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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 13.1876

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Nr. 6
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Yriarte, Charles: Le Salon de 1876
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https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0751

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

est à Rome depuis J 872, et c’est de la villa Médicis qu’il signe son
David et sa Bethsabée. Sa première toile est d’une coloration argentée
et claire qui indique un homme de goût qui pourrait bien, en se modi-
fiant, devenir un coloriste; son dessin est très-correct, un peu mignard
et précieux. La partie de la poitrine dans la demi-teinte, si étudiée et
d’une anatomie si juste, n’est pas assez largement traitée; le bras qui
porte la tête du Goliath est inhabile à soulever ainsi ce fardeau, mais
c’est jeune et fier, et nous espérons que M. Ferrier réalisera les espé-
rances que son œuvre fait concevoir.

Nous avons vu M. Albert Maignan naître à la peinture; un jour il
vint à nous, offrant de donner dans les publications que nous dirigions
alors quelques dessins faits en Espagne; il était déjà doué d’une cer-
taine habilité de main, mais son talent ne dépassait pas la vignette.
Très-jeune d’ailleurs, plein du désir de produire et de faire, il rapporta
d’Andalousie des tableaux qui n’indiquaient pas encore ce qu’il devait
bientôt devenir. En 1873, nous fûmes étonné de le voir se lancer
hardiment, avec une scène du xve siècle qui se passait à Malaga, et un
épisode de l’histoire des Maures de Grenade. En 1874, il donna le
Sylvain, le Départ de la flotte normande pour la Conquête de VAngle-
terre et une Hélène à la fontaine; le jury lui décerna une médaille.
Ghaque année l’effort était plus grand, c’était une carrière nettement
suivie, après des tâtonnements inévitables mais de peu de durée :
Aujourd’hui avec le Frédéric Barberousse aux pieds du Pape le peintre
donne sa mesure. La composition, on la jugera parle croquis que l’artiste
a exécuté pour la Gazette; mais j’en veux louer l’installation et l’excel-
lente assiette. La scène se passe à la porte de Saint-Marc, et l’étonnante
architecture de la basilique ne nuit pas aux groupes principaux.
L’empereur d’Allemagne se prosterne devant Alexandre III dont on aper-
çoit la grave silhouette dans la lumière ambrée et la poussière d’or
qui flotte dans l’intérieur de Saint-Marc, les jours de soleil. Nous sommes
en 1177; après le grand effort de la ligue Lombarde, Yenise a triomphé
de l’empereur, la flotte de la République a ramené dans le port de Saint-
Marc quarante-huit galères allemandes prisonnières, et sur l’une d’elles,
le propre fils de Barberousse qui les commandait. La paix est signée,
Frédéric vient s’humilier dans le pape fugitif. La scène n’est pas prise
au point exact de l’histoire; Sabellicus l’a racontée dans son Berwn
Venetarum d’une façon bien autrement dramatique. L’empereur, dès
qu’il aperçut le pape, se dépouilla de son manteau et vint se prosterner
pour lui baiser les pieds. Alexandre, voyant à genoux devant lui le
prince qui, depuis vingt ans, l’avait poursuivi d’asile en asile, ne
 
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