DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Ephrussi, Charles: Le triptyque d'Albert Durer: exécuté pour Jacob Heller
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Hellerhof. Membre de la puissante corporation des drapiers de Franc-
fort, il épousa, en T/i8*2, Catherine de Melem, fdle d’un opulent patri-
cien, et acheta la cour de Nuremberg, où il demeura jusqu’à sa mort et
où il hébergea, en 1517, l’empereur Maximilien Ier-et sa suite.
Il remplit de hautes fonctions dans sa ville natale, et fut chargé par
elle d’importantes missions à l’extérieur. Il se rend en 1505 à Gelnhau-
sen, auprès de Maximilien, pour lui rendre hommage au nom de ses
concitoyens b En 1506 il fait partie d’une députation de cinq membres
envoyés au-devant des ambassadeurs du roi de France, venus à Franc-
fort pour rendre visite à l’Empereur. Nous le retrouvons encore comme
représentant de la ville de Francfort au Congrès d’Augsbourg, où fut pré-
parée l’alliance du Pape, de Maximilien Ier et de Louis XII contre les
Vénitiens. Après avoir perdu sa femme en 1518, il meurt le 28 jan-
vier 1522.
Heller a laissé un testament très-curieux qui nous fait connaître
certains traits de son caractère. Préoccupé avant tout du salut de son
âme, il règle avec une scrupuleuse exactitude le détail des pratiques qui
doivent l’assurer. Il ordonne la construction d’un abri pour les pauvres,
où sera placé un crucifix en bois sur lequel on lira : « Priez Dieu pour
Jacob Heller et Catherine Melem, fondateurs, pour leurs parents et leurs
bienfaiteurs. » Heller veut encore qu’un homme de confiance se rende à
Rome pour y faire un pèlerinage dans l’intérêt de son âme. La durée du
voyage est fixée à quatorze ou quinze semaines. Le pèlerin sera surveillé
par un prêtre allemand ; pendant toute la route, il récitera tous les jours
trente Pater et Ave Maria et trois Actes de foi « avec ferveur » ; s’il
tombe malade ou s’il meurt, on enverra un remplaçant; puis une fois à
Rome, il visitera, le premier jour, Saint-Jean-de-Latran et Santa-
Maria-della-Scala-Cœli ; le deuxième jour, Saint-Pierre, et y fera dire
trois messes et un Requiem, et ainsi de suite ; le dernier jour, il se
rendra, accompagné du prêtre allemand, à l’abbaye de Saint-André.
Heller avait visité cette abbaye lors de son voyage à Rome, à 1 occasion
du Jubilé de 1500, et il s’y était fait inscrire au nombre des membres
de la Confrérie.
Ce formalisme étroit et cette dévotion mesquine prouvent que Heller
avait complètement échappé à la grande influence de la Réformation
qui agit si fortement sur Durer. Mais il racheta sa religiosité puérile
t. L’empereur lui confia le soin de rechercher dans les anciennes archives de
Francfort les origines de l’histoire des ducs d’Alsace, Hérimanius et Ando, enterrés à
Wetzlar,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Hellerhof. Membre de la puissante corporation des drapiers de Franc-
fort, il épousa, en T/i8*2, Catherine de Melem, fdle d’un opulent patri-
cien, et acheta la cour de Nuremberg, où il demeura jusqu’à sa mort et
où il hébergea, en 1517, l’empereur Maximilien Ier-et sa suite.
Il remplit de hautes fonctions dans sa ville natale, et fut chargé par
elle d’importantes missions à l’extérieur. Il se rend en 1505 à Gelnhau-
sen, auprès de Maximilien, pour lui rendre hommage au nom de ses
concitoyens b En 1506 il fait partie d’une députation de cinq membres
envoyés au-devant des ambassadeurs du roi de France, venus à Franc-
fort pour rendre visite à l’Empereur. Nous le retrouvons encore comme
représentant de la ville de Francfort au Congrès d’Augsbourg, où fut pré-
parée l’alliance du Pape, de Maximilien Ier et de Louis XII contre les
Vénitiens. Après avoir perdu sa femme en 1518, il meurt le 28 jan-
vier 1522.
Heller a laissé un testament très-curieux qui nous fait connaître
certains traits de son caractère. Préoccupé avant tout du salut de son
âme, il règle avec une scrupuleuse exactitude le détail des pratiques qui
doivent l’assurer. Il ordonne la construction d’un abri pour les pauvres,
où sera placé un crucifix en bois sur lequel on lira : « Priez Dieu pour
Jacob Heller et Catherine Melem, fondateurs, pour leurs parents et leurs
bienfaiteurs. » Heller veut encore qu’un homme de confiance se rende à
Rome pour y faire un pèlerinage dans l’intérêt de son âme. La durée du
voyage est fixée à quatorze ou quinze semaines. Le pèlerin sera surveillé
par un prêtre allemand ; pendant toute la route, il récitera tous les jours
trente Pater et Ave Maria et trois Actes de foi « avec ferveur » ; s’il
tombe malade ou s’il meurt, on enverra un remplaçant; puis une fois à
Rome, il visitera, le premier jour, Saint-Jean-de-Latran et Santa-
Maria-della-Scala-Cœli ; le deuxième jour, Saint-Pierre, et y fera dire
trois messes et un Requiem, et ainsi de suite ; le dernier jour, il se
rendra, accompagné du prêtre allemand, à l’abbaye de Saint-André.
Heller avait visité cette abbaye lors de son voyage à Rome, à 1 occasion
du Jubilé de 1500, et il s’y était fait inscrire au nombre des membres
de la Confrérie.
Ce formalisme étroit et cette dévotion mesquine prouvent que Heller
avait complètement échappé à la grande influence de la Réformation
qui agit si fortement sur Durer. Mais il racheta sa religiosité puérile
t. L’empereur lui confia le soin de rechercher dans les anciennes archives de
Francfort les origines de l’histoire des ducs d’Alsace, Hérimanius et Ando, enterrés à
Wetzlar,