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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Bayet, C.: Rayet, Olivier, Monuments de l'art antique: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0200

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MONUMENTS DE L’ART ANTIQUE.

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gnie du Taureau Farnèse : on a jugé sans doute que, si ces œuvres ne manquent point
d’intérêt ni de certaines qualités d’exécution, elles avaient joui assez longtemps d’une
gloire excessive et qu’il était convenable de leur accorder quelque repos.

Si ce travail de sélection était malaisé, il ne l’était pas moins de présenter les
œuvres choisies avec les égards qu’elles méritent et dans tout le charme de leur
beauté. La plupart des procédés ordinairement employés sont défectueux : la gravure
n’est qu’une interprétation où le véritable caractère de l’original est presque toujours
altéré; la photographie, plus fidèle en apparence, a de singulières trahisons. M. Rayet
a eu recours à l’héliogravure dont les avantages sont si marqués, mais il suffit d’exa-
miner quelques planches pour se rendre compte du soin scrupuleux avec lequel il a
surveillé les épreuves jusqu’au moment où elles lui ont paru ne plus rien laisser à
désirer. Je ne crains pas de dire que jamais la sculpture antique n’a été mieux repro-
duite : les images qui nous en sont offertes gardent toute la sincérité et comme la
fraîcheur des originaux. Pour y réussir, il fallait un éditeur aussi jaloux que l’auteur
d’une exécution irréprochable; aussi n’est-il que juste de l’associer ici au succès.

Dans la rédaction des notices qui accompagnent les planches, M. Rayet, tout en se
réservant la part principale, a fait appel à quelques collaborateurs, parmi lesquels il
faut citer MM. Collignon, Maspéro et Martha, dont les noms reviennent le plus sou-
vent. 11 y avait ici un double écueil à éviter: il fallait ne point paraître superficiel aux
savants ni ennuyeux à ceux qui ne se piquent point d’être doctes. Les auteurs s’en sont
heureusement tirés, et ils ont su ne garder de leur érudition que ce qui donne de la
netteté aux explications sans effaroucher les lecteurs. Les notices sont intéressantes,
souvent même amusantes, par leur ton alerte et la bonne humeur qui y règne. Peut-
être y est-on çà et là batailleur, mais ce sont débats archéologiques où le public n’est
point forcé de se mêler; il en retiendra seulement cette sage conclusion que l’interpré-
tation des monuments est ardue et que les savants les plus fins et les plus sensibles
aux choses d’art peuvent parfois différer d’avis. Môme quand ils tombent d’accord,
auront-ils toujours raison des vieux préjugés? Voici un bronze du musée de Naples bien
connu de tous sous le nom de Narcisse : M. Martha nous prouve qu’on se trompe,
et j’en suis convaincu. Mais je crains bien que ce charmant éphèbe ne garde néan-
moins sa fausse étiquette, et M. Martha lui-même, qui veut la retirer,- la lui donnera
plus d’une fois encore par mégarde.

Sous cette forme simple et claire se montrent cependant une science armée de toutes
pièces et une curiosité d’esprit toujours en éveil. On sera étonné du nombre de décou-
vertes, de solutions nouvelles qui abondent ici. Parfois même, c’est tout un chapitre
détaché d’une histoire générale de l’art grec : je citerai comme exemples la lettre si
remarquable que M. Guillaume a écrite sur le canon de Polyclète, et la science des
proportions, à propos du Doryphore, et l’étude de M. Rayet sur le style de Polyclète,
à propos du Diadumène. Ce qui me plaît encore dans ces notices, c’est que leurs
auteurs ne craignent point d’exprimer à l’aise leur admiration. Trop souvent on crie
haro sur quiconque étant du métier se permet quelques phrases qui ne marchent point
appuyées sur des citations en manière de béquilles, et, pour éviter pareil reproche,
plus d’un qui sent vivement et saurait le dire en bon langage, se condamne à la séche-
resse. J’aime fort que, pour parler de belles choses, on ne redoute point d’employer
parfois de belles phrases, pourvu que s’y montre cette sincérité de ton qui commu-
nique au lecteur l’émotion qu’éprouve l’écrivain. On a su le faire ici; et, pour s’en
convaincre, il suffirait de lire la fin de la notice que M. Rayet a consacrée aux caria-
 
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