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GAZETTE DES B EAUX-ARTS.
vail à celui de Rubens, il hésitait ; mais on croit aujourd’hui pouvoir dé-
signer Vorsterman, et cette conjecture n’a rien que de vraisemblable. La
Sainte Catherine est d’ailleurs une superbe estampe, et sous le déguise-
ment dont son collaborateur l’a revêtu, Rubens y reste assez visible pour
qu’on soit tenté de se ranger au sentiment de Mariette1.
Mais, malgré’ la lettre relative à la composition de « la pâte blanche »
à étendre sur le cuivre, et malgré ses quelques essais dans l’eau-forte, on
doit dire que Rubens ne demanda à la pratique de cet art spécial que de
rares instants de récréation. Tant d’autres choses remplissaient sa vie!
Lors de son séjour à Paris, en 1625, il avait contracté plus d'une obliga-
tion. Il revenait, un peu fatigué de la cour de France et des fêtes du ma-
riage de Charles Iov; son rêve était de se reposer à sa manière’, c’est-à-
dire dans le travail. Il s’arrêta à Bruxelles avec le désir de saluer l’Infante;
mais elle était partie pour assister à la démolition des fortifications de
Bréda, qui avait capitulé le 3 juin; le 12, Rubens arrivait à Anvers et il
reprenait sa tâche interrompue.
Nous le voyons d’abord en correspondance active avec Peiresc et
avec son frère Valavès. Il travaillait pour ces insatiables archéologues.
Pendant l’un de ses voyages à Paris, on n’avait pas manqué de lui mon-
trer le camée de la Sainte-Chapelle et d’autres antiquités. Il avait été con-
venu que ces raretés feraient l’objet d’un recueil d’estampes, et l’on in-
téressa à l’affaire le bourgmestre Rockox à qui sa situation financière
permettait un utile concours. Paul Pontius et Vorsterman furent chargés
de graver les dessins du maître. Le 3 juillet 1625, Rubens envoyait à
Valavès les premières planches de cette suite qui devait voir le jour sous
le titre bizarre do : Varie figueri cle agati antique desiniati de Peetro
Paulo Rubbenie grave par Lucas Vorsterman et Paulus Pontius. On
connaît ces estampes : l’antique y est un peu arrangé à la mode fla-
mande.
C’est dans la même lettre du 3 juillet que Rubens parle d’une œuvre
dont il serait curieux de retrouver la trace. Il s’agit d’un cadeau qu’il
avait fait à un gentilhomme français,qui peut-être lui avait prêté ses bons
offices lors des négociations relatives aux peintures du Luxembourg. Io
feci al signor cl'Argouges... un bel présenté di un quadro grande di mia
t. Cinq autres estampes ont été attribuées à Rubens, mais on se trouve ici en pré-
sence d’affirmations purement conjecturales. L’auteur de Y Histoire de la gravure dans
l école de Rubens, M. Hymans, qui a examiné la question avec le plus grand soin,dé-
clare que l’intervention du maître ne peut être admise ou soupçonnée que pour la
Sainte Catherine, le Sénèque et la Vieille à la chandelle. Voir un fac-similé de la
Sainte Catherine, dans la Gazette, t. XXI, 2e période, p. 71.
GAZETTE DES B EAUX-ARTS.
vail à celui de Rubens, il hésitait ; mais on croit aujourd’hui pouvoir dé-
signer Vorsterman, et cette conjecture n’a rien que de vraisemblable. La
Sainte Catherine est d’ailleurs une superbe estampe, et sous le déguise-
ment dont son collaborateur l’a revêtu, Rubens y reste assez visible pour
qu’on soit tenté de se ranger au sentiment de Mariette1.
Mais, malgré’ la lettre relative à la composition de « la pâte blanche »
à étendre sur le cuivre, et malgré ses quelques essais dans l’eau-forte, on
doit dire que Rubens ne demanda à la pratique de cet art spécial que de
rares instants de récréation. Tant d’autres choses remplissaient sa vie!
Lors de son séjour à Paris, en 1625, il avait contracté plus d'une obliga-
tion. Il revenait, un peu fatigué de la cour de France et des fêtes du ma-
riage de Charles Iov; son rêve était de se reposer à sa manière’, c’est-à-
dire dans le travail. Il s’arrêta à Bruxelles avec le désir de saluer l’Infante;
mais elle était partie pour assister à la démolition des fortifications de
Bréda, qui avait capitulé le 3 juin; le 12, Rubens arrivait à Anvers et il
reprenait sa tâche interrompue.
Nous le voyons d’abord en correspondance active avec Peiresc et
avec son frère Valavès. Il travaillait pour ces insatiables archéologues.
Pendant l’un de ses voyages à Paris, on n’avait pas manqué de lui mon-
trer le camée de la Sainte-Chapelle et d’autres antiquités. Il avait été con-
venu que ces raretés feraient l’objet d’un recueil d’estampes, et l’on in-
téressa à l’affaire le bourgmestre Rockox à qui sa situation financière
permettait un utile concours. Paul Pontius et Vorsterman furent chargés
de graver les dessins du maître. Le 3 juillet 1625, Rubens envoyait à
Valavès les premières planches de cette suite qui devait voir le jour sous
le titre bizarre do : Varie figueri cle agati antique desiniati de Peetro
Paulo Rubbenie grave par Lucas Vorsterman et Paulus Pontius. On
connaît ces estampes : l’antique y est un peu arrangé à la mode fla-
mande.
C’est dans la même lettre du 3 juillet que Rubens parle d’une œuvre
dont il serait curieux de retrouver la trace. Il s’agit d’un cadeau qu’il
avait fait à un gentilhomme français,qui peut-être lui avait prêté ses bons
offices lors des négociations relatives aux peintures du Luxembourg. Io
feci al signor cl'Argouges... un bel présenté di un quadro grande di mia
t. Cinq autres estampes ont été attribuées à Rubens, mais on se trouve ici en pré-
sence d’affirmations purement conjecturales. L’auteur de Y Histoire de la gravure dans
l école de Rubens, M. Hymans, qui a examiné la question avec le plus grand soin,dé-
clare que l’intervention du maître ne peut être admise ou soupçonnée que pour la
Sainte Catherine, le Sénèque et la Vieille à la chandelle. Voir un fac-similé de la
Sainte Catherine, dans la Gazette, t. XXI, 2e période, p. 71.