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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Rubens, 9
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0047

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mis le pied au nouveau palais, a fait à Rubens l’honneur de venir voir sa
galerie. C’est la grande curiosité de la saison. Le 6 juin, le résident
Priaudi écrit à ses maîtres de la cour de Mantoue que la reine mère est
enchantée de ses peintures et cle son peintre, et nous avons, à la date du
lendemain, une lettre dans laquelle le chevalier del Pozzo qui, lui aussi,
était à Paris en 1625, célèbre la galerie de Rubens, pittore eccellente
fuimmingo. L’éloge paraît d’ailleurs avoir été universel. Depuis Fontaine-
bleau, la France n’avait pas été appelée à voir chez elle un si grand en-
semble décoratif.

Nous demandons pardon d’avoir accumulé tant de citations et tant de
dates à propos de l’histoire de la galerie du Luxembourg. Nous avons cru
devoir nous permettre cette débauche, parce que le Louvre n’a pas l’air
de connaître très bien la chronique des voyages de Rubens à Paris, et
parce que sur ce point le texte de Villot peut être tenu pour abrogé.
Mais, à vrai dire, le luxe de détails que nous avons groupés cache
assez mal notre indigence. Nous ne savons pas tout ce que nous vou-
drions savoir. Puisqu’il est acquis que Rubens a été largement aidé, il
faudrait pouvoir dire avec certitude quelle part lui revient dans l’exé-
cution de cette grande œuvre. Roger de Piles croyait en avoir appris
quelque chose ; il écrit en 1699 : « La Reine, qui aimoit la peinture et
qui dessinoit fort proprement, voulut que Rubens fît deux tableaux de
son histoire en sa présence, pour avoir le plaisir de le voir peindre. »
Ces deux tableaux, il ne les désigne pas. Le reviseur du texte de Ger-
main Brice (1752) a voulu être plus précis. 11 affirme que Rubens entre-
prit de peindre « plusieurs tableaux entièrement de sa main : l’on dis-
tingue aisément ceux où il ne s’est point fait aider. De ce nombre est le
Couronnement de la reine, et c’est, il faut l’avouer, ce qu’il y a de plus
parfait dans toute la galerie ». Et l’auteur ajoute que cette composition
fut peinte à Paris. Ce tableau contient, en effet, beaucoup de portraits,
et l’on y retrouve l’image, un peu approximative, d’un certain nombre
de personnages qui avaient assisté à la cérémonie du 13 mai 1610. Plu-
sieurs d’entre eux vivaient encore, et il est possible que Rubens — la
toile ayant été préparée à Anvers — ait voulu préciser d’après le vif
quelques-unes des physionomies.

Mais ni Roger de Piles ni Germain Brice ne parlent de la Nais-
sance de Louis XIII, une des plus belles pages de la série. Là, le pin-
ceau de Rubens est bien visible. Marie de Médicis vient d’accoucher, et la
trace des douleurs subies se mêle sur son pâle visage à la joie qu’elle
éprouve d’avoir enfanté un fils. Ses pieds nus reposent sur un escabeau.
Vous les avez admirés bien des fois, car ces beaux pieds de la jeune
 
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