DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Guitton, Gaston: La porte de Crémone au Louvre, 2, Le monument
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0334
LA PORTE DE CRÉMONE
IL
LE MONUMENT.
AU DIRECTEUR DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Mon cher ami, vous avez bien voulu me de-
mander de vous donner quelques lignes à pro-
pos de la porte du palais Slanga, de Crémone,
que vient d’acquérir si heureusement laDirection
des Musées.
Je suis très-flatté de cette bonne attention
de votre part, mais en même temps très-confus,
et vraiment je me juge fort peu digne d’une telle
besogne. J’aime et j’étudie avec passion les
œuvres de la sculpture ; mais en rendre compta
et les apprécier d’une façon qui puisse intéresser
vos lecteurs, c’est là une tâche qui m’effraye : mon métier est d’en faire
et non d’en écrire. Vous ne m’en voudrez donc pas si je ne puis atteindre
le but que vous vous êtes proposé; j’aurai au moins fait preuve de cou-
rage et de bon vouloir. Mon excuse sera de bien connaître ce magni-
fique monument, puisque je l’ai depuis six mois sous les yeux.
Lorsqu’une belle œuvre d’art est enlevée du pays, du milieu, et en
quelque sorte du climat qui l’ont fait naître, il monte presque toujours
à l’âme des artistes sérieux, comme aussi à celle des amateurs vraiment
éclairés, un sentiment d’amertume et de tristesse. Ceux qui ont eu le
bonheur de voir, d’admirer en place les chefs-d’œuvre et même les
simples curiosités de ce pays heureux et si prodigue de son génie, qui
s’appelle l’Italie, ont éprouvé ce sentiment. Pouvons-nous l’avoir au
même degré pour le monument qui va prendre place au Louvre? Je ne
IL
LE MONUMENT.
AU DIRECTEUR DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Mon cher ami, vous avez bien voulu me de-
mander de vous donner quelques lignes à pro-
pos de la porte du palais Slanga, de Crémone,
que vient d’acquérir si heureusement laDirection
des Musées.
Je suis très-flatté de cette bonne attention
de votre part, mais en même temps très-confus,
et vraiment je me juge fort peu digne d’une telle
besogne. J’aime et j’étudie avec passion les
œuvres de la sculpture ; mais en rendre compta
et les apprécier d’une façon qui puisse intéresser
vos lecteurs, c’est là une tâche qui m’effraye : mon métier est d’en faire
et non d’en écrire. Vous ne m’en voudrez donc pas si je ne puis atteindre
le but que vous vous êtes proposé; j’aurai au moins fait preuve de cou-
rage et de bon vouloir. Mon excuse sera de bien connaître ce magni-
fique monument, puisque je l’ai depuis six mois sous les yeux.
Lorsqu’une belle œuvre d’art est enlevée du pays, du milieu, et en
quelque sorte du climat qui l’ont fait naître, il monte presque toujours
à l’âme des artistes sérieux, comme aussi à celle des amateurs vraiment
éclairés, un sentiment d’amertume et de tristesse. Ceux qui ont eu le
bonheur de voir, d’admirer en place les chefs-d’œuvre et même les
simples curiosités de ce pays heureux et si prodigue de son génie, qui
s’appelle l’Italie, ont éprouvé ce sentiment. Pouvons-nous l’avoir au
même degré pour le monument qui va prendre place au Louvre? Je ne