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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

DOI issue:
Numéro 15 (10 Février 1831)
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https://doi.org/10.11588/diglit.13564#0032

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» Numéro 15. *

loin ce qui concerne la rédaction doit être adresse, franco,
à M. A. Audidert, Rédacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière , n. i5.

—~ 1 O FÉVRIER 1851. —

Les réclamations et envois d’argent doivent être adresses,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aubert,
galerie Vêro-Dodat.

POLITIQUE , MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCÉNIQUE.

Caricature#.

LA PIECE NOUVELLE ET LE DEBUT.

Un foyer d’acteurs dans un théâtre de Paris. Le premier plan est
animé par quatre figures vivantes, dont un mâle et trois femelles.

Suit leur signalement :

Le Male a nom Lebel, sujet précieux de 5 pieds n pouces, avec
un nez proportionné, renommé pour la beauté de son coude-pied.
Il eut jadis une vogue colossale dans le rôle du petit page de Figaro.
M. Lebel n’est pas de ces artistes pétris de sottise et d’amour-propre
qui mendient l’éloge sous les dehors imposteurs d’une modestie men-
teuse. M. Lebel convient franchement qu’il a, lui Lebel, de l’origina-
lité, du mordant, de la verve, du naturel, etc., etc., etc_Moi,

j’aime M. Lebel.

ire Femelle , Mlle Dejazon.■—Actrice diaphane , impalpable, mais
non imperméable, favorisée de 3 pieds de haut sur un pouce de cir-
conférence. Elle est enrôlée pour les reines, les impératrices, les sul-
tanes et généralement toutes les belles femmes quelconques. —
Mlle Dejazon est douée d’une sensibilité exquise, elle sue d’un rien
et l’eau-de-vie l’incomode... ô bienfaits de l’éducation... M. le direc-
teur a des bontés pour elle.

2e Femelle, Mlle Adeline. — Joue les ingénues et aime à folâtrer.

.— Elle a eu i5 ans sous le Directoire, aujourd’hui elle en a 22 et elle
dit en soupirant : Dieu! comme on vieillit !... Tous les journaux as-
surent quelle promet de faire une charmante actrice en étudiant en-
core quelques années. Mais la petite Adeline étudier!! Pest! ! Elle
étudiera plus tard, laissez-là, elle veut jouer; elle est d’une gaîté
étourdissante, elle chiffonne les cravates des messieurs, elle leur
pince les joues, elle leur tire les moustaches et puis elle rit aux éclats,
puis ensuite elle boude... puis elle casse son peigne, elle effeuille des
roses, et puis elle rit, elle rit toujours... Dieux! quelle est enfant! —

3' Femelle, Mlle Sophie Béranger. — Débutante, elle a plusieurs
vices essentiels tels que 18 ans, des yeux bleus, des cheveux noirs,

une peau blanche, une petite bouche, un très-petit pied, etc.

Mlle Sophie rougit quand les messieurs la regardent, elle baisse les
yeux. C’est une fille sans usage. Elle ne sort qu’avec sa mère! C’est
une petite sotte. Elle n’a pas voulu embrasser le jeune premier à la
répétition... Je hais Mlle Sophie.

M. Lebel (à Mlles Dejazon et Adeline)

Bonjour, mes anges, (il essaie de pincer gracieusement la taille de
Mlle Dejazon qui fuit et s’évapore sous sa main en fredonnant un ju-
ron moral.)

Mlle Dejazon, d’un ton aigrement noble : —Allons, pas de bêtise ;
on ne touche pas, à bas les pattes.

M. Lebel persiste en pirouettant gracieusement sur son coude-
pied.

Mlle Dejazon : Maislaissez-moi donc, vous me sciez.

Mlle Adeline (en brodant) : C’est vrai, que ces hommes sont em-
bêtant, (riant) : mauvais sujet, finissez donc. Elle lui tire les che-
veux en folâtrant.

Lebel à Mlle Dejazon : C’est sans doute le début de ce soir qui nous
donne de l’humeur.

Mlle Dejazon : Oh bien! par exemple, ça n’en vaut pas la peine.

Lebel: Vous croyez; elle obtiendra pourtant un joli succès la jolie
petite.

Mlle Adeline : N’est-ce pas une horreur de la part d’un directeur
de sacrifier les premiers talens à une petite mijaurrée sans usage, qui
ne sait pas dire deux.

Mlle Dejazon : Et qui rougit devant les hommes.

Mlle Adeline : Et qui ne sait pas s’habiller.

Mlle Dejazon : Et qui veut paraître novice.

Mlle Adeline : Ça crie vengeance.

Mlle Dejazon : Il faut la faire tomber : conspirons!

Mlle Adeline : Oh oui ! j’aime tant à conspirer ! je n’ai fait que cela
cet hiver avec M. Jules.

Mlle Dejazon, en minaudant gracieusement : —M. Lebel voulez-
vous conspirer avec nous... Vous serez bien gentil.

Mlle Adeline (lui saute au cou et lui dénoue sa cravate) : Oh oui,
vous serez bien mignon.

Lebel, reniflant la volupté : Allons, méchante, je le veux bien. Je
vous promets de la faire tomber de telle façon quelle ne s’en relèvera
jamais.... Mais c’est à une condition.

L,es deux dames à la fois : Oh dites, dites, laquelle?

Lebel, à demi-voix à Mlle Dejazon : Vous savez que j’ai une lettre
de change à acquitter après-demain ! Si vous vouliez, votre agent de
change pourrait solder; et puis mon manteau qui est chez notre tante ! !
Ça coûterait si peu de chose ... Vous n’auriez qu’à.... (Il lui parle à
l’oreille.

Mlle Dejazon : (souriant).... Allons espiègle, on ne peut rien vous
refuser, c’est convenu.... Mais comment allez-vous vous y prendre.
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