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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Corroyer, Édouard Jules: Les arts décoratifs à l'opéra, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0228

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216

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ment le plan de l’œuvre de Louis et Debret et, grâce à cette disposition
monumentale, mais qui ne peut guère convenir qu’à une salle de grande
dimension, j’ai donné à l’ensemble cet air de somptuosité, de largeur, de
noblesse que toute autre disposition pouvait fort bien supprimer... Je note
seulement en passant la forme que j’ai donnée aux arcs de la salle ; elle
vaut mieux, cela est certain, que celle des arcs anciens qui, composés
d’une partie droite et de deux parties circulaires, semblaient, par la per-
spective, s’abaisser sur le milieu comme s’ils s’effondraient.

«... La maigre corniche qui couronnait jadis l’ancienne salle a été
changée en un entablement très développé à frise marquée, ce qui arrête
bien plus complètement la salle qu’un simple cours de moulure ; mais
cela n’est qu’une modification du principe primitif et ne change pas vir-
tuellement la composition. Il en est autrement du couronnement en œils-
de-bœuf alternés avec des jours rectangulaires, se découpant en festons
très marqués et très robustes sur la partie inférieure de la coupole. Là, il
y a un motif nouveau et certes très caractéristique...

« Si l’on a accepté ce que j’ai dit en commençant ce chapitre, qu’il
fallait que la coloration de la salle fut assez discrète pour ne pas être im-
portune, bien qu’étant assez vibrante pour ne pas être pauvre, on admet-
tra, j’espère, que celle que j’ai choisie possède ces deux qualités; ce ton
général d’or vieux et de jaunes chauds est, par sa nature même, doux et
harmonieux, et il serait difficile d’en trouver un autre qui entourât les
spectateurs d’une atmosphère aussi caressante et aussi délicate en sa
puissance. Mais si ce ton garde ainsi sa douceur et sa finesse, il forme
aussi, par suite de sa diversité d’applications sur les parties ornées de la
salle, des points brillants et accusés qui empêchent toute monotonie et
donnent à l’ensemble l’aspect d’une immense aventurine faisant miroiter
ses innombrables paillettes...

« La composition de la voûte de la salle est forte, ample et bien
agencée dans ses plus petits détails; le dessin des raccourcis est merveil-
leux d’interprétation, la coloration est soutenue et possède de remarqua-
bles intensités d’oppositions. L’exécution est vraiment admirable ; il est im-
possible de peindre plus largement et plus sûrement. Il règne dans cette
œuvre un souffle de noblesse et de puissance indiscutable. C’est une des
plus belles pages modernes et une de celles qui commandent le plus de
respect. On voit que l’homme qui a couvert cette vaste coupole est un
artiste sérieux, élevé aux grandes traditions, plein d’imprévu dans les
attitudes qu’il donne à ses figures, plein de conscience dans l’étude qu’il
fait de tous les morceaux, plein d’entrain dans le jet et. l’idée primordiale.
La coupole forme un tout, un tout complet, saisissant, attachant, et nul
 
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