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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0095

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

k Londres et nous n’aurions qu’à répéter les éloges qui ont été adressés à leurs devan-
ciers. C’est une plaquette ravissante, où tout est gaieté, sourire, enchantement; elle
sera, comme les autres productions de cet artiste si délicatement original, épuisée
avant d’être mise en vente. Mais la même maison nous offre une œuvre qui lui appar-
tient en propre et sur laquelle nous pouvons juger de la réussite de ses efforts person-
nels : c’est la Dame de Gai-Fredon, par Quatrelles, élégant in-4° orné de 70 gravures
au procédé et de 8 grandes planches en couleurs, d’après les aquarelles et les dessins
de M. Courboin. La qualité intrinsèque, le mérite très franc des dessins de cet habile
artiste ont été rendus à perfection. Nous ne leur ferons qu’un reproche, si toutefois
on peut appeler cela un reproche : ils trahissent un certain souvenir des colorations
qui particularisent les livres anglais. Il sera bon de se laisser aller avec plus d’abandon
aux aptitudes instinctives de notre œil. Notre imagerie doit rester aussi bien française
par le dessin que par le coloris.

Les illustrations spirituellement naïves de M. Buutet de Monvel pour les Vieilles
chansons et rondes pour les petits enfants (avec accompagnements faciles de
M. Ch. Widor) ont su éviter ce léger défaut. Les couleurs, traitées en à-plats, ainsi
qu’il convient à ce genre de gravures, accusent nettement leur saveur française. Cei
album, bien que l’idée en soit renouvelée du Baby's Opéra de Walter Crâne, est
tout à fait joli et d’une exécution typographique irréprochable. Il fera les délices de
nos bambins en leur apprenant à fredonner nos chansons populaires : Au clair de la
lune, La Mere Michel, Frère Jacques, la Tour, prends garde, La Monaco, et tant
d’autres vieilleries toujours jeunes.

Le plus important et, à tous égards, le plus remarquable des livres en couleurs
apparus cette année est celui que vient d’exécuter, avec le concours de M. Grasset,
et de tirer sur ses propres presses. M. Ch. Gillot, le célèbre héliographe : l'Histoire
des quatre fils Aymon. L’exécution de cet ouvrage est d’une perfection matérielle
qu’il sera bien difficile de dépasser. Le vieux texte de Renaud de Montauban, qui
date vraisemblablement du xne siècle, ne s’attendait pas à être traité avec un pareil
honneur. Chacune des deux cent quarante pages de ce livre, de format petit in-4ü,
est ornée et encadree d’une composition en couleurs due au pinceau ingénieux et
coloré de M. Grasset. M. Gillot les a gravées au procédé et tirées à l’aquarelle sur ses
presses. Les tons assoupis et chauds sont ceux des vieilles tapisseries; le style, imprégné
d’archéologie mérovingienne, à la façon de M. Laurens ou de M. Matejko, est en parfait
accord avec le texte, le suivant pas à pas et le commentant avec une ampleur magis-
trale. Le rendu des compositions ne vise point à des dégradations excessives qui
seraient incompatibles avec la nature même du procédé; à vrai dire, et nous ne sau-
rions assez en féliciter M. Gillot, ce sont des à-plats superposés qui établissent de la
façon la plus délicate les plans et le modelé des paysages, des figures et des orne-
ments. 11 faudrait plus de place que nous n’en pouvons disposer aujourd’hui pour
étudier ce monument vraiment extraordinaire de la typographie en couleurs. Il y
aura lieu d’y revenir. Si M. Gillot n’avait pas exécuté antérieurement les fac-similés
d’estampes en couleurs qui illustrent notre Art japonais, nous affirmerions que rien
d’aussi parfait, ni en France ni en Angleterre, n’a encore été produit.

Du reste, on l’a dit et il faut le répéter, cette nouvelle forme de notre imagerie en
couleurs, tirée sur des clichés typographiques, gravée sur bois par les méthodes ordi-
naires ou sur zinc psr les nouveaux procédés, — comme dans les trois ouvrages dont
nous venons de parler, — est sortie directement de l’étude des albums japonais, qui
sont le dernier mot de l’estampe polychrome. M. Charles Gillot ne nous contredira pas
si nous remarquons qu’il doit à cette étude une partie des progrès qu’il vient de réa-
liser d’une façon si imprévue et pour le plus grand honneur de l’industrie française.

L. G.
 
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