LA CARICATURE.
-__-- 277
Or, donc, à mesure qu’un chien approchait avec cette confiance qui
caractérise la race , un bipède à figure sinistre saisissait le quadrupède
curieux , le lançait dans la charrette, et le chien avait vécu.
Apres celui-là, un autre; après ceux-là, d’autres, et tout cela sans
bruit, sans efforts, sans cris, et cependant chaque saut, chaque
chien de moins pour la vie. —-Car une toile épaisse cachait les con-
vulsions de ces victimes de l’amour et de la police; un individu blotti
dans la voiture les étranglait à leur arrivée par manière de salutation.
Comme on voit, jusque là tout allait bien, excepté pour les chiens,
quand un incident vint troubler l’exécution de cette nouvelle gentil-
lesse d’ordre public.
Dans un moment de disette canine , où la quantité des vivans dimi-
nuait en raison de celle des morts, celui chargé de les appréhender au
corps pour les lancer dans l’éternité, s’avisa d’aller prendre comme
délinquant un chien paisible, qui, assis sur le seuil d’une boutique,
regardait aller les passans.
Voyant faire violence à Azor, sa maîtresse court voir ce qu’on lui
veut, le mari court après sa femme, l’enfant court après son papa;
les voisins arrivent, les passans s’arrêtent, on crie, on jure, on
pleure, on s’informe, et bientôt la voiture renversée fait rouler sur le
pavé seize cadavres de chiens.
Une pareille cruauté criait vengeance. Deux agens de police pour
les seize meurtres parurent une compensation suffisante, faute de
mieux, et on les chercha. Mais ils s’étaient évadés.
Alors, tous les marteaux mis à contribution , la guillotine roulante
fut brisée, et un superbe feu de joie célébra ce grand crime. Malheu-
reusement il ne rendit la vie à aucun chien, pas même à 1 infortuné
Azor que sa maîtresse emporta lamentablement dans ses bras, voulant
faire empailler sans doute ce triste monument de férocité préfectoriale.
Hein ri B.
|Jod)rtî>C$.
•—D’après l’ensemble des nouvelles, il paraît que, atteint du cho-
léra-morbus, Diébitsch s’est brûlé la cervelle de désespoir en se voyant
278
saisi d’apoplexie.—Dimanche pi’ochain les Bédouins se promèneront
à Tivoli. Le public est prié de ne pas y toucher. — La police court
après le bâton. —Depuis qu’il est roi, dont Pedro II porte des culottes
et ne mange plus de bouillie. —M. Dudon n’avait jamais songé à
prendre les cannes. — Un double suicide en miniature vient d’attris-
ter les riantes allées du Bois de Boulogne. Contrariés dans leur jeune
volonté d’amour, deux amans se sont détruits ensemble; l’un avait
dix-sept ans et sa maîtresse quatorze : cette dernière était actrice chez
M. Comte. —Entre l’Oseille et le Chicotin, le juste-milieu c’est le
Persil. — Le biberon Diébitsch voulait mettre les Polonais en pièces,
lorsque la mort est venue le mettre en Lierre. — Quand M. Vivien voit
une canne, il a la chair de poule. —Vendredi, un agent de police
était appelé à la cour d’assises comme témoin. Un de ses confrères ré-
pondit à l’audience qu’il ne pouvait comparaître, voyageant à la suite
du roi. Il n’a pas ajouté en quelle qualité. — M. Sébastiani entend la
messe comme un diplomate, la diplomatie comme un général, et la
guerre comme un abbé. — Les chiens et les cannes sont les bêtes
noires de M. Vivien. —Pour punir Nicolas d’avoir insulté la France,
M. Sébastiani lui envoie le Moniteur. —M. Comte et sa petite troupe
vont passer à Bio-Janeiro pour y prendre possession du théâtre royal.
•—Leur dédain pour les patriotes c’est la morgue. —M. Casimir Per-
rier a la colérine treize mois de l’année.—Les habitans de Saint-Pé-
tersbourg demandaient une constitution , Nicolas leur a octroyé les
omnibus. — Lorsque don Pedro II fut ceint de l’épée de son père, un
Brésilien demanda qui l’avait attaché à cette épée-là. — Une pièce de
quarante-huit ayant nuitamment disparu de Vincennes, M. Vivien a
fait saisir les cannes dans l’espoir de la retrouver. —Les Russes com-
mencent à manquer de munitions; le gouvernement va leur envoyer
les cannes saisies.—'Une dame de Madrid a conspiré. Pour une femme
le ministre demande grâce et Ferdinand la corde. —En annonçant le
suicide de deux enfans, la Quotidienne prétend que si on élevait
mieux la jeunesse, elle saurait qu’on n’a la permission de se détruire
qu’après vingt-un ans. —A la nouvelle de la chute de don Miguel,
M. Casimir Perrier lui a offert l’emploi de procureur du roi. ■—. Hier
le préfet de police a déjeûné avec des têtes de cannes aux navets. —
Un piéton écossais , Mac-Millen, a gagné deux fois de suite le pari de
parcourir en vingt-quatre heures cent milles, dont trente à reculons.
Mac-Millen pourrait lutter avec ces messieurs dans la marche rétro-
grade.
La seconde édition de la Caiuture a paru. La collection des vingt-
six premiers numéros, composant le premier semestre de ce journal,
forme un volume élégamment relié, qui se trouve au grand magasin
de Caricatures d’Aubert. Prix : 3a francs, franco.
Le Gérant, Ch. PHILIPON.
CONDITIONS D’ABONNEMENT :
La Caricature donne, par an, cent quatre lithographies exécutées par les Ar-
tistes les plus renommes. Chaque numéro, composé d’une feuille de texte et de
deux Lithographies, paraît très-exactement le jeudi.
L’Administration ne met pas dans le commerce les Lithographies du Journal.
Les Marchands ne pourront les obtenir qu’en s’abonnant.
iîota.
Les personnes qui recevraient des exemplaires froissés peuvent, au moyen de
l’action d’une presse à papier, faire disparaître les plis. Il faut avoir soin d’exposer
préalablement la feuille à l’humidité.
POUR TP.OIS MOIS , franc de port.13 fr.
POUR SIX MOIS, idem.26
POUR UN AN, idem.62
1 franc de plus par trimestre pour l’étranger.
©n Souscrit :
A Paris, en envoyant, franco, un bon sur la poste ou sur une maison de Paris, au grand
magasin de caricatures d’Aubert, passage Ve’ro-Dodat — A Lyon, chez Baron, libraire,
rue Clermont. ■— A Londres, chez Delaporte, Burlington arcade Piccadilly, corner of
Burlington garden. — A Strasbourg, chez Alexandre, dépositaire des journaux. A
Bruxelles, chez Dero Becker, Montagne de la Cour, n° 17.— A Genèye, chez Barbezat
et Compagnie, libraires.
IMPRIMERIE DE DEZAUCIIE, RUE DU FAUBOURG-MONTMARTRE, N° H.
-__-- 277
Or, donc, à mesure qu’un chien approchait avec cette confiance qui
caractérise la race , un bipède à figure sinistre saisissait le quadrupède
curieux , le lançait dans la charrette, et le chien avait vécu.
Apres celui-là, un autre; après ceux-là, d’autres, et tout cela sans
bruit, sans efforts, sans cris, et cependant chaque saut, chaque
chien de moins pour la vie. —-Car une toile épaisse cachait les con-
vulsions de ces victimes de l’amour et de la police; un individu blotti
dans la voiture les étranglait à leur arrivée par manière de salutation.
Comme on voit, jusque là tout allait bien, excepté pour les chiens,
quand un incident vint troubler l’exécution de cette nouvelle gentil-
lesse d’ordre public.
Dans un moment de disette canine , où la quantité des vivans dimi-
nuait en raison de celle des morts, celui chargé de les appréhender au
corps pour les lancer dans l’éternité, s’avisa d’aller prendre comme
délinquant un chien paisible, qui, assis sur le seuil d’une boutique,
regardait aller les passans.
Voyant faire violence à Azor, sa maîtresse court voir ce qu’on lui
veut, le mari court après sa femme, l’enfant court après son papa;
les voisins arrivent, les passans s’arrêtent, on crie, on jure, on
pleure, on s’informe, et bientôt la voiture renversée fait rouler sur le
pavé seize cadavres de chiens.
Une pareille cruauté criait vengeance. Deux agens de police pour
les seize meurtres parurent une compensation suffisante, faute de
mieux, et on les chercha. Mais ils s’étaient évadés.
Alors, tous les marteaux mis à contribution , la guillotine roulante
fut brisée, et un superbe feu de joie célébra ce grand crime. Malheu-
reusement il ne rendit la vie à aucun chien, pas même à 1 infortuné
Azor que sa maîtresse emporta lamentablement dans ses bras, voulant
faire empailler sans doute ce triste monument de férocité préfectoriale.
Hein ri B.
|Jod)rtî>C$.
•—D’après l’ensemble des nouvelles, il paraît que, atteint du cho-
léra-morbus, Diébitsch s’est brûlé la cervelle de désespoir en se voyant
278
saisi d’apoplexie.—Dimanche pi’ochain les Bédouins se promèneront
à Tivoli. Le public est prié de ne pas y toucher. — La police court
après le bâton. —Depuis qu’il est roi, dont Pedro II porte des culottes
et ne mange plus de bouillie. —M. Dudon n’avait jamais songé à
prendre les cannes. — Un double suicide en miniature vient d’attris-
ter les riantes allées du Bois de Boulogne. Contrariés dans leur jeune
volonté d’amour, deux amans se sont détruits ensemble; l’un avait
dix-sept ans et sa maîtresse quatorze : cette dernière était actrice chez
M. Comte. —Entre l’Oseille et le Chicotin, le juste-milieu c’est le
Persil. — Le biberon Diébitsch voulait mettre les Polonais en pièces,
lorsque la mort est venue le mettre en Lierre. — Quand M. Vivien voit
une canne, il a la chair de poule. —Vendredi, un agent de police
était appelé à la cour d’assises comme témoin. Un de ses confrères ré-
pondit à l’audience qu’il ne pouvait comparaître, voyageant à la suite
du roi. Il n’a pas ajouté en quelle qualité. — M. Sébastiani entend la
messe comme un diplomate, la diplomatie comme un général, et la
guerre comme un abbé. — Les chiens et les cannes sont les bêtes
noires de M. Vivien. —Pour punir Nicolas d’avoir insulté la France,
M. Sébastiani lui envoie le Moniteur. —M. Comte et sa petite troupe
vont passer à Bio-Janeiro pour y prendre possession du théâtre royal.
•—Leur dédain pour les patriotes c’est la morgue. —M. Casimir Per-
rier a la colérine treize mois de l’année.—Les habitans de Saint-Pé-
tersbourg demandaient une constitution , Nicolas leur a octroyé les
omnibus. — Lorsque don Pedro II fut ceint de l’épée de son père, un
Brésilien demanda qui l’avait attaché à cette épée-là. — Une pièce de
quarante-huit ayant nuitamment disparu de Vincennes, M. Vivien a
fait saisir les cannes dans l’espoir de la retrouver. —Les Russes com-
mencent à manquer de munitions; le gouvernement va leur envoyer
les cannes saisies.—'Une dame de Madrid a conspiré. Pour une femme
le ministre demande grâce et Ferdinand la corde. —En annonçant le
suicide de deux enfans, la Quotidienne prétend que si on élevait
mieux la jeunesse, elle saurait qu’on n’a la permission de se détruire
qu’après vingt-un ans. —A la nouvelle de la chute de don Miguel,
M. Casimir Perrier lui a offert l’emploi de procureur du roi. ■—. Hier
le préfet de police a déjeûné avec des têtes de cannes aux navets. —
Un piéton écossais , Mac-Millen, a gagné deux fois de suite le pari de
parcourir en vingt-quatre heures cent milles, dont trente à reculons.
Mac-Millen pourrait lutter avec ces messieurs dans la marche rétro-
grade.
La seconde édition de la Caiuture a paru. La collection des vingt-
six premiers numéros, composant le premier semestre de ce journal,
forme un volume élégamment relié, qui se trouve au grand magasin
de Caricatures d’Aubert. Prix : 3a francs, franco.
Le Gérant, Ch. PHILIPON.
CONDITIONS D’ABONNEMENT :
La Caricature donne, par an, cent quatre lithographies exécutées par les Ar-
tistes les plus renommes. Chaque numéro, composé d’une feuille de texte et de
deux Lithographies, paraît très-exactement le jeudi.
L’Administration ne met pas dans le commerce les Lithographies du Journal.
Les Marchands ne pourront les obtenir qu’en s’abonnant.
iîota.
Les personnes qui recevraient des exemplaires froissés peuvent, au moyen de
l’action d’une presse à papier, faire disparaître les plis. Il faut avoir soin d’exposer
préalablement la feuille à l’humidité.
POUR TP.OIS MOIS , franc de port.13 fr.
POUR SIX MOIS, idem.26
POUR UN AN, idem.62
1 franc de plus par trimestre pour l’étranger.
©n Souscrit :
A Paris, en envoyant, franco, un bon sur la poste ou sur une maison de Paris, au grand
magasin de caricatures d’Aubert, passage Ve’ro-Dodat — A Lyon, chez Baron, libraire,
rue Clermont. ■— A Londres, chez Delaporte, Burlington arcade Piccadilly, corner of
Burlington garden. — A Strasbourg, chez Alexandre, dépositaire des journaux. A
Bruxelles, chez Dero Becker, Montagne de la Cour, n° 17.— A Genèye, chez Barbezat
et Compagnie, libraires.
IMPRIMERIE DE DEZAUCIIE, RUE DU FAUBOURG-MONTMARTRE, N° H.