233 __— LA CARICATURE. --- 234
La Comt. (jouant l’étonnée.') — Comment, c’est vous !... Charles
alors de courir chez un rédacteur de la Gazette des Tribunaux, qui
lui a donné le numéro où le journaliste avait consigné la déclaration
sous serment des jours, mois, etc.
La Marq. (àpart). — Je suis perdue!...
La Comt. •— Eh quoi, vous ne riez pas?
La Marq. — Mais, c’est horrible de la part des journalistes... de
quoi se mêlent ces gens-là?., c’est infiniment désagréable.
La Comt. —Pour la baronne, certainement, mais vous qui n’avez
rien à redouter de leurs indiscrétions...
La Marq. {à part). ■— Oh! les monstres! si j’en tenais un! ! !
La Comt. — Charles est arrivé hier, au milieu du bal... ayant en
main le témoignage authentique. Ah!., ah!., ah!., mais qu'avez-vous
donc, chère amie, vous paraissez souffrante?
La Marq. — Moi, non, je vous jure.
La Comt. — Cette pauvre baronne qui dansait une galope... s’est
presque trouvée mal.
La Marq. •— C’est tVroce!.. Et ce M. Charles est un homme abomi-
nable ! ( à part) Heureusement, je n’avais avoué que oo ans au juge-
de-paix.
La Comt. — Ce n’est pas tout... vous savez qu’il écrit dans un petit
journal... il paraît qu’il va publier...
La Marq. — Comment, vous croyez qu’il oserait?..
La Comt.— Eh, ma chère, une anecdote pareille... est une bonne
fortune pour lui...
La Marq.— Ainsi, tout Paris... grâce aux journalistes... (désespérée)
En vérité, f aimerais autant être livrée aux bêtes ! ! ! (Historique.)
Alfred Coudreux.
A ce numéro sont jointes les planches 5g et 6o.
Il appartient à la Caricature , dans un moment où l’on recherche
les dignités, de créer un nouveau blason. Si, comme nous aimons à
le croire, ce travestissement d’armoiries plaît à nos abonnés, nous
mettrons successivement sous leurs yeux la suite de cette idée féconde
en contrastes.
L’Éclipse de i83a résume astronomiquement tous les conseils ap-
portés depuis long-temps à l’appui d’une vérité banale. C’est en vain
qu’un parti prévoyant, représenté sous les traits vénérables d’un ci-
toyen de deux mondes libres , cherche, dans sa sollicitude, à dessiller
les yeux d’une faction abusée. Le fait marche vers son accomplisse-
ment , et il n’est visible que pour ceux qui, seuls, ne peuvent l’em-
pêcher.
M. CASIMIR PERRIER.
Quoi ! l’on se plaint ici que ines ambassadeurs
Des rois contre la France ont suspendu la guerre?
Faut-il répondre ? Eh bien ! j’ai mis en Angleterre
L’homme qui, par calcul, est toujours au bon vent,
Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent.
Pour les justifier il suffit qu’on les nomme :
En Espagne d’Harcourt, et Saint-Aulaire à Rome,
Mortemart en Russie, en Autriche Maison,
Tous amis dévoués de l’ancienne maison.
Quant à l’intérieur je brave tout reproche ;
Je vois, sans frissonner, la Chambre qui s’approche;
D’électeurs vaniteux pour acheter les voix,
Sans toucher au trésor, j’ai monnayé les croix,
Et, sûr de triompher dans l’urne électorale,
J’ai fait semer le bruit d’une paix générale.
Croyez bien, Messeigneurs, que ce n’est pas en vain
Que la sainte Vendée a gardé son levain;
Si toujours au dehors j’aime une paix servile,
Voyez, je favorise une guerre civile;
Je pourrais l’étouffer, mais d’après votre vœu ,
Comme un feu de Vesta j’alimente ce feu.
J’ai vu que le Midi, trompant notre espérance,
Mollissait de repos du Var à la Durance ,
Qu’Avignon dans la paix avait long-temps langui;
D’un seul coup j’ai cassé Bernard et Larréguy ;
Colbert, qui des Bourbons pleure toujours la perte,
Est chargé de veiller sur la frontière ouverte ;
Rien ne s’oppose plus à l’Autriche, et Frimont
Demain peut sur le Var entrer par le Piémont.
Grands Dieux ! de quels soupçons suis-je donc la victime !
Avez-vous oublié que le roi légitime
A son whist solennel m’avait souvent admis?
Que Charles-Dix m’aimait entre tous ses amis ?
Faut-il vous rappeler que, pour faveur dernière,
Il mit sa croix-d’honneur à cette boutonnière ?
Qu’à la porte Maillot j’ai construit à mes frais
Un riant pavillon sous des ombrages frais ,
Que là, je me mêlais à d’innocens quadrilles
Quand le duc de Bordeaux dansait avec mes filles ?
Si ces faits sont trop loin de votre souvenir,
Sachez que , prévoyant un terrible avenir,
Au premier des trois jours, dans ma bruyante rue,
Ma voix prêcha le calme à l’émeute accourue;
Sachez que Charles-Dix, le dernier de juillet,
Me créa son ministre au camp de Rambouillet.
JttntînsifîsL
LE PATRIOTISME DE CLARICK.
D’aucuns s’imaginent que, pour servir son pays, il est indispensable
d’avoir cinq pieds six ou huit pouces, de larges épaules, un bras vi-
goureux , des yeux flamboyans et de longues moustaches rouges ou
noires. — C’est une erreur.
Car Clarice n’est qu’une jeune et jolie fille, et: cependant elle aussi
prétend... Mais n’anticipons pas.
Je m’étonnerais que vous ne connussiez pas Clarice; bien plus
étrange encore me paraîtrait que vous ne l’eussiez rencontrée quel-
quefois.
Vous n’iriez donc jamais aux Italiens, au bal de l’Opéra , chez Tor-
toni, au bois de Boulogne... partout enfin où se presse la foule des
jolies femmes qui n’existent que pour se faire admirer, ne respirent
que dans une calèche, un tilbury, et n’éprouvent d’émotions délicieuses
qu’en jetant l’or par les fenêtres... et leurs amans à la porte, lorsqu’ils
s’avisent d’être insupportables — ou ruinés — ce qui est absolument
la même chose ?
Or, Clarice est ainsi faite.
Que si vous désirez en savoir davantage , j’ajouterai quelle est
La Comt. (jouant l’étonnée.') — Comment, c’est vous !... Charles
alors de courir chez un rédacteur de la Gazette des Tribunaux, qui
lui a donné le numéro où le journaliste avait consigné la déclaration
sous serment des jours, mois, etc.
La Marq. (àpart). — Je suis perdue!...
La Comt. •— Eh quoi, vous ne riez pas?
La Marq. — Mais, c’est horrible de la part des journalistes... de
quoi se mêlent ces gens-là?., c’est infiniment désagréable.
La Comt. —Pour la baronne, certainement, mais vous qui n’avez
rien à redouter de leurs indiscrétions...
La Marq. {à part). ■— Oh! les monstres! si j’en tenais un! ! !
La Comt. — Charles est arrivé hier, au milieu du bal... ayant en
main le témoignage authentique. Ah!., ah!., ah!., mais qu'avez-vous
donc, chère amie, vous paraissez souffrante?
La Marq. — Moi, non, je vous jure.
La Comt. — Cette pauvre baronne qui dansait une galope... s’est
presque trouvée mal.
La Marq. •— C’est tVroce!.. Et ce M. Charles est un homme abomi-
nable ! ( à part) Heureusement, je n’avais avoué que oo ans au juge-
de-paix.
La Comt. — Ce n’est pas tout... vous savez qu’il écrit dans un petit
journal... il paraît qu’il va publier...
La Marq. — Comment, vous croyez qu’il oserait?..
La Comt.— Eh, ma chère, une anecdote pareille... est une bonne
fortune pour lui...
La Marq.— Ainsi, tout Paris... grâce aux journalistes... (désespérée)
En vérité, f aimerais autant être livrée aux bêtes ! ! ! (Historique.)
Alfred Coudreux.
A ce numéro sont jointes les planches 5g et 6o.
Il appartient à la Caricature , dans un moment où l’on recherche
les dignités, de créer un nouveau blason. Si, comme nous aimons à
le croire, ce travestissement d’armoiries plaît à nos abonnés, nous
mettrons successivement sous leurs yeux la suite de cette idée féconde
en contrastes.
L’Éclipse de i83a résume astronomiquement tous les conseils ap-
portés depuis long-temps à l’appui d’une vérité banale. C’est en vain
qu’un parti prévoyant, représenté sous les traits vénérables d’un ci-
toyen de deux mondes libres , cherche, dans sa sollicitude, à dessiller
les yeux d’une faction abusée. Le fait marche vers son accomplisse-
ment , et il n’est visible que pour ceux qui, seuls, ne peuvent l’em-
pêcher.
M. CASIMIR PERRIER.
Quoi ! l’on se plaint ici que ines ambassadeurs
Des rois contre la France ont suspendu la guerre?
Faut-il répondre ? Eh bien ! j’ai mis en Angleterre
L’homme qui, par calcul, est toujours au bon vent,
Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent.
Pour les justifier il suffit qu’on les nomme :
En Espagne d’Harcourt, et Saint-Aulaire à Rome,
Mortemart en Russie, en Autriche Maison,
Tous amis dévoués de l’ancienne maison.
Quant à l’intérieur je brave tout reproche ;
Je vois, sans frissonner, la Chambre qui s’approche;
D’électeurs vaniteux pour acheter les voix,
Sans toucher au trésor, j’ai monnayé les croix,
Et, sûr de triompher dans l’urne électorale,
J’ai fait semer le bruit d’une paix générale.
Croyez bien, Messeigneurs, que ce n’est pas en vain
Que la sainte Vendée a gardé son levain;
Si toujours au dehors j’aime une paix servile,
Voyez, je favorise une guerre civile;
Je pourrais l’étouffer, mais d’après votre vœu ,
Comme un feu de Vesta j’alimente ce feu.
J’ai vu que le Midi, trompant notre espérance,
Mollissait de repos du Var à la Durance ,
Qu’Avignon dans la paix avait long-temps langui;
D’un seul coup j’ai cassé Bernard et Larréguy ;
Colbert, qui des Bourbons pleure toujours la perte,
Est chargé de veiller sur la frontière ouverte ;
Rien ne s’oppose plus à l’Autriche, et Frimont
Demain peut sur le Var entrer par le Piémont.
Grands Dieux ! de quels soupçons suis-je donc la victime !
Avez-vous oublié que le roi légitime
A son whist solennel m’avait souvent admis?
Que Charles-Dix m’aimait entre tous ses amis ?
Faut-il vous rappeler que, pour faveur dernière,
Il mit sa croix-d’honneur à cette boutonnière ?
Qu’à la porte Maillot j’ai construit à mes frais
Un riant pavillon sous des ombrages frais ,
Que là, je me mêlais à d’innocens quadrilles
Quand le duc de Bordeaux dansait avec mes filles ?
Si ces faits sont trop loin de votre souvenir,
Sachez que , prévoyant un terrible avenir,
Au premier des trois jours, dans ma bruyante rue,
Ma voix prêcha le calme à l’émeute accourue;
Sachez que Charles-Dix, le dernier de juillet,
Me créa son ministre au camp de Rambouillet.
JttntînsifîsL
LE PATRIOTISME DE CLARICK.
D’aucuns s’imaginent que, pour servir son pays, il est indispensable
d’avoir cinq pieds six ou huit pouces, de larges épaules, un bras vi-
goureux , des yeux flamboyans et de longues moustaches rouges ou
noires. — C’est une erreur.
Car Clarice n’est qu’une jeune et jolie fille, et: cependant elle aussi
prétend... Mais n’anticipons pas.
Je m’étonnerais que vous ne connussiez pas Clarice; bien plus
étrange encore me paraîtrait que vous ne l’eussiez rencontrée quel-
quefois.
Vous n’iriez donc jamais aux Italiens, au bal de l’Opéra , chez Tor-
toni, au bois de Boulogne... partout enfin où se presse la foule des
jolies femmes qui n’existent que pour se faire admirer, ne respirent
que dans une calèche, un tilbury, et n’éprouvent d’émotions délicieuses
qu’en jetant l’or par les fenêtres... et leurs amans à la porte, lorsqu’ils
s’avisent d’être insupportables — ou ruinés — ce qui est absolument
la même chose ?
Or, Clarice est ainsi faite.
Que si vous désirez en savoir davantage , j’ajouterai quelle est