Numér© 52.
Tout cc qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibekt, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. 19.
CASTÏGAT RIDENDO MORES.
--27 OCTOBRE 1851 -
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, chez M. Aubert, au grand Ma-
gasin de Caricatures, galerie Vcro-Dodat.
MORALE, RELIGIEUSE «, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AVIS.
Ceux de noi abonnés dont la souscription expire à la fin d’octobre ,
et qui n ont pas ehbore renouvelé, sont invités à le faire sans délai, en
nous indiquant les cliangëméns d'adresses, s’il y a lieu.
Le moyen le plus certain d’éviter les retards et les erreurs, c’est
d’adresser directement d M. Ae'bèut, galerie Véro-Dodat, le montant
de la souscription par un bon sur la Poste ou sur une Maison de Paris.
L’on trouvera chez M. Aubert tous les anciens numéros de la Caricature au prix ordi-
naire de l’abonnement, jusqu'au ie* janvier iS32. A cette époque, le prix des 52 premiers
numéros sera doublé.
NOUVEAU PROCÈS.
Vous recevez deux ou trois journaux politiques, vous avez besoin
d’une compensation distractive, vous vous abonnez à la Caricature.
Ou bien, fatigué de la politique , ce cboléra-morbus de l’intelligence,
vous repoussez toute feuille officielle , vous faites même à votre portier
cadeau du restant de votre abonnement, et vous prenez la Carica-
ture, le tout par inclination anti-politique, et à l'effet de rire au lieu
de maugréer..... Eh bien! autre erreur! Vous riez bien et ne mau-
gréez pas; mais vous faites un cours de politique. Vous lisez le Na-
tional et le Courrier Français sur papier jaune ! C’est M. le procureur
du Roi-Citoyen qui l’assure, et, d’après ce considérant, réclame à
la Caricature un cautionnement.
Déjà, dans le temps , nous avons instruit nos lecteurs de cette de-
mande confidentielle, en annonçant notre intention de laisser aux tri-
bunaux le soin de statuer sur le caractère de notre Journal, curieux
de nous voir, par jugement, déclarés aussi graves, aussi sérieux et
aussi lourds dans la balance politique, que nos confrères du grand
format. A cet effet, nous avons comparu, mardi dernier, devant la
septième chambre de police correctionnelle, appuyé du talent de
notre ami Me Etienne Blanc. Mais là, dix heures quarante-huit mi-
nutes sonnant, M. le procureur du Roi a demandé remise de l’affaire
pour cause d’enrouement; et, bien qu’un pareil motif eût pu passer
encore pour une allusion parlementaire, le tribunal nous a renvoyé
au 4 novembre.
CancatMTô.
ESSAS D'UN REMEDE CONTRE ES Cï-KK,EKA-.ftîû-RBÜ3,
Le choléra-morbus était à barrière de Pcsth en Hongrie, qui mar-
chait de son pas sanglant, la faux en main et la tête haute, sans que
les commis de l’octroi lui courussent après, faute d’avoir subi les vi-
sites de formalité.
Puis, devant le fléau, bondissait la terreur vagabonde, la terreur
aux yeux hagards, aux mains suppliantes, aux crisdéchirans. Car, si
l’on en mourrait, il y aurait à devenir fou de se trouver ainsi happé
sans rime ni raison, par cette main brutale, faisant tout à coup rendre
compte de la vie, à vous, petite et heureuse fille, à vous, homme jeune
et avide de jours, comme si jamais on songeait à pareille chose avant
d’être brisé par les revers, ou affaibli par l’âge.
Aussi était-ce dans Pesth un trouble d’assaut, un sac moral. Ici, les
uiis barricadant leurs maisons pour ne pas ouvrir au cboléra-morbus ;
— là, d’autres fuyant leur logis, pour qu’il ne les rencontrât pas chez
eux ; — à côté, des épicuriens s’emplissant d’eau-de-vie et de liqueurs
fortes, pour ne laisser en eux aucun vide où l’épidémie pût se loger ,
— et, plus loin , quelques pauvres diables assommant des gendarmes,
afin de Se procurer encore une dernière satisfaction.... Mais au milieu
de ces figures décomposées par la terreur, de ces pensées boulever-
sées par l’effroi, un seul sentiment domine tous les autres: celui de
l’égoïsme, première qualité.
Parmi les nouveaux vassaux du seigneur choléra, se trouvait un
primat de Hongrie, lequel ne pouvait se résoudre à mourir comme
un simple particulier. Et cela se conçoit. Qu’un vil prolétaire, perdant
toujours en cc monde, et n’ayant qu’à gagner en l’au(rc, quitte la vie
insouciant, bien ; mais c’est à regret qu’on abandonne, pour l'hypo-
thétique peut-être, une certitude de plaisirs et de délices; et le pri-
mat, cramponné après l’existence, combattait le fléau depuis long-
temps par d’incroyables préservatifs.
Tous les systèmes rêvés sur l’origine du choléra , il les avait suivis ;
toutes les tisanes ou pilules supposées efficaces , il les avaient avalées,-
Tout cc qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibekt, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. 19.
CASTÏGAT RIDENDO MORES.
--27 OCTOBRE 1851 -
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, chez M. Aubert, au grand Ma-
gasin de Caricatures, galerie Vcro-Dodat.
MORALE, RELIGIEUSE «, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AVIS.
Ceux de noi abonnés dont la souscription expire à la fin d’octobre ,
et qui n ont pas ehbore renouvelé, sont invités à le faire sans délai, en
nous indiquant les cliangëméns d'adresses, s’il y a lieu.
Le moyen le plus certain d’éviter les retards et les erreurs, c’est
d’adresser directement d M. Ae'bèut, galerie Véro-Dodat, le montant
de la souscription par un bon sur la Poste ou sur une Maison de Paris.
L’on trouvera chez M. Aubert tous les anciens numéros de la Caricature au prix ordi-
naire de l’abonnement, jusqu'au ie* janvier iS32. A cette époque, le prix des 52 premiers
numéros sera doublé.
NOUVEAU PROCÈS.
Vous recevez deux ou trois journaux politiques, vous avez besoin
d’une compensation distractive, vous vous abonnez à la Caricature.
Ou bien, fatigué de la politique , ce cboléra-morbus de l’intelligence,
vous repoussez toute feuille officielle , vous faites même à votre portier
cadeau du restant de votre abonnement, et vous prenez la Carica-
ture, le tout par inclination anti-politique, et à l'effet de rire au lieu
de maugréer..... Eh bien! autre erreur! Vous riez bien et ne mau-
gréez pas; mais vous faites un cours de politique. Vous lisez le Na-
tional et le Courrier Français sur papier jaune ! C’est M. le procureur
du Roi-Citoyen qui l’assure, et, d’après ce considérant, réclame à
la Caricature un cautionnement.
Déjà, dans le temps , nous avons instruit nos lecteurs de cette de-
mande confidentielle, en annonçant notre intention de laisser aux tri-
bunaux le soin de statuer sur le caractère de notre Journal, curieux
de nous voir, par jugement, déclarés aussi graves, aussi sérieux et
aussi lourds dans la balance politique, que nos confrères du grand
format. A cet effet, nous avons comparu, mardi dernier, devant la
septième chambre de police correctionnelle, appuyé du talent de
notre ami Me Etienne Blanc. Mais là, dix heures quarante-huit mi-
nutes sonnant, M. le procureur du Roi a demandé remise de l’affaire
pour cause d’enrouement; et, bien qu’un pareil motif eût pu passer
encore pour une allusion parlementaire, le tribunal nous a renvoyé
au 4 novembre.
CancatMTô.
ESSAS D'UN REMEDE CONTRE ES Cï-KK,EKA-.ftîû-RBÜ3,
Le choléra-morbus était à barrière de Pcsth en Hongrie, qui mar-
chait de son pas sanglant, la faux en main et la tête haute, sans que
les commis de l’octroi lui courussent après, faute d’avoir subi les vi-
sites de formalité.
Puis, devant le fléau, bondissait la terreur vagabonde, la terreur
aux yeux hagards, aux mains suppliantes, aux crisdéchirans. Car, si
l’on en mourrait, il y aurait à devenir fou de se trouver ainsi happé
sans rime ni raison, par cette main brutale, faisant tout à coup rendre
compte de la vie, à vous, petite et heureuse fille, à vous, homme jeune
et avide de jours, comme si jamais on songeait à pareille chose avant
d’être brisé par les revers, ou affaibli par l’âge.
Aussi était-ce dans Pesth un trouble d’assaut, un sac moral. Ici, les
uiis barricadant leurs maisons pour ne pas ouvrir au cboléra-morbus ;
— là, d’autres fuyant leur logis, pour qu’il ne les rencontrât pas chez
eux ; — à côté, des épicuriens s’emplissant d’eau-de-vie et de liqueurs
fortes, pour ne laisser en eux aucun vide où l’épidémie pût se loger ,
— et, plus loin , quelques pauvres diables assommant des gendarmes,
afin de Se procurer encore une dernière satisfaction.... Mais au milieu
de ces figures décomposées par la terreur, de ces pensées boulever-
sées par l’effroi, un seul sentiment domine tous les autres: celui de
l’égoïsme, première qualité.
Parmi les nouveaux vassaux du seigneur choléra, se trouvait un
primat de Hongrie, lequel ne pouvait se résoudre à mourir comme
un simple particulier. Et cela se conçoit. Qu’un vil prolétaire, perdant
toujours en cc monde, et n’ayant qu’à gagner en l’au(rc, quitte la vie
insouciant, bien ; mais c’est à regret qu’on abandonne, pour l'hypo-
thétique peut-être, une certitude de plaisirs et de délices; et le pri-
mat, cramponné après l’existence, combattait le fléau depuis long-
temps par d’incroyables préservatifs.
Tous les systèmes rêvés sur l’origine du choléra , il les avait suivis ;
toutes les tisanes ou pilules supposées efficaces , il les avaient avalées,-