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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1831 (Nr. 10-61)

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Numéro 17 (24 Février 1831)
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LA CARICATURE.

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lantes espérances. Elles furent relevées par Édouard le moscovite et
le marquis de Grippard qui ramenaient triomphant le souverain légi-
time depuis trop long-temps en disponibilité.

Tant que vécut l’homme du destin, Torquatus ne prit aucune des-
tination. Une forte pension secrète l’indemnisait des violentes
scènes d’ultracisme que le marquis croyait lui devoir faire en
public.

Mais une fois la gloire d’un demi-siècle recouverte d’un peu de
terre, Torquatus se laissa imposer le commandement d’un régiment.
Son frère répara ses anciens libelles en publiant les Cr imes secrets de
l'Ogre de Corse. Les Grippard, réunis par le manque de dissentions
savouraient en famille la volupté du nouveau Grand-Livre.

La bombe de juillet vint jeter la famille politique dans la plus
grande anxiété. La diplomatie du marquis ne pouvait rien démêler de
l’avenir dans un présent aussi brutal. Par précaution , la marquise fit
plusieurs cocardes. Son mari se rendit à Saint-Cloud, Edouard com-
manda une barricade populaire, et son cousin, après avoir écrit à Tor-
quatus de faire prendre à son régiment les couleurs tricolores,
composa une réfutation victorieuse de la naissance du duc de
Rordeaux.

Tant d’activité caméléonnienne n’était encore rien pour la gloire
des Grippard, et, la semaine dernière, la place de Saint-Germain-
l’Auxerrois a été le théâtre des prodiges du dévouement subdivisé.

Madame la marquise de Grippard, en grand deuil, taisait une
■quête en faveur des gardes royaux blessés pendant la cérémonie fu-
nèbre à laquelle assistait son époux, en habit vert-pomme et décoré
<le la croix de Saint-Louis. Mais bientôt il fut saisi au collet par un
garde national. C’était Édouard qui conduisit son oncle en lieu de
sûreté pendant que Grippard l’aîné excitait la population à jeter les
prêtres à l’eau.

Aujourd’hui, la famille politique n’est pas assez nombreuse pour
fournir des dévouemens à toutes les prétentions de l’époque. Grip-
pard aîné est préfet et Philippiste. Torquatus est colonel, criblé de
décorations et Ileichdatiste, Édouard est républicain hydrophobe et
M. le marquis est Carliste. Il est parti hier pour Holyrood. Aussi,
dans ses prévisions diplomatiques, il a prié son épouse de s’arranger
de façon à lui envoyer avant peu un petit Grippard , qui, élevé près
du duc de Bordeaux, fera dans quinze ans un puissant Henri-Quin-
tiste, capable de soutenir alors l’honneur de la famille.

Alfred Cotidreux.

L ARCHEVÊQUE A TOUJOURS ETE FARCEUR.

— Deux gardes nationaux. —

— L’Archevêque a toujours été farceur.

— Très-farceur même.

— Pour lors, il paraîtrait qu’on a contre lui des preuves?...

— Des preuves écrasantes.

— On a trouvé à l’Archevéché des abominations?

— Des vraies abominations. Il n’y avait que d’ça dans l’archi-épis-
copal. En livres, en soutanes, en bouteilles, en effets, en haut, en
bas, partout, enfin toujours des horreurs.

— Comment, c’est possible !

— Comme j’ai l’honneur de vous le dire. C’est au point, Monsieur,
qu’on a trouvé, dans un coin, bien caché.... (// lui parle basa
l’oreille.')

— Vraiment !!!!!!

(Ici un roulement et l’interlocuteur court aux armes.)

Le garde national resté seul : — Je n’ai pas entendu ce qu’il m’a
dit avec son air de mystère, mais c’est égal, ce devait être quelque
chose de bien profane, de bien répréhensible. Un archevêque, un
prélat !... Ah! faut-il qu’un prêtre soit un crocodile d’immoralité!

Voici comment les gens qui n’ont rien vu jugent un des meilleurs
vivans de l’époque. Us l’accablent de tous les reproches de leur igno-
rance. Au lieu que le peuple qui y était, qui s’est chargé, lui, du dé-
ménagement de l’archevêque, est plus indulgent à son égard. Il ne
l’accuse point, il ne crie point au scandale. Seulement il avoue avec
naïveté, et preuve en mains, que l'Archevêque a toujours été farceur.
(Voir la lithographie de Rafl’et.)

iantmstes.


LES BULLES DE SAVON *.

.Considérant qu’il est faux et calomnieux de dire que

le Gouvernement n’a pas accordé tout ce qu’il avait promis et tout ce
qu’on avait droit d’attendre de lui.

Considérant que la Charte est bien une vérité, puisque tout Français
est libre d’écrire ses opinions, •— pourvu qu’il ait seulement mille écus
de rente.

Considérant, qu’en raison du prix où est le beurre, le Gouverne-
ment est établi au meilleur marché possible.

Considérant, que si les maires ne sont pas nommés par le peuple,
ils le sont par le roi, — ce qui est absolument la même chose.

Considérant que les élections sont très-populaires, puisque le cens
a été diminué de 45 centimes.

Attendu qu’il est bien prouvé que nous jouissons de la meilleure
des. libertés,

Mandons et ordonnons , etc., etc.

En vertu de ce mandat, décerné (vu la gravité du cas) contre l’Au-
teur, contre l’Editeur et contre l’Imprimeur, les épreuves de la Cari-
cature représentant le Gouvernement qui s’amuse à lancer des bulles
de savon, sur chacune desquelles on lit une. belle promesse, ont été
saisies chez l’Éditeur, et la pierre chez l’Imprimeur....

Cet acte de rigueur prouve la force du pouvoir, et l’artiste sera
bien embarrassé, sans doute, pour justifier sa calomnieuse plaisan-
terie. Nous tiendrons nos lecteurs au courant de ce grave procès, qui
serait naturellement du domaine de la Caricature, quand même l’au-
teur du dessin en question ne serait pas le.gérant de cette feuille.

Notre promesse ne sera pas une bulle de savon ; mais probablement
cette affaire s’en ira comme nos espérances..... en fumée.

Charles Philipon.

* Les journaux ont annoncé que la lithographie connue sous ce nom avait
été publiée par la Caricature. Ce dessin , trop incorrect pour être donné à nos
abonnés, était publié par M. Albert, Editeur de notre journal, c’est ce qui a
donné lieu à l’erreur de nos confrères.
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