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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

DOI issue:
Numéro 45 (8 Septembre 1831) Planches 90,91
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.13564#0213

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- ——o Numéro 45 . QfStMmrnm -

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n, ig.

CASTIGAT RIDENDO MORES»

- — 8 SEPTEMBRE 1 8 5 1 ; —

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures cTAubeut,
galerie Véro-Dodat.

MORALE , RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
--. ...

Caricatura.

PROJET DE LOI

SXJR LA CONSTITUTION DE LxV PAIRIE.

Nota. Le projet de loi ci-dessous a etc trouvé dans les papiers historiques d’un doctri-
naire mort à Cliarenton, et que la modération avait rendu fou. Gomme il nous est défendu
de parler politique j nous nous abstiendrons de tout commentaire, et nous prenons le parti
d’en envoyer une copie telle quelle à M. le président du conseil, qui sans doute en fera son
profit.

Considérant :

Qu’il n’y a rien de bête comme le peuple le plus spirituel de l’Eu-
rope ;

Que le peuple le plus spirituel de l’Europe ne veut plus de l'héré-
dité de la pairie, parce que, d’abord, elle ne lui a fait cjue du mal
jusqu’à ce jour, et parce qu’ensuite, il n’y a rien de bête comme un
peuple spirituel ;

Que cependant l’hérédité de la pairie est une excellente chose pour
le peuple 5

Que, sans l’hérédité, il n’y a pour le peuple que catastrophes et
calamités;

Que, sans l’hérédité, le blé pourrira sur pied , la vigne gèlera et les
fleuves déborderont ;

Que, sans l’hérédité, c’est tout au plus si le peuple pourrait manger
du pain sec, caresser sa femme, danser à la Courtille, se soûler le
dimanche et boire de l’eau le restant de la semaine ;

Que l’hérédité, au contraire, lui tiendra chaud aux pieds l’hiver,
et le préserverait de la gale , des punaises et du cholera-morbus;

Considérant enfin que l’hérédité seule peut faire bonheur du

peuple, et que nous avons juré d’adopter toutes les mesures qui peu-
vent amener ce bonheur;

KOUS AVONS PROPOSÉ , LES CHAMBRES ONT ADOPTÉ ET NOUS AVONS ORDON-
NÉ ET ORDONNONS CE QUI SUIT I

ARTICLE UNIQUE dans son genre.

La pairie cesse d’être héréditaire. Elle ne se transmettra plus par la
voie du coït, comme la goutte, la gravelle, les scrofules et une foule
d’autres affections dont le docteur Ducluzeau promet l’extirpation ra-
dicale, sans rien payer quand on en meurt.

Toutefois, les pairs seront nommés à vie par le président da con-
seil , qui s’engage à suppléer les effets du coït en ne nommant à la
pairie que les fils aînés de pair, ou leurs cadets, quand il n’y aura pas
d’aînés, ou, à défaut de cadets et d’aînés, les neveux, cousins, cousi-
neaux, arrière-cousineaux, jusqu’à la cent-huitième génération; ou
enfin, à défaut de ceux-ci, le valet de chambre, le cuisinier ou le
portier du décédé, afin de maintenir le principe de transmission jus-
qu’en ses plus extrêmes conséquences.

Toutefois encore, ne seront admis à siéger dans la chambre haute,
que les candidats qui posséderont une ou plusieurs des qualités sui-
vantes, comme garantie de leur capacité pour la bonne confection
des lois.

i° Etre âgé de six mois, au moins;

20 Savoir monter à cheval, danser la galoppe, et tuer une bécas-
sine à la volée ;

3° Avoir une connaissance approfondie des diverses méthodes de
dresser les chiens courans ;

4° Savoir lire par-dessus et signer son nom ; l’orthographe n’est pas
indispensable ;

5° Être stupide , ou du moins agir tout comme. (IVofa. Celte con-
dition est de rigueur pour tous, car tous sont appelés à discuter les
mesures que nous leur proposerons.)

6° Avoir eu parmi ses aïeux, si l’on est noble , quelque voleur de
grand chemin qui aura été nommé baron chrétien par le monarque
ami de son peuple ;

70 A défaut de noblesse et d’aïeul détrousseur, être banquier ou fils
de banquier, ce qui revient au même; avoir, en ce dernier cas, beau-
coup crié contre la conversion des rentes, et gagné beaucoup en
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