353 --—LA CARICATURE. ->- 354
agiotant sur ladite conversion -, avoir grugé l’état de toutes les ma-
nières tout en jouant le désintéressement et le patriotisme à la
Curtius ;
8° Posséder, si c’est possible, quelques mines de houille, afin de
s’opposer éternellement, sous prétexte d’incompatibilité, à la réunion
de la France avec la Belgique, laquelle Belgique fournirait à la France
de la houille meilleure et de deux tiers moins chère : Cela est encore
dans l’intérct du peuple;
9° Avoir en horreur toutes les révolutions, excepté celle de 1688;
et, en véritable patriote, ne vouloir, pour la France , que le gouver-
nement anglais ;
io° Avoir toujours vécu du budget, soi ou les siens ;
11° Avoir violé, par soi ou par les siens, au moins deux douzaines
de sermens ;
i2° Etre disposé à en violer deux douzaines encore, mais pas da-
vantage;
i3° Et enfin , à défaut de ces antécédens politiques, pouvoir avaler
une couleuvre ou un sabre, sans se gêner et comme preuve de son
aptitude à la jonglerie.
Tous les candidats ci-dessus indiqués éiant une fois placés, s’il ar-
rive, par un hasard, fort peu probable, qu’il reste parmi les hauts
législateurs quelques sièges vacans dont nous ne sachions que faire,
nous les donnerons de préférence à des hommes de talent qui auront
rendu d’immenses services à la patrie.
Enfin, pour conserver à la chambre haute toute la splendeur dont
elle a besoin , l’institution des majorais est maintenue. Tout pair de
France devra jouir d’au moins cinquante mille livres de rente, afin
que le peuple soit heureux.
Dans le cas où sa fortune personnelle serait insuffisante , ladite
somme sera complétée aux dépens dudit peuple , afin qu’il soit encore
plus heureux.
Donné à Charcnton, etc.
Signé: etc.
Pour copie conforme à l’original,
Derville ,
Donneur de douches à Charenton.
— N05 90 EX 9t. —
Ces deux dessins forment la basse-cour politique. Nous n’avons re-
gardé à aucun sacrifice pour que le tirage et surtout le coloris répon-
dissent à la réputation que les artistes ont déjà faite à cette mordante
satire de notre camarade Grandville.
Un des numéros prochains publiera le Charenton politique, com-
posé et exécuté par le même artiste.
Ucmcsts.
LE TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNELLE
Venez les voir : c’est l’heure où leur salle est ouverte;
Leur triste amphithéâtre est une table verte,
Où quatre opérateurs, d’un œil inattentif,
Sous le scalpel des lois dissèquent l’homme vif ;
A l’ignoble chantier où Dupin les convie ,
Ces manœuvres hideux viennent gagner leur vie.
Un squalide recors range sur l’établi
Le code où la raison est vouée à l’oubli,
La plume criminelle et la fausse balance;
Déjà l’huissier criard, dieu bruyant du silence ,
Entonne le verset d’introït : chapeau bas !
A l’aspect des Dagons étranglés de rabats,
On ordonne soudain de fermer les croisées ;
Car ils craignent de voir les maisons pavoisées ,
Et le drapeau flottant qui jette ses couleurs
Sur le marché voisin, mosaïque de fleurs.
Les sbires pourvoyeurs, limiers de bonne race ,
Présentent pour fournée au tribunal vorace
Des grappes de filous que, par amusement,
Quatre juges distraits égrainent en dormant;
Puis, ces forbans de nuit que la famine ronge ,
Qui, dans tous les forfaits, boivent comme l’éponge,
Ces immondes clicns des repaires vineux,
Que vingt fois la menotte a flétris de ses nœuds,
Innombrable bétail que Desmortiers rallie ,
Qu’une grande cité garde comme une lie,
Locataires sans bail des cachots de Paris ,
De Vomitives chairs , de hideux mets nourris,
Qui, sans rien prélever de leurs peines futures ,
Préludent à l’arrêt par six mois de tortures.
Leur histoire est écrite en un simple dossier;
En entendant leurs noms que décline l’huissier,
Le juge, coudoyant scs trois dormeurs intimes ,
Condamne en un clin-d’œil les banales victimes.
agiotant sur ladite conversion -, avoir grugé l’état de toutes les ma-
nières tout en jouant le désintéressement et le patriotisme à la
Curtius ;
8° Posséder, si c’est possible, quelques mines de houille, afin de
s’opposer éternellement, sous prétexte d’incompatibilité, à la réunion
de la France avec la Belgique, laquelle Belgique fournirait à la France
de la houille meilleure et de deux tiers moins chère : Cela est encore
dans l’intérct du peuple;
9° Avoir en horreur toutes les révolutions, excepté celle de 1688;
et, en véritable patriote, ne vouloir, pour la France , que le gouver-
nement anglais ;
io° Avoir toujours vécu du budget, soi ou les siens ;
11° Avoir violé, par soi ou par les siens, au moins deux douzaines
de sermens ;
i2° Etre disposé à en violer deux douzaines encore, mais pas da-
vantage;
i3° Et enfin , à défaut de ces antécédens politiques, pouvoir avaler
une couleuvre ou un sabre, sans se gêner et comme preuve de son
aptitude à la jonglerie.
Tous les candidats ci-dessus indiqués éiant une fois placés, s’il ar-
rive, par un hasard, fort peu probable, qu’il reste parmi les hauts
législateurs quelques sièges vacans dont nous ne sachions que faire,
nous les donnerons de préférence à des hommes de talent qui auront
rendu d’immenses services à la patrie.
Enfin, pour conserver à la chambre haute toute la splendeur dont
elle a besoin , l’institution des majorais est maintenue. Tout pair de
France devra jouir d’au moins cinquante mille livres de rente, afin
que le peuple soit heureux.
Dans le cas où sa fortune personnelle serait insuffisante , ladite
somme sera complétée aux dépens dudit peuple , afin qu’il soit encore
plus heureux.
Donné à Charcnton, etc.
Signé: etc.
Pour copie conforme à l’original,
Derville ,
Donneur de douches à Charenton.
— N05 90 EX 9t. —
Ces deux dessins forment la basse-cour politique. Nous n’avons re-
gardé à aucun sacrifice pour que le tirage et surtout le coloris répon-
dissent à la réputation que les artistes ont déjà faite à cette mordante
satire de notre camarade Grandville.
Un des numéros prochains publiera le Charenton politique, com-
posé et exécuté par le même artiste.
Ucmcsts.
LE TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNELLE
Venez les voir : c’est l’heure où leur salle est ouverte;
Leur triste amphithéâtre est une table verte,
Où quatre opérateurs, d’un œil inattentif,
Sous le scalpel des lois dissèquent l’homme vif ;
A l’ignoble chantier où Dupin les convie ,
Ces manœuvres hideux viennent gagner leur vie.
Un squalide recors range sur l’établi
Le code où la raison est vouée à l’oubli,
La plume criminelle et la fausse balance;
Déjà l’huissier criard, dieu bruyant du silence ,
Entonne le verset d’introït : chapeau bas !
A l’aspect des Dagons étranglés de rabats,
On ordonne soudain de fermer les croisées ;
Car ils craignent de voir les maisons pavoisées ,
Et le drapeau flottant qui jette ses couleurs
Sur le marché voisin, mosaïque de fleurs.
Les sbires pourvoyeurs, limiers de bonne race ,
Présentent pour fournée au tribunal vorace
Des grappes de filous que, par amusement,
Quatre juges distraits égrainent en dormant;
Puis, ces forbans de nuit que la famine ronge ,
Qui, dans tous les forfaits, boivent comme l’éponge,
Ces immondes clicns des repaires vineux,
Que vingt fois la menotte a flétris de ses nœuds,
Innombrable bétail que Desmortiers rallie ,
Qu’une grande cité garde comme une lie,
Locataires sans bail des cachots de Paris ,
De Vomitives chairs , de hideux mets nourris,
Qui, sans rien prélever de leurs peines futures ,
Préludent à l’arrêt par six mois de tortures.
Leur histoire est écrite en un simple dossier;
En entendant leurs noms que décline l’huissier,
Le juge, coudoyant scs trois dormeurs intimes ,
Condamne en un clin-d’œil les banales victimes.