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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 13.1876

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Nr. 3
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Blanc, Charles: Du décor des vases, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0424

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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des disques, tantôt des canaux perpendiculaires, ou des cordons étagés et
saillants, tantôt enfin des images informes d’animaux monstrueux, dis-
posées par rang.

Mais les ornements primitifs ne sont pas toujours des formes en relief
ou en creux; ce sont aussi des taches de couleur — par exemple, des
jaunes alternant avec des verts — semées avec un apparent désordre et
formant comme une jaspure élémentaire. D’où l’on voit que l’on peut
décorer les vases de trois manières par le dessin ou par la couleur, ou
par la combinaison de la couleur et du dessin, le dessin comprenant ici
la plastique et la gravure.

La décoration par le dessin est la plus sévère. Elle s’adresse à l’œil
de l’esprit ; elle intéresse la pensée. Les Grecs l’ont portée au plus haut
degré de la noblesse et de la grâce et, par le seul attrait de quelques
figures monochromes sur un fond uniforme, ils ont su donner un prix
inestimable à des objets dont la matière était commune et sans valeur.

Le premier principe de la décoration céramique est écrit sur les
vases grecs, à savoir que le décorateur doit avant tout respecter le galbe
de la chose à décorer, c’est-à-dire les convexités et les concavités de la
forme. Plutôt que de faire paraître saillant ce qui est creux ou creux ce
qui est saillant, les Grecs ont supprimé le modelé des figures dont ils
voulaient orner leurs vases, et ils les ont représentées sans épaisseur,
sans la moindre nuance de relief ; leurs figures ne sont que des silhouettes
fantastiques. On dirait que des héros, des dieux, des faunes, des bacchantes
se sont promenés dans les airs autour des vases grecs, et que leur ombre
portée est allée se fixer sur la panse d’une amphore, d’un cratère, ou
sur la surface intérieure d’une cylix. Ce sont des fantômes dont on
ne voit que les contours et qui n’ayant pas de forme intérieure ne
présentent pas de perspective. Les parties du visage, les membres
qui construisent la figure, les clavicules, les pectoraux, l’arcade des
fausses côtes, l’os des îles, les rotules, et, si la figure est vêtue, les
principaux plis de la draperie sont finement indiqués par un simple
trait qui fait reparaître la couleur du fond ; que si les personnages, au
lieu de.se détacher en noir ou en violet sur le fond rouge ou jaune du
vase, se peignent en rouge ou en jaune sur le fond noir, c’est toujours
le même effet se reproduisant à l’inverse. Là c’était l’ombre d’une
ménade poursuivie par l’ombre d’un satyre, ou bien c’était l’image
d’un quadrige monté par des dieux qui renversent, aux pieds des
chevaux, des géants vaincus sous forme d’hoplites ; ici, au contraire,
les figures apparaissent comme des spectres pâles au sein de la nuit,
c’est au milieu des ténèbres que le géant Tityus est tué par Apollon.
 
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