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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

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Numéro 35 (30 Juin 1831) Planches 69,70
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https://doi.org/10.11588/diglit.13564#0153

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h> Numéro 55. «



Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. 19.

CASTIGAT RIDENDO MORES,

50 juin 1851.

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures. d’AnElîtiT,
galerie Véro-Dodat.

*

MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.

Caricaturer.

UN VIGNERON GARDE NATIONAL.

Il voyait dans la garde nationale, non-seulement une garantie
contre les troubles intérieurs et les attaques de l’étranger, mais un
moyen de rapprochement, de bonne harmonie, de confraternité entre
toutes les classes. 11 parlait toujours avec plaisir des soirées du corps-
de-garde, où le chef de vignes, l’ouvrier, le propriétaire, le docteur,
le notaire, oubliant sous le fourniment civique la différence de for-
tune et d’opinion, apportait le tribut de sa gaîté ou de sa philosophie.
Dans ces réunions tout le monde trouvait à gagner. Le forgeron en-
fumé prêtait une oreille attentive à la conversation savante, et le sa-
vant s’instruisait des procédés de l’enclume beaucoup mieux qu’il ne
l’eût fait par la lecture du i8me livre de XIliade ou du Manuel du

Maréchal.

Le tailleur, devenu le collègue d’un élégant beau-fils, se promet-
tait de ne lui voler qu’un quart de drap, et de soigner en conscience
l’habit dont il avait reçu la commande, en devisant côte à côte sur le

lit de camp.

Le banquier saluait gracieusement son boucher, devenu son ser-
gent, et le brave sous-officier aurait découpé comme un mouton le
premier qui aurait avancé que son beau-frère d’armes prêtait à

usure.

M. Cristophe lui-même se serait fait scrupule de mettre une goutte
d’eau dans la barrique de vin destinée au dernier de la compagnie.
Son officier était toujours sûr d’avoir du meilleur.

Aussi personne n’osait-il marchander avec un si digne homme,
chasseur et volontaire, car M. Christophe, exempt du service per-
sonnel, s’était engagé par pur zèle et à la seule condition qu’on ne
l’obligerait pas à porter des moustaches, parce que cela déplaisait à
Mme Cristophe et faisait peur à son petit dernier. Ce généreux dévoue-
ment lui avait valu l’honneur d’être fait caporal sur le champ de ba-
taille, '— c’est-à-dire dans la grande salle de la mairie.

Cependant, tout en faisant son service avec l’exactitude désirable,
il y avait certain point sur lequel il n’était jamais d’accord avec ses
compagnons de guerre; par exemple, il ne voulait pas qu’on arrêtât
les ivrognes, prétendant qu’ils étaient utiles au trésor, à l’agriculture,
à l’amélioration des produits : aussi, lorsque malgré ses observations
on en mettait un au violon, se croyait-il obligé d’aller l’exhorter, le
consoler, et il ne le quittait pas qu’il ne fût endormi. Le lendemain
matin il empêchait qu’on ne le portât au rapport, et avant de le mettre
dehors, il avait soin de le faire frotter, brosser et bouchonner par le
tambour, afin qu’il ne fût pas trop grondé par sa femme. Si cette pré-
caution ne le rassurait pas, il le faisait escorter par quelque brave en
état de lui prêter main-forte en cas d’attaque.

Un autre sujet de discussion, c’est qu’il arrivait ordinairement au
corps-de-garde avec son parapluie qu’il ne quittait pas, même en pa-
trouille, quand le temps menaçait, et qu’il ajustait parfois au canon
de son fusil, au grand mécontentement du porte-drapeau. Il n’était
pas non plus très-sévère sur la tenue; il ne voulait jamais boutonner
son habit, prétendant que cela l’empêchait de prendre sa tabatière
dans la poche de son gilet; il mettait sa giberne indistinctement à
droite ou à gauche, et la visière de son schako en avant ou en arrière,
selon que le vent tournait ; il voulait aussi garder à l’exercice d’hiver,
ses claques et ses gants fourrés, de façon qu’il ne pouvait jamais ni
marcher au pas ni attraper la sous-garde.

Je ne parle pas du chien, car il n’y en avait pas.

Du reste, il tenait beaucoup à la discipline, et il voyait avec plaisir
promulguer les articles qui ôtaient aux soldats le droit d’envoyer pro-
mener les officiers, faculté que n’avaient pas ces derniers à l’égard
des soldats.

Mais M. Cristophe regardait comme un vice radical dans l’organi-
sation du corps, l’emploi que l’on faisait de ladite garde pour balayer
les rues, c’est-à-dire ramasser les vagabons, surveiller les bouchons,
protéger les filles, ■—- bref, assurer la paix des mauvais lieux, fonc-
tions qui notaient rien moins qu’héroïques ou nationales, et qui au-
raient glacé le patriotisme de Brutus lui-même.

Tel s’expose à un coup de canon qui reculera devant un coup de
bouteille; on se fait tuer pour rien , mais non cracher à la figure, —*
et Curtius ne se serait pas dévoué s’il avait fallu mourir pendu.

Qu’on oppose la garde nationale aux invasions, aux émeutes, aux
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