Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 13.1876)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lendemain de ses funérailles s’étaient fatalement compliquées de toutes
sortes de tristesses. Un peu d’exagération put se glisser alors, non dans
le regret, mais dans l’éloge, et à la lecture de ces nécrologies pas-
sionnées où l’on allait jusqu’à dire que Carpeaux avait été méconnu,
l’idée a dû venir à quelques critiques moins enfiévrés de laisser passer
les premières effusions des douleurs amicales et d’ajourner à des mo-
ments plus calmes le jugement que paraissait mériter l’œuvre d’un
artiste aussi bien situé dans l’opinion publique. L’étude des talents
mélangés réclame d’ailleurs un certain loisir, et pour apprécier à sa vraie
valeur un sculpteur tel que Carpeaux, il faut un peu de recul.

l’empereur RECEVANT ABD-EL-KADER.

(Dessin de M. P. Achet d’après le plâtre d’un bas-relief non exécuté.)

Sans examiner s’il ne serait pas prudent d’attendre encore, on peut
dire dès aujourd’hui que Carpeaux n’a nullement eu à se plaindre de
l’indifférence ou des injustices de son temps. Il est venu à l’heure pro-
pice, au moment où les vieilles querelles d’école s’étaient éteintes et où
la persécution systématique contre les artistes virils avait cessé d’être à
la mode. Grâce aux combattants des premières journées, le terrain était
conquis, et ils pouvaient y marcher librement ceux qui prétendaient que
la caractéristique essentielle de la sculpture française, c’est la vie. Si
Carpeaux fût entré dans l’art vers 1835, il aurait trouvé intacte la vieille
citadelle académique, il se serait vu obligé de lutter comme Barye. Refusé
au Salon, privé de travaux officiels, injurié par les cohortes classiques, il