apprécier, de consi-
dérer l’existence de ces femmes-chiffons. On en trouve à peu près
douze ou quinze dans un magasin de modes, de fleurs ou de couture.
Sur ce nombre, huit ou dix vivent toujours seules , sans parens, sans
famille, passant gaiement la vie entre le travail et les plaisirs, 1 indi-
gence et les amourettes. Si dans ce long trajet, traversé par mille
encombres, le ciel leur envoie des filles, elles les élèvent auprès
d’elles, comme elles, dans leur état, dans leurs principes. Quant à
ces dernières, dès que l’âge leur permet, elles suivent pour précepte
ce refrain qu’elles ont appris en tirant l’aiguille :

« Tout comme a fait,

» Tout comme a fait ma mère..,. »

Et ainsi se renouvelle sans cesse, par une rotation reproductixœ,
celte classe à part, macédoine sociale, à laquelle appartiennent ces
petits êtres gentils à croquer, à l’air fripon, au nez retroussé, à robe
courte et a la jambe bien prise, qu’on nomme Grisettes.

Ce qui constitue l’originalité de la Grisette, c’est de n’avoir point
de caractère qui lui soit spécialement particulier. Ses manières ne
sont qu’un bariolage des habitudes qui distinguent les autres rangs de
la société. La Grisette, dans ses courts instans de dignité, sait par-
faitement singer la grande dame;

Exemple : —• Monsieur, j e ne vous connais pas !

Elle possède toute la qualine urbanité de la petite bourgeoise ;

Exemple : — Il est des êtres bien aimables...

Dans ses accès de sublimité, elle s’élève à la hauteur de toutes les
sommités en ce fitenre;

Exemple : — Dieu! si un homme me battait!!!

Enfin, lorsqu’elle se laisse aller à un familier abandon, elle rappelle
la classe au-dessus de laquelle elle est cependant ;

Exemple : ■— Faut-il qu’un homme soit... cornichon.

Mais ce qui lui appartient réellement, ce qui forme le cachet dis-
tinctive de sa physionomie, c’est sa grande indépendance dans l’exer-
cice du sentiment, ce qui ne ressemble pas précisément à de la vertu ;
mais excuse au moins, jusqu’à un certain point, les fréquentes atteintes
que cette dernière peut recevoir. Aucune autre ambition que celle du
plaisir ne décide ses caprices. Ainsi, une passion honnête conscien-
cieusement prouvée ; des égards manifestés de temps à autre sous
la forme d’une brioche, d’un billet de spectacle, ou d’une paire
de gants ; une certaine dose de patience qui vous permette de prêter
parfois votre bras pour la promenade, votre tête pour essayer des
bonnets , ou vos bas de soie pour danser au Ranelagh ; voilà de quoi
faire tourner les plus fortes têtes de ces demoiselles, et vous mériter
de leur part les surnoms A'sJdonis ! — petit chat ! —mon amour !
— ma poule ! et autres jolies épithètes puisées dans un cours de my-
thologie appliquée à la tenue du sentiment en partie double.

Vouloir nier l’utilité de la Grisette, ce serait refuser de croire au
mouvement. Comment assez louer en effet cette aptitude en tous
genres, qui rattache indifféremment le bouton d’une culotte senti-
mentale , le nœud d’une cravalte ou le ruban d’un bonnet fané; cette
apparence de gentillesse et de grâcieuseté qui parfume les rues, em-
bellit les magasins et charme d’humbles réduits. Voilà pour le pitto-
resque. Pour l’agréable, toute Grisette sait chanter juste et faire des
crêpes. Pour l’utile, elle est rangée quoique friande de distractions, et
s’effraie des plaisirs coûteux. On a vu même la bourse d’un étudiant
grossie des économies prescrites par une jolie compagne de fredaines,
économies qui partaient en bloc, il est vrai, pour l’acquisition d’une
robe ou d’un cachemire français, mais qui néanmoins avaient tou-
jours été ravies au torrent de la dissipation.

Chaque Grisette réunit ici bas la philosophie, l’épicuréisme, le
courage du travail et la résignation. Ces vertus, propres aux grands
caractères, lui sont indispensables à elle, pour, en arrivant au monde
sans naissance, ni fortune, ni rang , se créer l’un et l’autre, se suffire
à elle-même, multiplier ses moyens d’industrie ; pour savoir travailler
sans cesse, prendre la fortune comme elle vient, ne faire qu’un passe-
temps de liaisons formées légèrement et rompues plus légèrement
encore; enfin, pour saccader ainsi la vie au milieu d’un rapide tour-
billon de plaisirs et de peines, de sentiment et de volupté, et rester
toujours Grisette! Henri B...

M. MAHIEÏÏX ESt SOCIÉTÉ.

C’était un salon, éclairé par des bougies comme tous les salons du
monde qui ne le sont point au moyen de quinquets ou de gaz hydro-
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Ohne Titel
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
H 531-1 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Junge Frau <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La caricature, 10-61.1831, S. 75
 
Annotationen