-—• Numéro 11. —-
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Tout ce qui concemc la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière , n. a5.
1 5 JANVIER 1851.
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aube ht ,
galerie Véro-Dodat.
POLITIQUE, MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
Caricature*.
SES rCKFES ET SES CHEFS-D’ŒUVRE SE SATAN, TOURNÉS AU
PROFIT SE XA CHRÉTIENTÉ.
Adonc, le pape mort, sans que l’Eglise ait été malade, et le conclave
se devant assembler, sans pour cela que l’Église en doive aller mieux,
ce fut pour l’architecte du palais Qtdrinal affaire aussi importante de
convenablement caserner le régiment catholique-apostolique-romain,
que pour la statue de Pasquin de le harceler de ses méchantes plaisan-
teries condamnables d’impiété.
Or, ce étant, M. Valadier, chevalier et architecte — car une pro-
fession n’empêche pas l’autre — M. Valadier, aussi fort sur son his-
toire romaine que M. Villemain sur celle d’Angleterre, s’avisa de
penser que de toutes les restaurations, l’impériale n’était pas la plus
médiocre, et que, somme toute, il pouvait ti’ouver une réputation
toute faite en appropriant aux nouvelles circonstances les localités
préparées autrefois pour l’impératrice Marie-Louise et son fils, alors
souverain de Rome sans conclave.
Mais M. Valadier, qüe son titre de chevalier élève de beaucoup,
comme on le pense bien, au-dessus des capacités d’architectes ordi-
naires , s’aperçut aux ornemens mondains qui révélaient la destination
première de ces lieux, de la difficulté qu’il éprouverait dans l’accom-
plissement de sa transfiguration architecturale. En ingénieur bon
chrétien, il jugea prudent pour le salut de son âme de s’éclairer des
lumières de quelque cardinal en odeur de sainteté, de celui par ex-
emple que l’on suppose généralement devoir être élu.
Aussi, avant de parcourir avec l’Éminence les galeries profanes,
M. le chevalier de l’ordre des architectes avait repassé quelques ou-
vrages moraux , tel celui de Larochefoucauld sur les pantalons appli-
qués aux danseuses, et fort de ses auteurs, il se proposait de faire des
prodiges religieux et romains.
Quant au luxe, rien ne fut a redire, si ce n est pour enrichir encore
cés immenses salles, phénomènes de splendeur et de somptuosité.
Mais quand advint le chapitre de ces secrets de la vie privée, em-
bellis chez les gi ands des charmes de la mollesse, des recherches
de la volupté, 1 architecte s empourpra comme un pilastre de granit et
commença son discours de réformes.
D’abord il offrit de détruire ces mystérieux boudoirs, séjour de rê-
vciics, a la lumière douteuse, a 1 air parfumé et aux moelleuses otto-
manes. Mais le cardinal l’en empêcha bien, prétendant qu'un futur
pape aimaitàse reposer tout, comme monarque de Rome ou de France.
Et le chevalier s’inclina.
De même fut pour les étuves des bains, ces salles élégantes et soli-
taires, que l’architecte jugeait inutiles pour le conclave, dont les mem-
bres au contraire paraissent des Messieurs fort propres,
De même alors le chevalier s’inclina.
Mais quelle fût sa surprise, quand offrant de remplacer par un ta-
bleau d’église celui de Diane surprise au bain, sa demande ne fût
acceptée qu’à la condition d’y faire succéder Suzanne, vue dans
l’eau belle et ravissante, par les deux vieillards ravis.
Néanmoins il s’inclina encore.
Quand il vit aplanies dans l’esprit du cardinal les difficultés qu’il
redoutait le plus, l’architecte apercevant encore ça et là quelques
peintures bien mondaines, proposa simplement de les vêtir à la grec-
que ou à la l’omaine, costumes, comme on sait, beaucoup plus con-
venables que les pantalons collans. Heureusement, le cardinal ami des
arts autant que de l’Église, s’opposa de même à la mutilation de fort
belles natures, et consentit seulement à ce que des auréoles placées
sur quelques têtes, fissent autant de saints ou de saintes de quelques
divinités trop égrillardes.
Pour le coup, le chevalier s’inclina d’une façon toute architecturale.
Puis comme il s’en revenait au Vatican avec Son Éminenco, la com-
plimentant des murmures approbateurs qui l’accueillaient à son pas-
sage, ce qui, disait-il, en chevalier poli, était un hommage populaire
de la tiare, tous deux purent apercevoir sur la statue de Pasquin un
mauvais quatrain dont le sens était que, quelque fût le pape, la voix
de Dieu ne serait point la voix du peuple.
Aussi, deux jours après, lors de la procession du conclave, on re-
remarqua que les tentures du palais Braselii couvraient, à dessein
sans doute, la statue de l’hérétique Pasquin.
Alfred Coudreux,
-æS$Sœ-
Tout ce qui concemc la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
boulevard Poissonnière , n. a5.
1 5 JANVIER 1851.
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aube ht ,
galerie Véro-Dodat.
POLITIQUE, MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
Caricature*.
SES rCKFES ET SES CHEFS-D’ŒUVRE SE SATAN, TOURNÉS AU
PROFIT SE XA CHRÉTIENTÉ.
Adonc, le pape mort, sans que l’Eglise ait été malade, et le conclave
se devant assembler, sans pour cela que l’Église en doive aller mieux,
ce fut pour l’architecte du palais Qtdrinal affaire aussi importante de
convenablement caserner le régiment catholique-apostolique-romain,
que pour la statue de Pasquin de le harceler de ses méchantes plaisan-
teries condamnables d’impiété.
Or, ce étant, M. Valadier, chevalier et architecte — car une pro-
fession n’empêche pas l’autre — M. Valadier, aussi fort sur son his-
toire romaine que M. Villemain sur celle d’Angleterre, s’avisa de
penser que de toutes les restaurations, l’impériale n’était pas la plus
médiocre, et que, somme toute, il pouvait ti’ouver une réputation
toute faite en appropriant aux nouvelles circonstances les localités
préparées autrefois pour l’impératrice Marie-Louise et son fils, alors
souverain de Rome sans conclave.
Mais M. Valadier, qüe son titre de chevalier élève de beaucoup,
comme on le pense bien, au-dessus des capacités d’architectes ordi-
naires , s’aperçut aux ornemens mondains qui révélaient la destination
première de ces lieux, de la difficulté qu’il éprouverait dans l’accom-
plissement de sa transfiguration architecturale. En ingénieur bon
chrétien, il jugea prudent pour le salut de son âme de s’éclairer des
lumières de quelque cardinal en odeur de sainteté, de celui par ex-
emple que l’on suppose généralement devoir être élu.
Aussi, avant de parcourir avec l’Éminence les galeries profanes,
M. le chevalier de l’ordre des architectes avait repassé quelques ou-
vrages moraux , tel celui de Larochefoucauld sur les pantalons appli-
qués aux danseuses, et fort de ses auteurs, il se proposait de faire des
prodiges religieux et romains.
Quant au luxe, rien ne fut a redire, si ce n est pour enrichir encore
cés immenses salles, phénomènes de splendeur et de somptuosité.
Mais quand advint le chapitre de ces secrets de la vie privée, em-
bellis chez les gi ands des charmes de la mollesse, des recherches
de la volupté, 1 architecte s empourpra comme un pilastre de granit et
commença son discours de réformes.
D’abord il offrit de détruire ces mystérieux boudoirs, séjour de rê-
vciics, a la lumière douteuse, a 1 air parfumé et aux moelleuses otto-
manes. Mais le cardinal l’en empêcha bien, prétendant qu'un futur
pape aimaitàse reposer tout, comme monarque de Rome ou de France.
Et le chevalier s’inclina.
De même fut pour les étuves des bains, ces salles élégantes et soli-
taires, que l’architecte jugeait inutiles pour le conclave, dont les mem-
bres au contraire paraissent des Messieurs fort propres,
De même alors le chevalier s’inclina.
Mais quelle fût sa surprise, quand offrant de remplacer par un ta-
bleau d’église celui de Diane surprise au bain, sa demande ne fût
acceptée qu’à la condition d’y faire succéder Suzanne, vue dans
l’eau belle et ravissante, par les deux vieillards ravis.
Néanmoins il s’inclina encore.
Quand il vit aplanies dans l’esprit du cardinal les difficultés qu’il
redoutait le plus, l’architecte apercevant encore ça et là quelques
peintures bien mondaines, proposa simplement de les vêtir à la grec-
que ou à la l’omaine, costumes, comme on sait, beaucoup plus con-
venables que les pantalons collans. Heureusement, le cardinal ami des
arts autant que de l’Église, s’opposa de même à la mutilation de fort
belles natures, et consentit seulement à ce que des auréoles placées
sur quelques têtes, fissent autant de saints ou de saintes de quelques
divinités trop égrillardes.
Pour le coup, le chevalier s’inclina d’une façon toute architecturale.
Puis comme il s’en revenait au Vatican avec Son Éminenco, la com-
plimentant des murmures approbateurs qui l’accueillaient à son pas-
sage, ce qui, disait-il, en chevalier poli, était un hommage populaire
de la tiare, tous deux purent apercevoir sur la statue de Pasquin un
mauvais quatrain dont le sens était que, quelque fût le pape, la voix
de Dieu ne serait point la voix du peuple.
Aussi, deux jours après, lors de la procession du conclave, on re-
remarqua que les tentures du palais Braselii couvraient, à dessein
sans doute, la statue de l’hérétique Pasquin.
Alfred Coudreux,
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Ohne Titel
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
H 531-1 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La caricature, 10-61.1831, S. 81
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg