Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 13.1876)

FRANCISCO GOYA1

uelques mois après sa nomination à
l’Académie, Goya était appelé à Sara-
gosse pour concourir, sous la direction
de son beau-frère Francisco Bayeu, à
la décoration du sanctuaire de Notre-
Dame del Pilar. Une coupole et ses
pendentifs étaient échus en partage à
Goya. Pour se conformer aux conditions
expressément déterminées par le Cha-
pitre, l’artiste dut lui présenter des
esquisses très-arrêtées de l’ensemble de
sa décoration. Ses projets ne plurent qu’à demi. Le Chapitre les renvoya
au peintre en lui demandant de les modifier et de prendre auparavant
les conseils de Bayeu. Très-irrité de cet échec dont il imputa la cause à
la jalousie de son beau-frère, Goya refusa d’abord d’accéder aux exi-
gences imposées et, plus résolûment encore, de soumettre ses esquisses à
l’homme qu’il regarda dès lors comme un ennemi acharné. La querelle
s’envenimait; d’utiles amitiés s’entremirent et obtinrent à la fin du fou-
gueux artiste qu’il fît quelques concessions. Goya apporta donc au Cha-
pitre ses esquisses légèrement modifiées ; de son côté, celui-ci se tint
pour suffisamment satisfait et la paix se trouva signée.

En avril 1781, Goya commençait ses fresques qu’il terminait au mois
de juin de la même année. Malgré la grandeur de la tâche, on voit que
Goya mena très-vite cet important ouvrage-dont le sujet principal, tenant
toute la coupole, raconte le Triomphe delà Vierge et des saints martyrs.
C’est une vaste machine, savamment conçue, bien agencée, et d’une
correction qui ne laisse pas d’étonner. Par ses qualités de colora-

I. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XII, p. 506.