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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 13.1876

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Mézières, Alfred Jean François: Michel-Ange: poète
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https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0219

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208

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

« Amants, fuyez l’amour, fuyez le feu; son incendie est âpre et la
blessure est mortelle. Dès qu’on a reçu son premier choc, ni force, ni
raison, ni changement de lieu ne peuvent rien.

« Fuyez; je ne suis pas un petit exemple de ce que peuvent un bras
cruel, un trait aiguisé ; lisez sur mon visage votre mal, ce que sera ce jeu
impie et impitoyable.

« Fuyez, sans tarder, au premier regard; moi qui ai pensé en tout
temps avoir la paix, je sens et vous voyez comme je bride l. »

L’amitié ne fait pas naître de telles réflexions. Il ne s’établit pas non
plus entre amis une union aussi intime que celle qui est décrite par
Michel-Ange dans les vers suivants :

S’un casto amor, s’una pietà superna,

S’una fortuna infra du a amanti equale,

S’un aspra sorte all’un dell’ altro cale,

S’un spirto, s’un voler duo cor governa;

S’un anima in duo corpi è fatta eterna,

Ambo levando al cielo e con pari ale;

S’amor d’un colpo et d’un dorato strale
Le viscier di duo petti arda e discierna ;

S’amar l’un l’altro, e nessun se medesmo,

D’un gusto e d’un diletto, a tal mercede,

C’a un fin voglia l’uno e l’ailro porre;

Se mille e mille non sarien centesmo
A tal nodo d’amore, a tanta fede;

E sol Tisdegnio il puô rompere e sciorre?

« S’il y a un chaste amour, une piété supérieure, une fortune égale
entre deux amants, si le sort cruel qui frappe l’un frappe aussi l’autre,
si un seul esprit, une seule volonté, gouvernent deux cœurs ;

« Si une âme est faite éternelle en deux corps, les élevant tous deux
au ciel sur des ailes égales ; si l’amour, d’un seul coup et d’un même trait
doré, brûle et déchire profondément deux seins;

u Si s’aimer l’un et l’autre, sans qu’aucun des deux s’aime soi-même,
avec tant de plaisir et de bonheur, de telle manière que l’un et l’autre
aspirent à la même lin;

« Si des milliers et des milliers de choses ne seraient pas la centième
partie de ce que vaut un tel nœud cl’amour, une si grande foi, la colère
pourrait-elle briser et dénouer de tels nœuds2? »

1. Son. 80.

2. So?i. 32.
 
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