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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Chennevières, Henry de: Les donations et les acquisitions du Louvre depuis 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0072

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LES DONATIONS ET LES ACQUISITIONS DU LOUVRE.

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de Lorraine, François de Montmorency, comte de Boudeville, le maréchal
d’Ancre, François de Béthune, fils de Sully, le maréchal de la Force, le
marquis de Mirabel, ambassadeur d’Espagne; puis le président de Thou,
l’abbé de Saint-Cyran, l’évêque d’Albi, de la maison du Lude, le frère
Paolo Sarpi, théologien de la république de Venise, « l’un des plus sa-
vants hommes de son siècle ». Une telle assemblée serait assurément
digne de nos révérences, si l’on osait se fier aux inscriptions de chaque
feuillet; mais le caractère suspect des lettres majuscules fait craindre
plusieurs noms de fantaisie. Ni Mm® de Longueville, ni Mme de Sablé,
ni le Fhalsbourg, ni le Béthune, ni le maréchal d’Ancre ne peuvent
inquiéter; ils sont, au contraire, très conformes aux estampes et docu-
ments de l’époque : il n’en est pas de même de certains autres infini-
ment moins orthodoxes. Toutefois l’on oublie vite la sévérité historique
en face de cet ensemble de crayons excellents. Cherchez parmi nos por-
traitistes contemporains deux hommes capables d’imprimer à des phy-
sionomies une semblable vitalité et sachant, à l’égal de Dumonstier, la
conséquence d’un trait? Vous en trouverez un, à coup sûr, c’est notre
grand artiste Gaillard : celui-là dessine comme un Clouet, il pénètre son
modèle comme un Holbein. Ainsi donc, depuis la mort de M. Ingres, il a
fallu l’apparition d’un graveur de haut style pour réapprendre à nos
peintres français les vrais principes de l’art des ressemblances. Dumons-
tier leur serait d’un exemple profitable; ils reviendraient, par son imita-
tion, aux finesses pénétrantes, à la vision morale des âmes, au pétille-
ment d’esprit.

Ces dix-neuf crayons de Daniel Dumonstier terminent les acquisi-
tions du département des dessins. Toutes ces nouveautés, peintures ou
croquis, complètent peu à peu nos collections, et, en dépit de nos misé-
rables cent cinquante mille francs, nous enlevons encore aux étrangers
de bonnes occasions et de beaux morceaux. Mais la lutte avec l’Alle-
magne, avec l'Angleterre ne pourrait se prolonger, si le parlement refu-
sait toujours de développer notre budget annuel. Le musée de Berlin,
de ce Berlin cru si pauvre, dispose chaque année de neuf cent mille francs,
et ses conservateurs, pourvus de pareilles ressources, s’enrichissent d’ou-
vrages du premier ordre. Nous laisserions-nous vaincre sur ce terrain-
là? Assurément la Prusse est née d’hier, elle a des allures de parvenue,
elle veut meubler an plus vite ses galeries publiques; mais notre vieux
Louvre serait bientôt égalé, malgré ses trésors et malgré le prestige sé-
culaire de ses chefs-d’œuvre, si l’État ne créait enfin la Caisse des
Musées.

HENRY DE CHENNEVIÈRES.

XXIX.

2e PÉRIODE.

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