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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

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Numéro 17 (24 Février 1831)
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https://doi.org/10.11588/diglit.13564#0044

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Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière, n. a5.

—« 24 féyrier 1851.

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés ,
franco, au grand Magasin de Caricatures d'Aveeur.
galerie Véro-Dodat.

POLITIQUE , MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.

Caricatures.

UNE FAMILLE POLITIQUE.

De toutes les croyances religieuses et politiques, il en est une qui,
sans appui de prêcheurs ni d’enseignement, réunit le plus grand
nombre de partisans : c’est que, dans la vue philanthropique du bien-
être général, il faut d’abord songer au sien propre, et que mieux vaut
se classer parmi ceux qui peuvent distribuer le bienfait que parmi
ceux qui le reçoivent.

Mais, le moyen d’accroître un bien-être en proportion d’une am-
bition raisonnable !

Voilà la difficulté.

Parvenir par son mérite personnel ! C’est fatiguant, quand mérite
il y a. Raison de plus, quand mérite il n’y a pas.

C’est ce qui explique le métier du dévoûment au trône et à l’autel,
profession pleine de charmes, il y quelques vingt ans, parce qu’on
n’était jamais mis à l’épreuve. Une seule opinion, celle de l’obéissance
passive, régnait alors et rendait l’opposition peu redoutable. Ainsi
donc, faire tous les trimestres un tour à la caisse du grand livre, tous
les quinze jours un bon mot au petit lever du monarque, et tous les
ans une protestation d’amour et de fidélité, tel était le rôle de ces ti-
tulaires des royales faveurs qui étaient transmises de générations en
générations. Car alors le dévoûment aussi pouvait exploiter le privi-
lège de l’hérédité.

Mais, hélas ! depuis cet âge de rubis, de combien de difficultés et
de périls n’a pas été hérissée cette branche industrielle, de toutes la
plus innocente et la plus commode ! Comment, au milieu des plus vio-
lentes secousses politiques, deviner l’idole future pour préparer l’en-
cens , l’entourer assez tôt pour profiter de sa fortune, et se retirer à
temps pour ne pas rouler dans sa chute.

C’est ce que comprit parfaitement le marquis de Grippard, qui,
après quelque velléité de fidélité héréditaire, fut trop heureux de
conserver sa tête d’ex-pensionnaire au grand livre, grâce au crédit
d’un sien neveu, jacobin enragé, qu’il avait si souvent blâmé de par-
tager les idées appelées nouvelles en 1790.

Ayant eu un arrière-grand oncle ambassadeur de France auprès du
Grand-Turc, le marquis Grippard s’était toujours supposé de grandes

inclinations diplomatiques. Il jugea à propos de les consacrer à l’amé-
lioration de la partie du dévoûment appliqué aux circonstances dif-
ficiles.

A compter de ce jour, il étudia la révolution et la comprit. C’est
qu’il n'était point aveuglé par l’esprit de parti. Il n’avait pris que celui
d’exploiter toutes les circonstances possibles au profit de sa famille.
Pour monopoliser le dévoûment en général, il fil représenter chacune
de ses nuances par un Grippard en particulier.

Il pria madame la marquise de s’arranger de façon à ne lui donner
que des garçons, les filles étant peu propres à recevoir des instructions
diplomatiques.

Bientôt, la famille des Grippard, qui avait offert l’image si tou-
chante d’un parfait accord au temps du grand livre, fut divisée par
l’exaltation des opinions les plus contraires.

Le marquis de Grippard se fit attacher après un grand, sabre et
partit pour l’armée de Condé.

Son fils aîné apprit à faire de l éloquence patriotique à la tribune
des Cordeliers.

Edouard, son neveu, gagna ses épaulettes en défendant le drapeau
républicain , ce qui servit de titre à la marquise, restée à Paris, pour
obtenir une bourse au plus jeune de ses fils, le petit Torquatus.

Les victoires de l’armée de Condé furent très-rares, comme on sait,
et, pour comble de malheur, le jeune Grippard ne réussit pas dans la
carrière oratoire. Mais les succès d’Edouard couvrirent le déficit de
cette fraction malheureuse de dévoûment, et, pendant cette époque
de l’exploitation en commun, tous les membres de la famille des Grip-
pard vécurent des dépouilles de la conquête d’Italie.

Pendant ce temps, le petit Torquatus était couvé dans des senti-
mens de buonapartisme nerveux, et il arriva à temps pour combler
par le dévoûment le plus brutal la lacune qu’occasiona dans la fortune
de la famille la destitution de son cousin Edouard, impliqué dans une
conspiration républicaine.

Mais le bien-être Grippard périclitait considérablement. Il fallait
prendre un parti. Édouard prit la poste et du service dans l’armée
russe. Madame la marquise utilisa une protection au ministère pour
procurer des places à ceux qui en sollicitaient ; et Grippard aîné fit
des recherches historiques pour prouver clair comme le jour la bâtar-
dise des prétendans au trône qui pensionnaient monsieur son père.

Décidément la fortune semblait favoriser plus particulièrement la
fraction de dévouement-Grippart résidant à Paris, lorsque le premier
Cosaque qui galoppa dans cette superbe capitale culbuta leurs briL

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