DOI Heft:
Numéro 53 (5 Novembre 1831) Planches 106/107
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.13564#0261
—— Numéro 55. —•
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Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. ig.
cast'igat ridendo MORES.
— 5 NOVEMBRE
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aui>E«T,
galerie Véro-Dodat.
MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AVIS.
On trouvera chez M. Aubert tous les anciens numéros de là Cari-
cature au prix ordinaire de Vabonnement, jusqu au icr janvier i83t.
A cette époque, le prix des 5a numéros sera doublé.
DOUZIÈME SAISIE
PRATIQUÉE CHEZ M. AUBERT.
J’en suis été saisie !
[Ma femme de ménage.)
Traviez nous donna un jour le portrait du peuple (non du peuple
des trois jours, il est en léthargie), du peuple de la meilleure des ré-
publiques, de ce peuple de qui Casimir Delavigne a dit :
Peuple affranchi dont le bonheur commence,
Croise tes bras après ton œuvre immense !
Peuple, repose-toi !
De ce bon peuple qui se repose sur des promesses, qui croise ses bras
en voyant entrer en France des fusils étrangers, eu voyant ainsi sor-
tir des millions qu’il pourrait gagner par son travail. De cet heureux
peuple dont le bonheur commence à devenir trop lourd. De ce peuple
affranchi qu’on assomme quand il met les couleurs nationales à son
chapeau. Du peuple joyeux qui déborde de toutes ces maisons noires
et démeublées, qui coule sur les ponts et qu’on pèche dessous. De ce
peuple fortuné dont le concierge de la Morgue, son héritier, son der-
nier maître, rejette les haillons dans la rivière.
Ce portrait, qu’un ministre ne doit pas regarder sans rougir, un
philosophe sans pleurer, un patriote sans frémir de rage, ce portrait,
que tout Paris a trouvé désespérant de ressemblance, a été saisi !!
Nous en sommes surpris sans doute, mais nous nous en réjouissons.
Assez long-temps le ministère public ne s’est occupé que de défendre la
personne du monarque, nous aimons à le voir aujourd’hui soutenir la
dignité du peuple qui fait et défait les rois, du peuple notre maître
à tous, princes ou caricaturistes; du peuple qui a autant de droits
que personne à être flatté, à être toujours représenté peigné, décrotté
et luisant de pommade; du peuple qui n’est pas précisément invio-
lable, mais qui paie assez largement pour être défendu, servi, et
surtout respecté.
Une condamnation pour outrage ou pour injure au peuple souve-
rain sera un précédent que nous ne serons pas fâché d’établir même
à nos dépens, car il ouvrira la voie à certaine responsabilité qui alors
SERA DÉSORMAIS USE VÉRITÉ.
Ch. Phii.ipon.
Caricatures.
LA LISTE CIVILE DU ROI D’YVETOT,
Il y a rois et rois, comme il y a drapis et draps.
En voulez-vous un dans les Elbeufs, dans les Louviers, dans lës
Sedarîs? Mettez-y beaucoup d’argent, et vous aurez du beau ; peu so-
lide , il est vrai ; mais de belle apparence : doux au toucher, brillant
à l’œil.
S’il a quelques faux plis, vous les ferez disparaître au moyen de la
presse.
Au contraire , vous plaît-il essayer d’un drap de résistance , sans
apprêt et sans faux luisant, qui vous dure le diable, et qu’après peu
de temps, vous ne soyez point dans la nécessité de mettre aux éque-
villons , de changer contre un neuf, ou tout au moins de faire battre
et nettoyer ? prenez-moi ça dans les cuirs-laines, dans les ratines ou
dans les bouracans. C’est simple, c’est peuple, c’est sans façon ; mais
c’est solide et bon ; et ça coûte fort peu.
Consultez donc votre bourse , vous qui voulez rois et habits ; vous
qui ne voulez être sans-culottes d’aucune façon. Tout dépend du prix
qu’on y met.
Or, quand il s’agit des rois, ce prix s'appelle liste civile.
A l’heure qu’il est, c’est le fond de toutes les conversations, c’est le
thème de tous les journaux. Il s’agit de savoir ce que nous coûtera no-
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Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. ig.
cast'igat ridendo MORES.
— 5 NOVEMBRE
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aui>E«T,
galerie Véro-Dodat.
MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AVIS.
On trouvera chez M. Aubert tous les anciens numéros de là Cari-
cature au prix ordinaire de Vabonnement, jusqu au icr janvier i83t.
A cette époque, le prix des 5a numéros sera doublé.
DOUZIÈME SAISIE
PRATIQUÉE CHEZ M. AUBERT.
J’en suis été saisie !
[Ma femme de ménage.)
Traviez nous donna un jour le portrait du peuple (non du peuple
des trois jours, il est en léthargie), du peuple de la meilleure des ré-
publiques, de ce peuple de qui Casimir Delavigne a dit :
Peuple affranchi dont le bonheur commence,
Croise tes bras après ton œuvre immense !
Peuple, repose-toi !
De ce bon peuple qui se repose sur des promesses, qui croise ses bras
en voyant entrer en France des fusils étrangers, eu voyant ainsi sor-
tir des millions qu’il pourrait gagner par son travail. De cet heureux
peuple dont le bonheur commence à devenir trop lourd. De ce peuple
affranchi qu’on assomme quand il met les couleurs nationales à son
chapeau. Du peuple joyeux qui déborde de toutes ces maisons noires
et démeublées, qui coule sur les ponts et qu’on pèche dessous. De ce
peuple fortuné dont le concierge de la Morgue, son héritier, son der-
nier maître, rejette les haillons dans la rivière.
Ce portrait, qu’un ministre ne doit pas regarder sans rougir, un
philosophe sans pleurer, un patriote sans frémir de rage, ce portrait,
que tout Paris a trouvé désespérant de ressemblance, a été saisi !!
Nous en sommes surpris sans doute, mais nous nous en réjouissons.
Assez long-temps le ministère public ne s’est occupé que de défendre la
personne du monarque, nous aimons à le voir aujourd’hui soutenir la
dignité du peuple qui fait et défait les rois, du peuple notre maître
à tous, princes ou caricaturistes; du peuple qui a autant de droits
que personne à être flatté, à être toujours représenté peigné, décrotté
et luisant de pommade; du peuple qui n’est pas précisément invio-
lable, mais qui paie assez largement pour être défendu, servi, et
surtout respecté.
Une condamnation pour outrage ou pour injure au peuple souve-
rain sera un précédent que nous ne serons pas fâché d’établir même
à nos dépens, car il ouvrira la voie à certaine responsabilité qui alors
SERA DÉSORMAIS USE VÉRITÉ.
Ch. Phii.ipon.
Caricatures.
LA LISTE CIVILE DU ROI D’YVETOT,
Il y a rois et rois, comme il y a drapis et draps.
En voulez-vous un dans les Elbeufs, dans les Louviers, dans lës
Sedarîs? Mettez-y beaucoup d’argent, et vous aurez du beau ; peu so-
lide , il est vrai ; mais de belle apparence : doux au toucher, brillant
à l’œil.
S’il a quelques faux plis, vous les ferez disparaître au moyen de la
presse.
Au contraire , vous plaît-il essayer d’un drap de résistance , sans
apprêt et sans faux luisant, qui vous dure le diable, et qu’après peu
de temps, vous ne soyez point dans la nécessité de mettre aux éque-
villons , de changer contre un neuf, ou tout au moins de faire battre
et nettoyer ? prenez-moi ça dans les cuirs-laines, dans les ratines ou
dans les bouracans. C’est simple, c’est peuple, c’est sans façon ; mais
c’est solide et bon ; et ça coûte fort peu.
Consultez donc votre bourse , vous qui voulez rois et habits ; vous
qui ne voulez être sans-culottes d’aucune façon. Tout dépend du prix
qu’on y met.
Or, quand il s’agit des rois, ce prix s'appelle liste civile.
A l’heure qu’il est, c’est le fond de toutes les conversations, c’est le
thème de tous les journaux. Il s’agit de savoir ce que nous coûtera no-