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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

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Numéro 29 (19 Mai 1831) Planches 57,58
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-- Numéro 2 9. °«—-

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Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audicert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. 19.

CASTIGAT RIDENDO MORES.

—-19 mai 1851. --

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’AurruT,
galerie Yéro-Dodat.

MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.

Caricature*.

RESUME DS LA VIE MORALE, POLITIQUE, CIVILE ET MILITAIRE
DE M. MAHIEUX.

Le jeune Maltieux naquit comme tous les humains, c’est-à-dire non
destiné à enrichir la collection des sujets de M. Cuvier, sous le titre
séduisant de monstruosité ; mais bien celle du monarque de France,
sous celui bien plus séduisant de conscrit.

Avec le temps et deux jambes, Maltieux marcha comme un enfant
naturel -, monsieur son père était dans l’admiration. Il éternua, comme
font naturellement tous les enfans, madame sa mère le moucha et as-
sura qu’il deviendrait un grand homme.

Au fait, le petit Mahieux justifiait bien les prévisions paterno-mater-
nelles. Doué d’une imagination ardente, d’une physionomie expres-
sive et d’un germe athlétique de force intérieure, il jurait comme un
Polonais, buvait sec, et savait déjà distinguer les bons mets. Portant
au milieu de ses jeunes contemporains cette riche part d’agrémens
personnels, souvent il excitait parmi eux le désordre, recevait d’eux
force taloches, et rentrait chez lui charmé de sa journée.

Mais comment se fit-il que Mahieux, si bien doté et pronostiqué, ne
fut point conscrit et resta petit homme?

Voici comment cela se fit.

La nature s’étant trompée à son égard, et ayant mis dans sa seule
petite tête de l’imagination pour quatre grandes personnes , l’adoles-
cence de Mahieux devait être un prodige. Elle fut prodigieuse. A
quinze ans, il avait déjà dévoré tous les romans à émotions, il possé-
dait la passion sur le bout du doigt et connaissait la théorie de 1 hu-
manité par principes. Il voulait donc se marier, mais il n’était pas
majeur-, faire partager à une autre individualité ce superflu d’imagi-
native qui lui brouillait la cervelle. — C’est ici que se développe la vie
physique de M. Mahieux.

Dans ses rêves de théorie sentimentale appliquée à l’espèce humaine,
il avait déifié celte moitié si gracieuse de la nature charmeresse.... le
sexe. Il ne pouvait croire à ces consolations faciles prodiguées dans la

belle littérature. Pour lui chaque femme était une déesse. Impossible
donc de profaner des divinités.

De là, désespoir moral et catastrophe physique en la personne de
Mahieux.

Ne pouvant confier à nul être le mal qui le dévorait, parce que les
papas et mamans ne se chargent pas ordinairement de ces sortes de
choses, il renferma tout dans son âme. A compter de ce jour-là, cette
âme surchargée gonfla à vue d’œil, déborda dans les régions verté-
brales, les franchit, et fut la seule âme qui jusque-là eût pris l’aspect
d’une citrouille. Pendant ce temps, les jambes de Mahieux, qui n’a-
vaient pas d’affections morales, grandissaient dans la proportion don-
née pour un cœur bien portant. •—Voilà le prodige.

D’après ce renversement des conditions reçues, sans doute le pau-
vre jeune homme devait finir par éclater incessamment. Son imagina-
tion quadruple le sauva.

Par une belle matinée d’automne, où le gonflement progressif
commençait à gêner sa respiration, Mahieux fit ce raisonnement ja-
culatoire.

« Tout a une gradation. J étais nabot, je suis un bel homme. C’est un
fait. La Divinité a aussi ses degrés, témoin le paganisme en variations.
C’est un autre fait. 11 n’y a que la religion catholique, apostolique et ro-
maine qui n’en ait pas-, mais ceci est une trilogie, c’est romantique,
passons. Une duchesse est une déesse par cela seul qu’elle est femme;
mais elle doit cependant avoir quelques quartiers de déité de plus
qu’une simple ravaudeuse. Alors celle-ci n’est donc qu’une demi-
déesse. C’est probable. Mon père a une jolie vachère ; celle-là ne doit
être qu’un quart de déesse. Si moi, jeune et intéressant Mahieux,
j’essaie auprès d’elle de mettre en pratique des théories fallacieuses et
profanes, la valeur de mon sacrilège ne sera après tout que d’un
quarteron. C’est clair. Eh bien, je veux que l’arc-en-ciel me serve de
cravate si avant la fin du jour je n’ai pas réduit le sentiment de l’ado-
ration à la simple expression des quatre règles!... »

Le soir, M. Mahieux père avait perdu deux vaches, quatre mou-
tons et une chèvre. Le lendemain, monsieur son fils partit pour la
capitale.

Ici commence la vie civile et politique de M. Mahieux. Elle ne nous
appartient plus : la postérité la réclame.

Avec les qualités que nous lui connaissons, d ne pouvait tarder à
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