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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 1
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Corroyer, Édouard Jules: Les arts décoratifs à l'opéra, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0018

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

H

le droit de participer à cette coloration générale ? Certes., il ne faut pas
qu’un édifice se présente sous la forme d’un bariolage incohérent ; certes,
il est bon que les grandes masses aient une teinte pâle et monochrome,
afin que les silhouettes se détachent bien sur le ciel ou sur les fonds ;
mais en quoi donc cela peut-il vous choquer que diverses parties, écla-
tantes et chaudes de tons, viennent égayer et aviver la masse générale,
comme les cheveux, les lèvres et surtout les yeux égayent et avivent la
physionomie humaine ?... Chose étrange! ces Parisiens, ces Français qui
frémissent quand ils voient dans leur pays un petit coin de palais orné
d’un marbre, admirent, dès qu’ils sont en Italie, les monuments les plus
bariolés : Sainte-Marie-des-Fleurs, le campanile du Giotto ou Saint-Marc
de Venise les transportent d’admiration ; et ils n’ont plus après de mots
pour exprimer leur enthousiasme ! Quelle est la cause de ce phénomène ?
Il y en a deux, je crois : c’est que, d’abord les monuments sont déjà
vieux et que tout ce qui est vieux en art est de droit magnifique; puis
ensuite, c’est que les villes d’Italie sont plus colorées que Paris, que les
rues sont moins droites, que, grâce à Dieu, le pittoresque y réside encore
et que les marbres et les mosaïques semblent faire partie intégrante de
l’ensemble... »

« Laissez donc venir ici le renouveau des bons siècles ! Laissez vos
yeux se réjouir aux rayons dorés, laissez votre âme s’échauffer aux vibra-
tions de la couleur ; et, peuple grec par le goût, peuple latin par le cœur,
peuple gaulois par le sang, retrouvez l’héritage des Grecs, des Romains
et des Francs, c’est-à-dire l’amour du ciel bleu, l’enthousiasme de la
passion, l’insouciance de la gaieté ; ce qui veut dire en art : couleur,
foi et audace. Alors vous ferez vos maisons moins blanches et vos palais
plus radieux! »

11 est juste de constater avec M. Ch. Garnier que Y escalier cl'honneur
de l’Opéra a été unanimement approuvé, « et cela au détriment de l’en-
semble du monument, qui paraît s’être condensé en un seul point :
l’Opéra, c’est l’escalier, comme les Invalides, c’est le dôme... Certes, je ne
me plains pas de cette condensation, qui peut fort bien suffire à la gloire
d’un architecte, tout comme une bataille gagnée peut suffire à la gloire
d’un général ; mais un artiste peut difficilement se désintéresser de la
moindre de ses œuvres, et s’il accepte avec joie les marques de sym-
pathie que l’on donne à l’un de ses ouvrages, il voudrait bien que cette
sympathie s’étendit sur tous les autres. C’est qu’il juge un peu différem-
ment que le public; il sait le travail que telle ou telle production lui a
coûté ; il sait où se sont portés ses efforts et, malgré lui, il a des pen-
chants instinctifs pour ce qui lui a causé le plus de peine...
 
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