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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Chennevières, Henry de: Exposition de l'art du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0177

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EXPOSITION DE L’ART DU XVIIIe SIÈCLE.

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car l’admiration se soutient mal en face de redites inutiles. Ici, les
répétitions et les redites étaient nécessaires au but même de cette expo-
sition, où il s’agissait surtout de simuler une collection complète em-
brassant les périodes diverses de l’art sous Louis XV et Louis XVI.
Aussi ne négligea-t-on aucun moyen capable d’atteindre ce résultat, et le
nombre des objets précieux s’éleva au chiffre de trois cents. 11 faut l’a-
vouer : en dépit de toutes les bonnes volontés et malgré l’importance
apparente de plusieurs tableaux, l’art du xvme siècle ne trouve guère
son compte à la Galerie Petit, et certain désenchantement vous pénètre au
sortir de cette exposition. Il y a pourtant là de prime abord de gracieuses
toiles et des bustes pleins de fierté. Sur le seuil de la vaste salle, on
croirait entrer dans l’un des Salons du siècle dernier, tant l’aspect général
est préparé avec adresse en vue de flatter la première impression et par
ainsi de surprendre les bonnes grâces du visiteur. Gela rappelle comme
perspective ingénieuse un très piquant dessin du Louvre, le Salon de '1765
par Gabriel de Saint-Aubin : même assemblage habile de tableaux, de
statuettes, de terres cuites, de miniatures, même jolie distribution attirante.
D’ailleurs, à défaut d’œuvres considérables difficiles à rencontrer en
France aujourd’hui, les portraits forment le plus grand et le meilleur
appoint du lieu. Ils réveillent en effet tout un monde de figures délicates
ensevelies dans l’histoire ou dans l’anecdote, et comme si les mémoires
secrets d’un Bachaumont de cour avaient besoin d’être illustrés après
cent ans, une suite de physionomies célèbres vous font accueil avec la
grâce d’apparat de leur sourire. Entre les pastorales, les bergerades, les
galanteries champêtres, les intérieurs de mœurs, ces portraits charment
le regard par un certain accent de nature peu habituel aux fantaisistes
d’alors. Du reste, la société française offrait à ses portraitistes du moment
des visages et des allures bien faits pour ne pas désespérer leurs pinceaux
légers. C’étaient partout mines avenantes, têtes éventées, séductions de
l’élégance, noblesses suprêmes de la tournure, délicatesses infinies de
l’ajustement : toutes choses traduisibles, sans trop d’efforts, par des ar-
tistes possédés d’un idéal factice où la recherche du décor tenait lieu de
plus hautes ambitions. Car, s’il se fût agi de, rendre la profondeur et
l’énigme troublante de personnages d’un siècle plus grave, beaucoup de
ces peintres coquets auraient évité des modèles d’un caractère impossible
à préciser avec le seul badinage d’une palette en belle humeur. Mais cette
frivolité d’impressions, particulière à ces artistes et les rendant inaptes
pour la plupart, aux portraitures sérieuses, devenait la raison même de
leur vogue auprès des contemporains, si faciles à pénétrer sous des dehors
brillants. Aussi excellèrent-ils aux ressemblances fardées et enluminées
 
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