Nüméro 22. *
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibeiit, Rédacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière, n. a5.
POLITIQUE, MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
Caricatures.
MARTYRE DE SANCTI SEBASTIANI.
.En ce temps-là (l'an 83i après J.-C.) vivait aussi
St-Sebastianus, patron des tonneliers. Il était natif de File de Corsia,
et descendait en droite ligne de Jupiter I". La jeunesse de ce grand
saint fut toute profane. Il sacrifia à Baal et fut un des serviteurs de
l’empire qui bouleversa le monde au commencement du 8e siècle. Ce
ne fut même que quinze ans après la chute d’Attila qu’il se convertit.
Enfin, ce jour attendu par les anges arriva, le ciel s’en réjouit, et la
terre en fut émue ; l’église persécutée releva son front courbé dans la
poussière, l’infâme liberté, prête à envahir le monde, s’arrêta sur-
prise et enchaînée, le fils de Saint-Louis, chassé de son domaine, ap-
plaudit à cette miraculeuse conversion ; mais elle était le terme des
félicités terrestre du Saint, qui fut dès lors en butte aux persécutions
des Gentils, que ne désarmaient jamais la simplicité de mœurs, la
modestie et l’affabilité de St-Sebastianus. Il fut traduit devant un tri-
bunal , appelée l’opinion, qui le jugea et le condamna. Quelques au-
teurs disent qu’il fut livré aux bêles, mais le contraire est prouvé par
une histoire de ce temps, écrite par un moine nommé Audibertus,
qui nous apprend qu’il fut tué à coups de flèches par deux bourreaux
qui le firent souffrir bien long-temps. Le même auteur affirme qu’un
ange, appelé Caricature-, descendit du ciel pendant le supplice du
martyr, et tint une couronne élevée sur sa tête.
On conserve dans l’église de St-Dupin les reliques de St-Sebastianus ;
elles se composent de ses gants jaunes et de son bouquet de violettes ;
elles préservent de la guerre.
ORAISOIV.
Grand Saint qui supportâtes long-temps les flèches de l’impiété,
donnez-nous votre patience, votre résignation aux croix de ce monde,
préservez-nous toujours, comme vous le fîtes pendant votre vie, des
malheurs de la liberté et de l’amitié de nos voisins. Amen !
H8BB— -
ENCORE LES EDLLES DE SAVON.
Oh ! le bon temps pour la caricature que le temps présent! et com-
bien nous devons être fiers, nous qui vingt fois avons joué notre tête
pour amener cet âge d’or!
Voyez ce ministère armé jusqu’aux dents se traîner dans la boue
pour obtenir la paix -, cette chambre en décrépitude allaitant un gou-
vernement fœtus; ce peuple bâillonné, rançonné, ruiné, hébété, qui
repousse du pied des croix qu’on lui jette, comme naguère on lui
jetait des saucissons ; cette police qui va chercher des conspirateurs
en nourrice, quand des bandes vendéennes infestent les grandes
routes; cette diplomatie trichant avec toutes les nations et ne gagnant
jamais que la honte!
Ces lois qui se croisent, se heurtent, se battent, et broyent dans
leur conflit les intérêts, la liberté et la vie des citoyens.
Ces beaux, ces grands principes généraux qui, distillés, décom-
posés, analysés par le pouvoir, nous donnent toujours, pour résultat,
l’impôt et la prison.
Et ce pouvoir, frappant à tour de bras sur ceux qui Font créé, les
jetant dans des basses-fosses, et pensionnant, caressant ses plus cruels
ennemis.
Voyez-le se laissant cracher au visage par des princilions, se lais-
sant menacer, et il a cinq cent mille bons soldats. Voyez! on le brave
au midi, on le pille à Fest, on conspire en pleine église sous ses yeux :
il craint la haine de quelques voisins; l’amitié des autres lui fait
peur. Les grands rouages de la machine constitutionnelle craquent,
et le malheureux ne sachant où donner de la tête, s’en prend à
Dieu, au diable, à tout le monde qui n’en peut mais; il se rue sur
des journaux, sur des brochures, sur des images, et chaque jour
le public qui attend avec impatience et inquiétude un acte décisif,
la nouvelle d’un parti pris, d’une guerre qui finisse cette indécision
si fatale au commerce, chaque jour le public apprend , quoi ?.
la ion,e saisie de la Tribune, celle de la Révolution, celle du Figaro,
la ioome découverte d’une conspiration, ou. à l’école mutuelle,
l’arrestation de quelques patriotes, ou le procès fait à une carica-
turé.
Hé bien, aujourd’hui, nos abonnés auront leur nouvelle comme
tout le monde ; les bulles de savon ont été saisies de nouveau ; la
chambre de mise en accusation avait rendu une ordonnance de
non lieu , motivée sur un vice de forme, mais cette décision ne nous
satisfaisait pas, nous voulions avoir l’honneur de constater les pre->
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibeiit, Rédacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière, n. a5.
POLITIQUE, MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
Caricatures.
MARTYRE DE SANCTI SEBASTIANI.
.En ce temps-là (l'an 83i après J.-C.) vivait aussi
St-Sebastianus, patron des tonneliers. Il était natif de File de Corsia,
et descendait en droite ligne de Jupiter I". La jeunesse de ce grand
saint fut toute profane. Il sacrifia à Baal et fut un des serviteurs de
l’empire qui bouleversa le monde au commencement du 8e siècle. Ce
ne fut même que quinze ans après la chute d’Attila qu’il se convertit.
Enfin, ce jour attendu par les anges arriva, le ciel s’en réjouit, et la
terre en fut émue ; l’église persécutée releva son front courbé dans la
poussière, l’infâme liberté, prête à envahir le monde, s’arrêta sur-
prise et enchaînée, le fils de Saint-Louis, chassé de son domaine, ap-
plaudit à cette miraculeuse conversion ; mais elle était le terme des
félicités terrestre du Saint, qui fut dès lors en butte aux persécutions
des Gentils, que ne désarmaient jamais la simplicité de mœurs, la
modestie et l’affabilité de St-Sebastianus. Il fut traduit devant un tri-
bunal , appelée l’opinion, qui le jugea et le condamna. Quelques au-
teurs disent qu’il fut livré aux bêles, mais le contraire est prouvé par
une histoire de ce temps, écrite par un moine nommé Audibertus,
qui nous apprend qu’il fut tué à coups de flèches par deux bourreaux
qui le firent souffrir bien long-temps. Le même auteur affirme qu’un
ange, appelé Caricature-, descendit du ciel pendant le supplice du
martyr, et tint une couronne élevée sur sa tête.
On conserve dans l’église de St-Dupin les reliques de St-Sebastianus ;
elles se composent de ses gants jaunes et de son bouquet de violettes ;
elles préservent de la guerre.
ORAISOIV.
Grand Saint qui supportâtes long-temps les flèches de l’impiété,
donnez-nous votre patience, votre résignation aux croix de ce monde,
préservez-nous toujours, comme vous le fîtes pendant votre vie, des
malheurs de la liberté et de l’amitié de nos voisins. Amen !
H8BB— -
ENCORE LES EDLLES DE SAVON.
Oh ! le bon temps pour la caricature que le temps présent! et com-
bien nous devons être fiers, nous qui vingt fois avons joué notre tête
pour amener cet âge d’or!
Voyez ce ministère armé jusqu’aux dents se traîner dans la boue
pour obtenir la paix -, cette chambre en décrépitude allaitant un gou-
vernement fœtus; ce peuple bâillonné, rançonné, ruiné, hébété, qui
repousse du pied des croix qu’on lui jette, comme naguère on lui
jetait des saucissons ; cette police qui va chercher des conspirateurs
en nourrice, quand des bandes vendéennes infestent les grandes
routes; cette diplomatie trichant avec toutes les nations et ne gagnant
jamais que la honte!
Ces lois qui se croisent, se heurtent, se battent, et broyent dans
leur conflit les intérêts, la liberté et la vie des citoyens.
Ces beaux, ces grands principes généraux qui, distillés, décom-
posés, analysés par le pouvoir, nous donnent toujours, pour résultat,
l’impôt et la prison.
Et ce pouvoir, frappant à tour de bras sur ceux qui Font créé, les
jetant dans des basses-fosses, et pensionnant, caressant ses plus cruels
ennemis.
Voyez-le se laissant cracher au visage par des princilions, se lais-
sant menacer, et il a cinq cent mille bons soldats. Voyez! on le brave
au midi, on le pille à Fest, on conspire en pleine église sous ses yeux :
il craint la haine de quelques voisins; l’amitié des autres lui fait
peur. Les grands rouages de la machine constitutionnelle craquent,
et le malheureux ne sachant où donner de la tête, s’en prend à
Dieu, au diable, à tout le monde qui n’en peut mais; il se rue sur
des journaux, sur des brochures, sur des images, et chaque jour
le public qui attend avec impatience et inquiétude un acte décisif,
la nouvelle d’un parti pris, d’une guerre qui finisse cette indécision
si fatale au commerce, chaque jour le public apprend , quoi ?.
la ion,e saisie de la Tribune, celle de la Révolution, celle du Figaro,
la ioome découverte d’une conspiration, ou. à l’école mutuelle,
l’arrestation de quelques patriotes, ou le procès fait à une carica-
turé.
Hé bien, aujourd’hui, nos abonnés auront leur nouvelle comme
tout le monde ; les bulles de savon ont été saisies de nouveau ; la
chambre de mise en accusation avait rendu une ordonnance de
non lieu , motivée sur un vice de forme, mais cette décision ne nous
satisfaisait pas, nous voulions avoir l’honneur de constater les pre->