Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

DOI issue:
Numéro 55 (17 Novembre 1831) Planches 110/111
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.13564#0272

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
——- Numéro S 5. «—--

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. A. Audieert, Re'dacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. 19.

CASTIC.AT P. ! D ft N D O WORKS,

1 7 NOVEMBRE 185

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aubert,
galerie Vcro-Dodat.

MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.


Caricaturer.

—«sgg£@gSS3«—

NOUVELLE LANGUE A L’USAGE DES PATRIOTES.

La parole fut donnée à l’homme pour déguiser sa penser.

TaLleyrand.

Nous avons nos Saint-Simonistes ; ce n’est déjà pas trop mal , mais
les Anglais ont mieux cpie ça. Notre industrie, décidément, ne peut
pas lutter avec la leur.

Qu’ont-ils donc ?

Ce qu'ils ont ?

Des Mohosaimtespritidiomistes , ni plus ni moins; autrement dit,
pour le français, des illuminés, qui, par la foi, se mettent en com-
munication immédiate avec le Saint-Esprit ; et auxquels le Saint-Esprit
inocule le don des langues. Cela se fait par une sorte d’infusion mo-
rale, à peu près comme, au physique, M. de Lobau nous inocule
l’ordre public.

C’est très-aimable de la part du Saint-Esprit.

NT’est-ce pas ?

Toutefois, quand je dis le don des langues , c’est uniquement par
allusion à ce qui se passa le premier jour de Pentecôte. Je devrais
dire le don d’une langue, tout simplement; mais cette langue peut,
remplacer avantageusement toutes les autres. Inintelligible pour
les profanes, elle est comprise de tout adepte , que l’adepte soit Russe,
Anglais, Chinois, Monomopatan , Français, Hottentot, Italien,
Patagon , Kamtschalkale. Le commerce ne pourra que profiter infini-
ment de cette découverte, si les tribunaux anglais, qui se sont mis à
en poursuivre les auteurs, n’en empêchent méchamment les utiles
développemens.

Exemple : Yous êtes commis-voyageur, je suppose ; et vous arrivez
en Suisse, en Angleterre, en Hollande, n’importe où. Yous auriez
bien fait d’apprendre la langue du pays avant de sortir de chez vous ;
mais enfin, vous avez négligé ce soin. Vous avez lu monsieur de Vol-

taire , et il Vous a dit que la langue française est la seule langue po-
table, quelle est universelle, et qu’on ne parle que celle-là dans tout
l’univers civilisé. Et alors, vous vous êtes dit : « Parbleu ! voilà qui fait
bien mon affaire! Où vais-je, moi? En Suisse, en Angleterre, eu
Hollande. C’est un fait. Hé bien! la Suisse, la Hollande, l’Angleterre,
sont des pays civilisés, ou à peu près. Donc on y doit parler français;
donc, je n’ai pas besoin d’apprendre leur patois; donc, au diable les
grammaires! Vivent la patrie elles liqueurs fortes! » C’est très-bien
raisonné, pour un homme surtout qui voyage pour le trois-six; et je
vous en fais mon compliment. Par malheur, vous avez compté sans
votre hôte, c’est bien le cas de le dire. Votre bote a lu de son côté,
dans les beaux esprits de sa nation, que la langue suisse, ou la langue
anglaise , ou la langue batave , est la seule potable , et qu’on la parle
vulgairement dans tout l’univers civilisé. Il s’est frotté les mains, et
s’est tenu à celle-là. Or, que résulte-t-il? qu’arrivé dans l’un de ces
pays, vous vous trouvez inintelligibles l’un à l’autre, avec deux langues
également universelles.

Rien du plaisir.

Je vous vois d’ici , ayant faim, ayant soif, ayant sommeil, ayant
tout ce que vous voudrez, devant une fille d’auberge, aux joues de
citrouille et de roses; qui ouvre de grands yeux à chaque mot que
vous proférez; vous regarde comme un phénomène, et se tue à com-
prendre votre langue universelle : impossible. C’est une situation fort
désagréable, et qui ne peut mener à rien.

Comment vous tirer de là !

Le voici.

Vous êtes commis-voyageur et homme pieux , je suppose encore ;
vous voyagez pour les esprits, et vous croyez au Saint-Esprit.

La jeune fille , de son côté, croit également au Saint-Esprit. Elle
croit même à tout ce que l’on veut.

Les choses étant ainsi, rien n’est plus facile que de vous entendre.
Vous vous mettez en extase , et priez la jeune fille de tomber en extase
aussi; puis , vous appelez le Saint-Esprit. Ce dernier, soyez-en sûr,
descendra à votre aide.

Il vous anime, il vous inspire, et s’écrie par votre bouche : « Tirclia-
koff oursiuski mamapala b oui aiff; » ce qui veut dire, je suppose tou-
jours : Servez-moi,une tranche de lard avec des choux et de la bière,
s’il vous plaît.
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen