m> Numéro 18.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. A. À en nie rt, Re'dacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière , n. 25.
5 MARS 1851
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’.Vi/uwvi ,
galerie Ve'ro-Dodat.
POLITIQUE , MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET
SCENIQUE.
Caricaturer.
w s cmïiî'is-TvDi a si trit ila mibimîê*
Voilà où conduisent les passions et les pommes de terre! deux sortes d'iierhes
qui embarrassent beaucoup nos Gâtons économiques.
D. Juan. — Lord Byron.
Midi trois quarts sonnaient à l’horloge de l’Hôtel-de-Ville.
— « Allons, se dit le Commis-Voyageur, à l’âme noble et aux senti mens généreux, —• toutes choses fort inutiles pour le commerce des vins
ou des soieries, — allons faire la place pour le compte de la liberté! L’échantillon est rare; il n’en est que plus précieux. Le chaland est timide ;
mais il finira par se laisser séduire. Il est vrai, pensa-t-il, que la contrebande deviendra nécessaire, et que le douanier, animal naturellement
féroce , rendra la violence indispensable... » Eh bien , on mettra le douanier à la raison — ou à la retraite — et tout sera dit.
« En avant !»
Il se défit de tous ses matériaux de séduction vulgaire au profit de la nouvelle maîtresse qu’il venait de choisir, puis s’embarqua pour les Etats-
Unis avec l’expédition Lafayelte.
Dire tous les pays que parcourut notre Commis-Voyageur, partout offrant son échantillon, que partout il appuyait de sa parole convainquante
ou de son geste persuasif, suivant les circonstances ou les localités ce serait chose difficile et tant soit peu monotone. Mais un état consciencieux
qu’il a dressé lui-même de ses profits et pertes, pendant cette période de son existence commerciale, donne la mesure des travaux de cet amant
herculéen de la liberté.
PERTES. PROFITS.
Au Siège de Torstown, aux États-Unis.
Perte : Une jambe très-bien faite. Profit : Un coup de baïonnette dans l’estomac.
A la Prise de la Bastille, à Paris.
Perte : Un œil crevé par la pique d'un patriote maladroit. Profit : Un coup de sabre au travers du visage.
A la Bataille de Jemmappes.
Perte : La moustache droite emportée par un boulet. Profit : Un fusil d’honneur.
Guerre de VIndépendance américaine.
Perte : Un bras. Profit : Une ruade lancée par le cheval du général Bolivar.
En Espagne : Conspiration en faveur de la Constitution.
Perte : 5,ooo francs d’économies. Profit : Trois années de cachot.
En juillet i83o : Pour avoir regardé si on prenait le Louvre aussi bien que, jadis, la Bastille.
Perte : Le nez abattu d’un coup de pistolet. Profit : Paroles affables de la reine des Français.
A Anvers.
Perte : Trois côtes enfoncées par un éclat de bombe. Profit ; Licenciement du bataillon parisien.
Dernièrement, l’infatigable Commis-Voyageur de la liberté, voulant réparer, pour sa part, la paralysie philanthropique de M. Sébastiani, s’est
rendu au comité polonais pour offrir à la cause sa bonne jambe, son œil gauche et son bras droit.
Mais on lui a répondu que, dans la crainte que son individu mutilé ne fût confisqué par la Prusse, la cause se contenterait d’un léger don
pécuniaire.
Notre moitié de patriote s’empressa de donner à l’instant un écu, enchanté qu’on soit parvenu à faire du patriotisme par souscription.
Aussi, à chaque nouvelle d’une insurrection étrangère, il rit de son bon œil, danse sur sa bonne jambe, applaudit de son bras droit, et retire
un écu de son héritage patrimonial. Alfred Çoudreux.
6*9
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. A. À en nie rt, Re'dacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière , n. 25.
5 MARS 1851
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’.Vi/uwvi ,
galerie Ve'ro-Dodat.
POLITIQUE , MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET
SCENIQUE.
Caricaturer.
w s cmïiî'is-TvDi a si trit ila mibimîê*
Voilà où conduisent les passions et les pommes de terre! deux sortes d'iierhes
qui embarrassent beaucoup nos Gâtons économiques.
D. Juan. — Lord Byron.
Midi trois quarts sonnaient à l’horloge de l’Hôtel-de-Ville.
— « Allons, se dit le Commis-Voyageur, à l’âme noble et aux senti mens généreux, —• toutes choses fort inutiles pour le commerce des vins
ou des soieries, — allons faire la place pour le compte de la liberté! L’échantillon est rare; il n’en est que plus précieux. Le chaland est timide ;
mais il finira par se laisser séduire. Il est vrai, pensa-t-il, que la contrebande deviendra nécessaire, et que le douanier, animal naturellement
féroce , rendra la violence indispensable... » Eh bien , on mettra le douanier à la raison — ou à la retraite — et tout sera dit.
« En avant !»
Il se défit de tous ses matériaux de séduction vulgaire au profit de la nouvelle maîtresse qu’il venait de choisir, puis s’embarqua pour les Etats-
Unis avec l’expédition Lafayelte.
Dire tous les pays que parcourut notre Commis-Voyageur, partout offrant son échantillon, que partout il appuyait de sa parole convainquante
ou de son geste persuasif, suivant les circonstances ou les localités ce serait chose difficile et tant soit peu monotone. Mais un état consciencieux
qu’il a dressé lui-même de ses profits et pertes, pendant cette période de son existence commerciale, donne la mesure des travaux de cet amant
herculéen de la liberté.
PERTES. PROFITS.
Au Siège de Torstown, aux États-Unis.
Perte : Une jambe très-bien faite. Profit : Un coup de baïonnette dans l’estomac.
A la Prise de la Bastille, à Paris.
Perte : Un œil crevé par la pique d'un patriote maladroit. Profit : Un coup de sabre au travers du visage.
A la Bataille de Jemmappes.
Perte : La moustache droite emportée par un boulet. Profit : Un fusil d’honneur.
Guerre de VIndépendance américaine.
Perte : Un bras. Profit : Une ruade lancée par le cheval du général Bolivar.
En Espagne : Conspiration en faveur de la Constitution.
Perte : 5,ooo francs d’économies. Profit : Trois années de cachot.
En juillet i83o : Pour avoir regardé si on prenait le Louvre aussi bien que, jadis, la Bastille.
Perte : Le nez abattu d’un coup de pistolet. Profit : Paroles affables de la reine des Français.
A Anvers.
Perte : Trois côtes enfoncées par un éclat de bombe. Profit ; Licenciement du bataillon parisien.
Dernièrement, l’infatigable Commis-Voyageur de la liberté, voulant réparer, pour sa part, la paralysie philanthropique de M. Sébastiani, s’est
rendu au comité polonais pour offrir à la cause sa bonne jambe, son œil gauche et son bras droit.
Mais on lui a répondu que, dans la crainte que son individu mutilé ne fût confisqué par la Prusse, la cause se contenterait d’un léger don
pécuniaire.
Notre moitié de patriote s’empressa de donner à l’instant un écu, enchanté qu’on soit parvenu à faire du patriotisme par souscription.
Aussi, à chaque nouvelle d’une insurrection étrangère, il rit de son bon œil, danse sur sa bonne jambe, applaudit de son bras droit, et retire
un écu de son héritage patrimonial. Alfred Çoudreux.
6*9