——» Numéro 52. ———
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnovers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Ve'ro-Dodnt,
C ASTIGAT RIDENDO MORES.
9 juin 1831
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Vcro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubert.
MORALE, RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AViS IMPORTANT.
Nombre de fois déjà les éditeurs de LA. Caricature se sont trouvés
dans Timpossibilité de fournir aux demandes de l'entière collection de
ce recueil, à cause de l’épuisement des numéros du Ier semestre. Dé-
cidés par ce motif à faire faire un nouveau tirage , les éditeurs de la
Caricature prient les personnes qui voudraient se procurer cette se-
conde édition de faire parvenir leur demande avant le 10 juin, le
chiffre des souscriptions à cette époque devant fixer irrévocablement
celui des exemplaires à réimprimer.
Caricatures*.
ORDRE PUBLIC.
GALONS, ÉPAULETTES , QUASI-ÉPAULETTES , GRAINES d’ÉPINARDS ET AUTRES.
Est-ce fini? — Non, pas encore, nous en sommes à la nominatMÉi
de nos officiers supérieurs. •—Croyez-vous que ce soit un peu passaf|«>
cette fois ? — Passable , dites donc admirable , monsieur : la repuâi-
que est enfoncée, elle n’a qu’à bien tenir son bonnet : nous aurons
tous officiers du Juste-milieu. — Merci, épicier. — Monsieur, vous
m’insultez , je suis apothicaire. — Oh ! alors je ne m’étonne plus de
votre amour pour le gouvernement hydraulique de Casimir Pompier.
— Vous êtes un anarchiste. — Taisez-vous, vieux bêta. — Buveur
de sang, bonapartiste, carliste, lienriquinquiste. —Au revoir, clyssoir
incarné.
Qu’avais-tu donc, là bas, avec cette espece de bonnet de coton ?•—
Une dispute , à propos d’ordre public— Eh mais, tu n’as plus tes ga-
lons de sergent, toi. — Non, j’avais eu l’imprudence de saluer, l’au-
tre jour , le général Lamarquc. — Tu m’en diras tant. — D’ailleurs,
dans ma compagnie , tout s’est arrangé à l’amiable : ils ont nommé
capitaine le propriétaire d’un riche hôtel garni .-celui-ci une fois maî-
tre de la double épaulette blanche a fait adjuger successivement les
autres à ses officiers de bouche : son chef de cuisine est sous-lieute-
nant, son aide, sergent-major, son rôtisseur sergent, son marmiton,
fourrier , et son portier caporal. — Je conçois , le tout honoré de la
confiance de messieurs les boutiquiers-gardes-nationaux qui veulent
bien fournir des voix à condition qu’ils fourniront aussi ledit hôtel de
L—, de tout ce qui se vend et s’achète , comme les voix à une élec-
tion.—Et dans ton quartier?—On avait proposé , ce matin, de chan-
ger le colonel, mais de graves objections se sont élevées contre le choix
du candidat proposé à la place de notre chef de légion. — Comment,
messieurs, a d’abord dit un petit monsieur à lunettes passablement
statu-quo de sa nature , vous voulez nommer pour colonel le général
M., mais pensez donc que c’est un diable qui serait dans le cas de
nous mobiliser en cas de guerre. — D’ailleurs, il aime les Polonais :
— 11 plaint les Italiens. — Il soutient les Belges. — Il a signé l’asso-
ciation. — Je l’ai vu à l’enterrement de Grégoire, et Thibaudeau lui
a serré la main. — Mais pourtant, messieurs , il commande parfaite-
ment , et avant tout.... •— Avant tout, il faut n’êlre rien en politique,
pour être quelque chose chez nous. — C’est juste , c’est juste, bravo !
— Je volerai pour lui. — Et moi contre. — Tant pis pour vous. _
Monsieur", permettez-moi de vous dire... ce que je ne veux pas vous
dire. —Je vous entends, monsieur : vous pouvez vous dispenser
désormais de m’apporter des bottes. — Vous pouvez vendre vos cha-
peaux à d’autres. — Mes amis , mes chers compatriotes, la paix, pour
Dieu, la paix à tout prix : écoutez la voix d’un employé, d’un honnête
vérificateur, qui a été sergent-major sous tous les régimes.—Le mon-
sieur qui préludait ainsi pour ramener le calme et empêcher l’anar-
chie de pénétrer dans les boutiques, était un individu fort propre de
sa personne , habituellement en uniforme , les mains blanches , le
teint rose et blanc, légèrement verni , et toute sa structure tellement
rapprochée de son costume militaire qu’on l’aurait cru attaché avec
des clous dépinglés : Mes chers amis et chers compatriotes, reprit-il
après une pose et une prise de tabac parfumé , je respecte toutes les
opinions , et je me garderai bien de condamner celles de personne ,
mais j’espère donner à l’assemblée une raison péremptoire qui vous
déterminera à vous prononcer pour la négative, dans la question qui
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnovers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Ve'ro-Dodnt,
C ASTIGAT RIDENDO MORES.
9 juin 1831
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Vcro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubert.
MORALE, RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AViS IMPORTANT.
Nombre de fois déjà les éditeurs de LA. Caricature se sont trouvés
dans Timpossibilité de fournir aux demandes de l'entière collection de
ce recueil, à cause de l’épuisement des numéros du Ier semestre. Dé-
cidés par ce motif à faire faire un nouveau tirage , les éditeurs de la
Caricature prient les personnes qui voudraient se procurer cette se-
conde édition de faire parvenir leur demande avant le 10 juin, le
chiffre des souscriptions à cette époque devant fixer irrévocablement
celui des exemplaires à réimprimer.
Caricatures*.
ORDRE PUBLIC.
GALONS, ÉPAULETTES , QUASI-ÉPAULETTES , GRAINES d’ÉPINARDS ET AUTRES.
Est-ce fini? — Non, pas encore, nous en sommes à la nominatMÉi
de nos officiers supérieurs. •—Croyez-vous que ce soit un peu passaf|«>
cette fois ? — Passable , dites donc admirable , monsieur : la repuâi-
que est enfoncée, elle n’a qu’à bien tenir son bonnet : nous aurons
tous officiers du Juste-milieu. — Merci, épicier. — Monsieur, vous
m’insultez , je suis apothicaire. — Oh ! alors je ne m’étonne plus de
votre amour pour le gouvernement hydraulique de Casimir Pompier.
— Vous êtes un anarchiste. — Taisez-vous, vieux bêta. — Buveur
de sang, bonapartiste, carliste, lienriquinquiste. —Au revoir, clyssoir
incarné.
Qu’avais-tu donc, là bas, avec cette espece de bonnet de coton ?•—
Une dispute , à propos d’ordre public— Eh mais, tu n’as plus tes ga-
lons de sergent, toi. — Non, j’avais eu l’imprudence de saluer, l’au-
tre jour , le général Lamarquc. — Tu m’en diras tant. — D’ailleurs,
dans ma compagnie , tout s’est arrangé à l’amiable : ils ont nommé
capitaine le propriétaire d’un riche hôtel garni .-celui-ci une fois maî-
tre de la double épaulette blanche a fait adjuger successivement les
autres à ses officiers de bouche : son chef de cuisine est sous-lieute-
nant, son aide, sergent-major, son rôtisseur sergent, son marmiton,
fourrier , et son portier caporal. — Je conçois , le tout honoré de la
confiance de messieurs les boutiquiers-gardes-nationaux qui veulent
bien fournir des voix à condition qu’ils fourniront aussi ledit hôtel de
L—, de tout ce qui se vend et s’achète , comme les voix à une élec-
tion.—Et dans ton quartier?—On avait proposé , ce matin, de chan-
ger le colonel, mais de graves objections se sont élevées contre le choix
du candidat proposé à la place de notre chef de légion. — Comment,
messieurs, a d’abord dit un petit monsieur à lunettes passablement
statu-quo de sa nature , vous voulez nommer pour colonel le général
M., mais pensez donc que c’est un diable qui serait dans le cas de
nous mobiliser en cas de guerre. — D’ailleurs, il aime les Polonais :
— 11 plaint les Italiens. — Il soutient les Belges. — Il a signé l’asso-
ciation. — Je l’ai vu à l’enterrement de Grégoire, et Thibaudeau lui
a serré la main. — Mais pourtant, messieurs , il commande parfaite-
ment , et avant tout.... •— Avant tout, il faut n’êlre rien en politique,
pour être quelque chose chez nous. — C’est juste , c’est juste, bravo !
— Je volerai pour lui. — Et moi contre. — Tant pis pour vous. _
Monsieur", permettez-moi de vous dire... ce que je ne veux pas vous
dire. —Je vous entends, monsieur : vous pouvez vous dispenser
désormais de m’apporter des bottes. — Vous pouvez vendre vos cha-
peaux à d’autres. — Mes amis , mes chers compatriotes, la paix, pour
Dieu, la paix à tout prix : écoutez la voix d’un employé, d’un honnête
vérificateur, qui a été sergent-major sous tous les régimes.—Le mon-
sieur qui préludait ainsi pour ramener le calme et empêcher l’anar-
chie de pénétrer dans les boutiques, était un individu fort propre de
sa personne , habituellement en uniforme , les mains blanches , le
teint rose et blanc, légèrement verni , et toute sa structure tellement
rapprochée de son costume militaire qu’on l’aurait cru attaché avec
des clous dépinglés : Mes chers amis et chers compatriotes, reprit-il
après une pose et une prise de tabac parfumé , je respecte toutes les
opinions , et je me garderai bien de condamner celles de personne ,
mais j’espère donner à l’assemblée une raison péremptoire qui vous
déterminera à vous prononcer pour la négative, dans la question qui