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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Rubens, 10
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0211

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ment parlé1. Et que dira-t-on de l’âne que Rubens a mêlé au cortège
comme une note intime et familière, et qu’il a chargé de somptueuses
orfèvreries et de bijoux ciselés par le plus savant pinceau ? On dira qu’on
a rarement rencontré lin âne aussi charmant. Combien l’artiste s’inté-
ressait à tous les spectacles et quelle fut la dextérité de sa main, on le
voit ici comme ailleurs. Rubens vient à peine d’achever la galerie du
Luxembourg, il vit avec les héros et avec les dieux, et, quand il s’égaye à
peindre le plus humble animal, il le peint mieux que personne.

Vers la fin de 16*25, Rubens, que le service de la sérénissime Infante
appelait tantôt à Bruxelles, tantôt à Dunkerque, paraît s’être occupé de
mettre en ordre les affaires qu’il avait commencées pendant ses trois
voyages à Paris. Il aimait à tenir ses promesses. La Fuite de Loth, dont
l’entrée au Louvre a quelque chose de mystérieux, doit avoir été peinte
pour un très grand personnage. L’envoi d’un tableau à M. d’Argouges se
lie sans doute aussi à une opération que nous ne connaissons pas ; enfin
il semble que Rubens avait promis à Louis XIII, ou du moins à ceux qui
parlaient en sou nom, de travailler pour la cour de France et qu’il s’était
engagé à faire des modèles de tapisseries.

Le concours de nos savants amis nous est toujours précieux; mais,
ici, il nous est indispensable. Il s’agit d’une question obscure et dont les
livres ne parlent pas. Nous exposerons la difficulté sans prétendre la
résoudre. Le 26 février 1626, Rubens écrit à Valavès : « Mi dispiace
d’intendere per leltere de M. de la Planche clie non ci è apparenza
d’esser pagalo di quel resto che se mi deve per quei cartoni di lapes-
saria faiti per servicio di Sua. Maestù. Cerlo che M. de Fourcy ne
M. Kathelin non sono huomini délia lor parola », et il demande à son
correspondant si, par l’entremise de l’abbé de Saint-Ambroise et grâce à
la faveur de la reine mère ou du cardinal de Richelieu, il ne serait pas
possible d’obtenir le payement de la somme qui lui est due.

Tous les personnages dont parle Rubens nous sont connus et nous
sommes avec lui sur un terrain bien parisien. M. Kathelin, c’est le Jac-
quelin de Guillet de Saint-Georges et des comptes conservés aux Archives;
il était trésorier des bâtiments du roi. M. Henry de Fourcy, qui avait suc-
cédé à son père, c’est l’intendant, le chef suprême de ce grand service.
Quant à M. de la Planche, il n’a pas besoin d’être présenté au lecteur. C’est
le tapissier célèbre dont le nom est partout dans les vieux textes, mais dont

4. « C’est à coup sûr la plus gracieuse figure féminine que le pinceau de l’artiste ait
caressée. Nulle trace de cette lourdeur flamande qui parfois dépare ses plus beaux types.
Le visage de cette charmante fille, chef-d’œuvre de clair-obscur, s’illumine de reflets
rosés et bleuâtres d’une incroyable finesse ». Guide au Musée du Louvre. 1 882, p. 4 31.
 
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