LA CARICATURE.
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le cri de la circonstance, je commandai le feu. Malheureusement un
seul coup de fusil partit, qui, sans atteindre personne , avertit les
brigands de notre présence et de leur situation critique.
Ils quittèrent leur repas.
Antoine Binet tira mon sabre et se jeta sur Diot. Le brigand ne tira
rien, mais il jeta Binet dans une des fondrières qui bordent les sites
pittoresques de notre contrée.
Binet est mort, et mort relativement à la patrie!
Pendant ce temps les deux autres chouans déchargèrent leurs cara-
bines contre nous. Ici j’aurais infailliblement péri, si je m’étais
trouvé à la place du chasseur Berzet, qui a reçu une balle dans l'es-
tomac.
Après avoir d’abord pourvu aux soins réclamés par l’humanité, nous
allions fondre sur les rebelles_tous trois avaient disparu.
En résumé, nous avons perdu deux hommes et nous n’avons pu en
saisir aucun-, mais nous avons pris à l’ennemi un pistolet, un sabot,
un gros bâton et un quartier de veau qu’il a laissé sur l’herbe , et qui
ont été ramassés par les gardes nationaux.
Relativement à ce que je viens de vous exposer, vertueux maire, il
me semble que toute la Bretagne, y compris la France, peut désor-
mais espérer la plus tranquille sécurité. Parole d honneur. Car enhn
les rebelles refusent d’en venir aux mains avec les troupes réglées ou
déréglées, et nul doute , si le hasard nous les fait rencontrer de nou-
veau , que nous ne nous en emparions, —toujours par hasard et re-
lativement à l’ordre public.
Si dans votre sagesse de maire, vous voulez bien juger convenable
de satisfaire au double devoir de la justice et de l’appétit, je vous en-
gage , digne et vertueux magistrat, à demander une croix d’honneur
pour l’héroïque Antoine Binet, et à venir prendre demain votre part
du quartier de veau que nous mangerons en triomphe, et relativement
auquel j’ai l’honneur d’être , etc.
Pud)ûî>e$.
L’ex-bey de Tittcry s’est rendu de Marseille à Toulon pour assister
aux fêtes du roi. A la soirée du préfet, il a fait plusieurs parties d’é-
carté, où il a perdu des sommes énormes. Il a paru extrêmement ai-
mable à toute la société. — Al. le comte Lobau va être nommé garde
LÏ
des sceaux. —Le vaisseau de l’état fait eau. —Il est une invention
bienfaisante que nos abonnés connaissent déjà, mais que nous rap-
pelons dans l’intérêt de leur santé, pour ceux qui en ont une.... à
soigner. C’est l’invention du Paraguay-Houx. Un morceau d’amadou
imbibé de cette liqueur et placé sur une dent malade, guérit à l’ins-
tant même la douleur la plus vive et la plus aiguë. On ne trouve le
véritable Paraguay-Roux, à Paris, que chez les inventeurs,
MM. Roux et Chais, pharmaciens, rue Montmartre, n° i45. Des dé-
pôts sont établis dans toutes les villes de France et les principales de
l’étranger. Demandez, faites-vous servir. — Maintenant, quand le
peuple prononce le nom d’un ministre, il ajoute toujours à l’eau. —
On a fait des pompiers les sots de l’armée. — Puisque la non-inter-
vention est le fort du faible de M. Sébastiani, il devrait bien ne plus
intervenir dans le conseil. — Le corps des ministres confie son entre-
tien au zèle des sapeurs-pompiers. — On nous écrit de Lisbonne :
« M. Bonhomme vit encore. » —Pour en finir avec la décoration de
juillet, on n’a pas changé le ruban 5 mais on a changé les chevaliers.
•— Avant d’être martyr , l’archevêque de Paris martyrise les âmes. —
i63 croix nouvelles ont cté distribuées à la dernière revue. On ne s’at-
tendait pas en Mai à voir encore les giboulées de Mars. — Il est ma-
lade le siège qui repose sur des seringues ! — M. l’archevêque de Pa-
ris devrait bien exorciser Satan et ses pompes. — La conspiration de
la co'onne est fondue. La statue ne l’est pas encore. — Et comment se
porte madame votre épouse? — J’ai eu, Monsieur, le malheur de la
perdre. — Ah ! c’est elle alors que j’ai vue affichée. —Eh non , elle est
morte. — Aujourd’hui, les amateurs d’émeutes sont des poules mouil-
lées. — Ou appellera désormais lt> rue de la Paix , rue de la Pompe. ■—
Le ministère a fait enlever les couronnes données à Napoléon et les a
gardées pour lui. — Le ministre des travaux publics propose de trans-
former la colonne Vendôme en une pompe à feu. — M. Persil devrait
bien faire afficher ses causes, car il les perd toutes.—M. S. Henri
Berthoud, rédacteur de la Gazette de Cambray, et de la réputation
duquel la poste apporte chaque semaine un fragment à Paris, par le
mérite nouveau qui distingue ses feuilletons, M. S. H. Berthoud vient
de publier les Chroniques et traditions surnaturelles de la Flandre.
Éditeur, Mme veuve Béchet. Volume de l’ouvrage, in-8°. Son prix,
7 fr. 5o c. Son genre, naïf, fantastique, terrible et gracieux. Son
style, celui de Marot, de Rabelais et de Jules Janin. — C’est l’usage
du clyssoir qui tient le teint si frais à M. Casimir Pompier. — Quand
le peuple a vu le gouvernement s’armer de la seringue , il lui a tourné
le dos. — Depuis son dernier clyslère, le Juste-Milieu est dans de vi-
lains draps. — L’apothicaire de la cour va publier une brochure dont
voici le titre : De la seringue appliquée au— gouvernement. L’auteur
traite à fond cette intéressante question : il l’envisage sous toutes les
faces et va droit au but. Cet ouvrage est susceptible de faire quelque
bruit ; en tout cas il ne peut passer inaperçu. — Les apothicaires ue
peuvent plus regarder le Juste-Milieu sans rire.—Les journalistes
préfèrent la ciguë au persil.—M. Persil dit qu’on le persiffle.—•
AI. Persil ne va jamais dans les émeutes, il craint d’être arrosé. —■
Al. Persil aime la rosée de cour. — Un peu de réciprocité, et le peuple
lâchera de l’eau sur les ministres. •—• Avec un gouvernement à meil-
leur marché, nous serions gouvernés sans pompe.
Le Gérant, Ch. PHILIPOiV.
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CONDITIONS D’ABONNEMENT :
La Caricature donne, par an, cent quatre lithographies exécutées par les Ar-
tistes les plus renommés. Chaque numéro, composé d’une feuille de texte et de
deux Lithographies , paraît très-exactement le jeudi.
L’Administration ne met pas dans le commerce les Lithographies du Journal.
Les Marchands ne pourront les obtenir qu’en s’abonnant.
Rota.
Les personnes qui recevraient des exemplaires froissés peuvent, au moyen de
l’action d’une presse à papier, faire disparaître les plis. Il faut avoir soin d’exposer
préalablement la feuille à l’humidité.
rotin TROIS MOIS, franc de port.13 fr.
POUR SIX MOIS, idem, ..26
TOUR ON AN, idem.52
1 franc de plus par trimestre pour l’étranger.
©n Êhuisrrit :
A Paris, en envoyant, franco, un bon sur la poste ou sur une maison <3e Paris, augiand
magasin de caricatures d’Aubert, passage Véro-Dodal. — A Lyon, chez Baron, libraire,
rue Clermont. — A Londres, chez Delaporte, Burlington arcade Piccadilly, corner of
Burlington garden. — A Strasbourg, chez Alexandre, dépositaire des journaux. — A
Bruxelles, chez Dero Becker, Montagne de la Cour, n° 17. — A Genève, chez Barbczat
et Compagnie, libraires.
IMPRIMERIE DE DEZAüCïIE? RUE DU ï’AUBOURG-MOIVTMA RTRE j N°
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le cri de la circonstance, je commandai le feu. Malheureusement un
seul coup de fusil partit, qui, sans atteindre personne , avertit les
brigands de notre présence et de leur situation critique.
Ils quittèrent leur repas.
Antoine Binet tira mon sabre et se jeta sur Diot. Le brigand ne tira
rien, mais il jeta Binet dans une des fondrières qui bordent les sites
pittoresques de notre contrée.
Binet est mort, et mort relativement à la patrie!
Pendant ce temps les deux autres chouans déchargèrent leurs cara-
bines contre nous. Ici j’aurais infailliblement péri, si je m’étais
trouvé à la place du chasseur Berzet, qui a reçu une balle dans l'es-
tomac.
Après avoir d’abord pourvu aux soins réclamés par l’humanité, nous
allions fondre sur les rebelles_tous trois avaient disparu.
En résumé, nous avons perdu deux hommes et nous n’avons pu en
saisir aucun-, mais nous avons pris à l’ennemi un pistolet, un sabot,
un gros bâton et un quartier de veau qu’il a laissé sur l’herbe , et qui
ont été ramassés par les gardes nationaux.
Relativement à ce que je viens de vous exposer, vertueux maire, il
me semble que toute la Bretagne, y compris la France, peut désor-
mais espérer la plus tranquille sécurité. Parole d honneur. Car enhn
les rebelles refusent d’en venir aux mains avec les troupes réglées ou
déréglées, et nul doute , si le hasard nous les fait rencontrer de nou-
veau , que nous ne nous en emparions, —toujours par hasard et re-
lativement à l’ordre public.
Si dans votre sagesse de maire, vous voulez bien juger convenable
de satisfaire au double devoir de la justice et de l’appétit, je vous en-
gage , digne et vertueux magistrat, à demander une croix d’honneur
pour l’héroïque Antoine Binet, et à venir prendre demain votre part
du quartier de veau que nous mangerons en triomphe, et relativement
auquel j’ai l’honneur d’être , etc.
Pud)ûî>e$.
L’ex-bey de Tittcry s’est rendu de Marseille à Toulon pour assister
aux fêtes du roi. A la soirée du préfet, il a fait plusieurs parties d’é-
carté, où il a perdu des sommes énormes. Il a paru extrêmement ai-
mable à toute la société. — Al. le comte Lobau va être nommé garde
LÏ
des sceaux. —Le vaisseau de l’état fait eau. —Il est une invention
bienfaisante que nos abonnés connaissent déjà, mais que nous rap-
pelons dans l’intérêt de leur santé, pour ceux qui en ont une.... à
soigner. C’est l’invention du Paraguay-Houx. Un morceau d’amadou
imbibé de cette liqueur et placé sur une dent malade, guérit à l’ins-
tant même la douleur la plus vive et la plus aiguë. On ne trouve le
véritable Paraguay-Roux, à Paris, que chez les inventeurs,
MM. Roux et Chais, pharmaciens, rue Montmartre, n° i45. Des dé-
pôts sont établis dans toutes les villes de France et les principales de
l’étranger. Demandez, faites-vous servir. — Maintenant, quand le
peuple prononce le nom d’un ministre, il ajoute toujours à l’eau. —
On a fait des pompiers les sots de l’armée. — Puisque la non-inter-
vention est le fort du faible de M. Sébastiani, il devrait bien ne plus
intervenir dans le conseil. — Le corps des ministres confie son entre-
tien au zèle des sapeurs-pompiers. — On nous écrit de Lisbonne :
« M. Bonhomme vit encore. » —Pour en finir avec la décoration de
juillet, on n’a pas changé le ruban 5 mais on a changé les chevaliers.
•— Avant d’être martyr , l’archevêque de Paris martyrise les âmes. —
i63 croix nouvelles ont cté distribuées à la dernière revue. On ne s’at-
tendait pas en Mai à voir encore les giboulées de Mars. — Il est ma-
lade le siège qui repose sur des seringues ! — M. l’archevêque de Pa-
ris devrait bien exorciser Satan et ses pompes. — La conspiration de
la co'onne est fondue. La statue ne l’est pas encore. — Et comment se
porte madame votre épouse? — J’ai eu, Monsieur, le malheur de la
perdre. — Ah ! c’est elle alors que j’ai vue affichée. —Eh non , elle est
morte. — Aujourd’hui, les amateurs d’émeutes sont des poules mouil-
lées. — Ou appellera désormais lt> rue de la Paix , rue de la Pompe. ■—
Le ministère a fait enlever les couronnes données à Napoléon et les a
gardées pour lui. — Le ministre des travaux publics propose de trans-
former la colonne Vendôme en une pompe à feu. — M. Persil devrait
bien faire afficher ses causes, car il les perd toutes.—M. S. Henri
Berthoud, rédacteur de la Gazette de Cambray, et de la réputation
duquel la poste apporte chaque semaine un fragment à Paris, par le
mérite nouveau qui distingue ses feuilletons, M. S. H. Berthoud vient
de publier les Chroniques et traditions surnaturelles de la Flandre.
Éditeur, Mme veuve Béchet. Volume de l’ouvrage, in-8°. Son prix,
7 fr. 5o c. Son genre, naïf, fantastique, terrible et gracieux. Son
style, celui de Marot, de Rabelais et de Jules Janin. — C’est l’usage
du clyssoir qui tient le teint si frais à M. Casimir Pompier. — Quand
le peuple a vu le gouvernement s’armer de la seringue , il lui a tourné
le dos. — Depuis son dernier clyslère, le Juste-Milieu est dans de vi-
lains draps. — L’apothicaire de la cour va publier une brochure dont
voici le titre : De la seringue appliquée au— gouvernement. L’auteur
traite à fond cette intéressante question : il l’envisage sous toutes les
faces et va droit au but. Cet ouvrage est susceptible de faire quelque
bruit ; en tout cas il ne peut passer inaperçu. — Les apothicaires ue
peuvent plus regarder le Juste-Milieu sans rire.—Les journalistes
préfèrent la ciguë au persil.—M. Persil dit qu’on le persiffle.—•
AI. Persil ne va jamais dans les émeutes, il craint d’être arrosé. —■
Al. Persil aime la rosée de cour. — Un peu de réciprocité, et le peuple
lâchera de l’eau sur les ministres. •—• Avec un gouvernement à meil-
leur marché, nous serions gouvernés sans pompe.
Le Gérant, Ch. PHILIPOiV.
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CONDITIONS D’ABONNEMENT :
La Caricature donne, par an, cent quatre lithographies exécutées par les Ar-
tistes les plus renommés. Chaque numéro, composé d’une feuille de texte et de
deux Lithographies , paraît très-exactement le jeudi.
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Les Marchands ne pourront les obtenir qu’en s’abonnant.
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Les personnes qui recevraient des exemplaires froissés peuvent, au moyen de
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préalablement la feuille à l’humidité.
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POUR SIX MOIS, idem, ..26
TOUR ON AN, idem.52
1 franc de plus par trimestre pour l’étranger.
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A Paris, en envoyant, franco, un bon sur la poste ou sur une maison <3e Paris, augiand
magasin de caricatures d’Aubert, passage Véro-Dodal. — A Lyon, chez Baron, libraire,
rue Clermont. — A Londres, chez Delaporte, Burlington arcade Piccadilly, corner of
Burlington garden. — A Strasbourg, chez Alexandre, dépositaire des journaux. — A
Bruxelles, chez Dero Becker, Montagne de la Cour, n° 17. — A Genève, chez Barbczat
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