o Numéro 50. «
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. ig.
f.A6T1GAT RIDENDO MOREK.
26 MAI 1851.
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aubert,
galerie Vcro-Dodat.
MORALE, RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
_ _* * g
Caricatures.
INCONVENIENT DE LA PRESSE EN MATIÈRE DE COQUETTERIE.
La Marquise de Yieillereixe 'coquette sur le retour). —• Ah ! c'est
vous, chère comtesse, je suis ravie de vous voir!., jetais vraiment
inquiète...
La Comtesse (jeune et jolie femme). — Quelle bonté !... Combien
je suis honteuse de ma négligence ! mais des tracas , des contrariétés...
mon mari est d’une exigence!... Je vous conterai cela.... une autre
fois... car, pour le moment, je ne me sens pas le courage de me dé-
soler.
La Marq. — "Vous n’ignorez pas, chère amie , l’intérêt sincère que
je prendrai toujours...
La Comt. (lui serrant affectueusement la main). —Bonne Paméla!..
je n’ai jamais douté de votre dévouement.
La Marq. — Les jeunes femmes ont tant de chagrins à supporter
aujourd’hui !.. on nous néglige, on nous tourmente et...
La Comt. — Eh bien, n’allons-nous pas nous attendrir ?... moi qui
venais vous faire part de l’aventure la plus plaisante...
La Marq. — Qu’est-ce donc ?
La Comt. — Je tiens le fait de Saint-Elme , qui en a été témoin ,
cette nuit, au bal dé madame Danceny. Ah! cette pauvre baronne de
Suranin... c’est à en mourir.
La Marq. — La baronne? Que lui est-il donc arrivé ? est-ce que
son râtelier?...
La Comt. — Oh ! non...
La Marq. — Peut-être son tour?...
La Comt. — Non plus.
La Marq. — Alors, c’est sa...
La Comt. — Vous n’y êtes pas encore.
La Marq. — Le voile mystérieux dont elle a toujours recouvert la
» date fatale?
La Comt. — Précisément... il est enfin déchiré!
La Marq. ( déclamant). — Le voilà donc connu ce secret... {àpart.)
lllIW lilIWi -—-----
Grand Dieu ! quand je songe qu’il pourrait m’en arriver autant, mon
sang se glace.
La Comt. (d’un ton solennel). — Cinquante ans, ma chère.
La Marq. — Cinquante ans! Juste ciel!.. Concevez-vous qu’une
femme puisse avoir cinquante ans?
La Comt. — Je vous le demande...
La Marq. —C’est incroyable... Ah! chère comtesse... je n’y arri-
verai jamais.
La Comt. ( à part). — Il y a trois ans quelle peut l’assurer.
La Marq. — Le chagrin me tuerait avant... heureusement nous
n’en sommes pas là... Mais, comment est-on parvenu?
La Comt. •— Vous savez ce que cet étourdi de Charles, dont la ba-
ronne a fait manquer le mariage avec Adèle, avait juré de s’en ven-
ger, et de découvrir le secret qu’elle prenait tant de soin à cacher,
dût-il perdre les yeux à fouiller dans les poudreuses chroniques.
La Marq. —Je n’ai jamais approuvé cet acharnement de M. Charles,
et peut-être a-t-on trop d’indulgence pour ce jeune homme.
La Comt. — Faudrait-il donc montrer tant de sévérité pour quel-
ques espiègleries ?
La Marq. — Il se permet parfois...
La Comt. — D’embarrasser quelques coquettes surannées par ses
indiscrétions. Mais c’est charmant.
La Marq. (s’efforçant de rire.) — Ah... ah... certainement... cer-
tainement..., c’est charmant... Aussi, n’est-ce pas là ce qui me dé-
plaît en lui... Je suis trop désintéressée dans cette question... ce n’est
pas à 34 ans...
La Comt. —Eh quoi, vraiment, ma chère , vous auriez déjà 34 ans?
La Marq. •— Hélas oui!
La Comt. , (ironiquement.) — J’admire votre franchise... Mais ce
n’est pas cet âge que je vous donnerais.
La Marq. — Que voulez-vous?., à quoi sert de le cacher?., qui se
croyait plus sûre de son secret que la baronne de Suranin?.. Mais,
dites-moi comment Charles?..
La Comt. — 11 a su que la baronne fut obligée, il y a quelques an-
nées, de donner des renseignemens en justice... Il s’agissait, je crois,
d'un cachemire pris à une de ses amies.
La Comt. (virement). •— C’est très-vrai, un cachemire magnifique
que j’avais acheté la veille.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. ig.
f.A6T1GAT RIDENDO MOREK.
26 MAI 1851.
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aubert,
galerie Vcro-Dodat.
MORALE, RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
_ _* * g
Caricatures.
INCONVENIENT DE LA PRESSE EN MATIÈRE DE COQUETTERIE.
La Marquise de Yieillereixe 'coquette sur le retour). —• Ah ! c'est
vous, chère comtesse, je suis ravie de vous voir!., jetais vraiment
inquiète...
La Comtesse (jeune et jolie femme). — Quelle bonté !... Combien
je suis honteuse de ma négligence ! mais des tracas , des contrariétés...
mon mari est d’une exigence!... Je vous conterai cela.... une autre
fois... car, pour le moment, je ne me sens pas le courage de me dé-
soler.
La Marq. — "Vous n’ignorez pas, chère amie , l’intérêt sincère que
je prendrai toujours...
La Comt. (lui serrant affectueusement la main). —Bonne Paméla!..
je n’ai jamais douté de votre dévouement.
La Marq. — Les jeunes femmes ont tant de chagrins à supporter
aujourd’hui !.. on nous néglige, on nous tourmente et...
La Comt. — Eh bien, n’allons-nous pas nous attendrir ?... moi qui
venais vous faire part de l’aventure la plus plaisante...
La Marq. — Qu’est-ce donc ?
La Comt. — Je tiens le fait de Saint-Elme , qui en a été témoin ,
cette nuit, au bal dé madame Danceny. Ah! cette pauvre baronne de
Suranin... c’est à en mourir.
La Marq. — La baronne? Que lui est-il donc arrivé ? est-ce que
son râtelier?...
La Comt. — Oh ! non...
La Marq. — Peut-être son tour?...
La Comt. — Non plus.
La Marq. — Alors, c’est sa...
La Comt. — Vous n’y êtes pas encore.
La Marq. — Le voile mystérieux dont elle a toujours recouvert la
» date fatale?
La Comt. — Précisément... il est enfin déchiré!
La Marq. ( déclamant). — Le voilà donc connu ce secret... {àpart.)
lllIW lilIWi -—-----
Grand Dieu ! quand je songe qu’il pourrait m’en arriver autant, mon
sang se glace.
La Comt. (d’un ton solennel). — Cinquante ans, ma chère.
La Marq. — Cinquante ans! Juste ciel!.. Concevez-vous qu’une
femme puisse avoir cinquante ans?
La Comt. — Je vous le demande...
La Marq. —C’est incroyable... Ah! chère comtesse... je n’y arri-
verai jamais.
La Comt. ( à part). — Il y a trois ans quelle peut l’assurer.
La Marq. — Le chagrin me tuerait avant... heureusement nous
n’en sommes pas là... Mais, comment est-on parvenu?
La Comt. •— Vous savez ce que cet étourdi de Charles, dont la ba-
ronne a fait manquer le mariage avec Adèle, avait juré de s’en ven-
ger, et de découvrir le secret qu’elle prenait tant de soin à cacher,
dût-il perdre les yeux à fouiller dans les poudreuses chroniques.
La Marq. —Je n’ai jamais approuvé cet acharnement de M. Charles,
et peut-être a-t-on trop d’indulgence pour ce jeune homme.
La Comt. — Faudrait-il donc montrer tant de sévérité pour quel-
ques espiègleries ?
La Marq. — Il se permet parfois...
La Comt. — D’embarrasser quelques coquettes surannées par ses
indiscrétions. Mais c’est charmant.
La Marq. (s’efforçant de rire.) — Ah... ah... certainement... cer-
tainement..., c’est charmant... Aussi, n’est-ce pas là ce qui me dé-
plaît en lui... Je suis trop désintéressée dans cette question... ce n’est
pas à 34 ans...
La Comt. —Eh quoi, vraiment, ma chère , vous auriez déjà 34 ans?
La Marq. •— Hélas oui!
La Comt. , (ironiquement.) — J’admire votre franchise... Mais ce
n’est pas cet âge que je vous donnerais.
La Marq. — Que voulez-vous?., à quoi sert de le cacher?., qui se
croyait plus sûre de son secret que la baronne de Suranin?.. Mais,
dites-moi comment Charles?..
La Comt. — 11 a su que la baronne fut obligée, il y a quelques an-
nées, de donner des renseignemens en justice... Il s’agissait, je crois,
d'un cachemire pris à une de ses amies.
La Comt. (virement). •— C’est très-vrai, un cachemire magnifique
que j’avais acheté la veille.