DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Corroyer, Édouard Jules: Les arts décoratifs à l'opéra, 1
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0010
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
par les graves questions qu’ils ont à résoudre, pour signaler le danger
menaçant nos industries d’art, qu’on peut croire en péril par l’ardeur
déployée à l’étranger pour nous dépasser après avoir essayé de nous
imiter; lorsque l’on reconnaît la nécessité pressante d’une loi protec-
trice de la propriété de l’art, de l’art français, si bien exploité par nos
voisins devenus nos rivaux, qui nous pillent avec d’autant plus de succès
que nous leur avons mieux montré les moyens de nous battre en accueil-
lant à cœur ouvert tout ce qui vient du dehors; quand un groupe
d’hommes dévoués, réunis d’abord sous le nom de l’Union centrale des
Beaux-Arts appliqués à l’industrie, ont agrandi le cercle de leur action
régénératrice en formant une société reconnue d’utilité publique et que
tout le monde connaît aujourd’hui, c’est-à-dire Y Union centrale des Arts
décoratifs, institution éminemment utile qui, par un singulier phéno-
mène d’expansion généreuse et toute française, s’est surtout développée
à l’étranger; au moment, disons-nous, où tant de courageux elforts sont
faits pour conserver le rang que nous avons conquis, il est bon de se
recueillir et de s’examiner en conscience. 11 faut que toutes les bonnes
volontés viennent prêter assistance à ces hommes dont nous parlons et se
grouper autour de leur drapeau. Leur devise : Tenues grandia, est mo-
deste, mais résolue; elle est généreuse et patriotique, parce que le but
unique de ces bons Français est de maintenir la suprématie de l’art
national, qui est une des gloires de notre passé et l’une des plus vivaces
espérances de notre avenir.
S’il n’est plus temps de forger les armes lorsque l’ennemi est aux
portes, on peut, tout au moins, se défendre. Lorsque l’étranger, qui peut
devenir l’ennemi, nous montre ses moyens d’attaque ainsi que ses
armes, dont nous lui avons appris le maniement, il faut se fortifier,
s’armer et reprendre l’offensive; mais il faut d’abord rentrer en nous-
mêmes, et sans s’extasier sur ce que nous'avons produit, nous rendre un
compte impartial de nos défauts et de nos qualités, afin d’arriver à cor-
riger les uns et à développer les autres.
Parmi les grands édifices qui ontété élevés depuis vingt-cinq ans, il en
est un qui dépasse tous les autres par l’intérêt considérable qu’il pré-
sente au point de vue de l’Art décoratif, but de notre examen. Si la
France est, en Europe, le pays où l’on peut le mieux étudier l’Art sous
toutes ses formes, c’est évidemment à l’Opéra de Paris que l’on peut le
mieux apprécier les progrès accomplis dans la décoration monumentale
et suivre, dans un superbe monument, ses plus utiles et ses plus belles
applications.
On ne saurait, en effet, choisir un sujet plus intéressant, car il nous
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
par les graves questions qu’ils ont à résoudre, pour signaler le danger
menaçant nos industries d’art, qu’on peut croire en péril par l’ardeur
déployée à l’étranger pour nous dépasser après avoir essayé de nous
imiter; lorsque l’on reconnaît la nécessité pressante d’une loi protec-
trice de la propriété de l’art, de l’art français, si bien exploité par nos
voisins devenus nos rivaux, qui nous pillent avec d’autant plus de succès
que nous leur avons mieux montré les moyens de nous battre en accueil-
lant à cœur ouvert tout ce qui vient du dehors; quand un groupe
d’hommes dévoués, réunis d’abord sous le nom de l’Union centrale des
Beaux-Arts appliqués à l’industrie, ont agrandi le cercle de leur action
régénératrice en formant une société reconnue d’utilité publique et que
tout le monde connaît aujourd’hui, c’est-à-dire Y Union centrale des Arts
décoratifs, institution éminemment utile qui, par un singulier phéno-
mène d’expansion généreuse et toute française, s’est surtout développée
à l’étranger; au moment, disons-nous, où tant de courageux elforts sont
faits pour conserver le rang que nous avons conquis, il est bon de se
recueillir et de s’examiner en conscience. 11 faut que toutes les bonnes
volontés viennent prêter assistance à ces hommes dont nous parlons et se
grouper autour de leur drapeau. Leur devise : Tenues grandia, est mo-
deste, mais résolue; elle est généreuse et patriotique, parce que le but
unique de ces bons Français est de maintenir la suprématie de l’art
national, qui est une des gloires de notre passé et l’une des plus vivaces
espérances de notre avenir.
S’il n’est plus temps de forger les armes lorsque l’ennemi est aux
portes, on peut, tout au moins, se défendre. Lorsque l’étranger, qui peut
devenir l’ennemi, nous montre ses moyens d’attaque ainsi que ses
armes, dont nous lui avons appris le maniement, il faut se fortifier,
s’armer et reprendre l’offensive; mais il faut d’abord rentrer en nous-
mêmes, et sans s’extasier sur ce que nous'avons produit, nous rendre un
compte impartial de nos défauts et de nos qualités, afin d’arriver à cor-
riger les uns et à développer les autres.
Parmi les grands édifices qui ontété élevés depuis vingt-cinq ans, il en
est un qui dépasse tous les autres par l’intérêt considérable qu’il pré-
sente au point de vue de l’Art décoratif, but de notre examen. Si la
France est, en Europe, le pays où l’on peut le mieux étudier l’Art sous
toutes ses formes, c’est évidemment à l’Opéra de Paris que l’on peut le
mieux apprécier les progrès accomplis dans la décoration monumentale
et suivre, dans un superbe monument, ses plus utiles et ses plus belles
applications.
On ne saurait, en effet, choisir un sujet plus intéressant, car il nous