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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Michel, André: Exposition des dessins du siècle, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0234

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222

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

déplus importants dessins de lui, plus propres à le montrer dans l’inti-
mité de son ardent génie?... En dépit de quelques lacunes, inévitables
sans doute, l’ensemble des témoignages cités est pourtant décisif, et nous
devons aux amateurs qui ont pris l’initiative de cette exposition ou y ont
apporté leur concours, des remerciements pour le double service rendu
par eux à une œuvre excellente et aux amis de l’art.

S’il faut en croire les affiches, la série des dessins ainsi réunis com-
mence à la date précise de 1780. La plupart des Fragonard et tous les
Latour exposés sont plus ou moins antérieurs à cette époque. Mais le
détail est de mince importance, et nous ne faisons aucune difficulté d’ac-
cepter ce chiffre de 1780.

C’est l’année où David prépare Bélisaire pour le Salon de 178J ; dans
trois ans, il entrera à l’Académie, mais il a déjà pris l’attitude et l’autorité
d’un réformateur. Latour, vieillard de soixante-seize ans, s'est retiré dans
sa petite maison d’Auteuil, en attendant d’aller finir dans sa ville natale,
au milieu de ses concitoyens, chargé d’ans et de gloire, des jours si bien
remplis. Fragonard n’a que quarante-huit ans, mais il a déjà donné le
meilleur de son œuvre et la Révolution sera pour lui comme une mort
anticipée. Greuze a cinquante-cinq ans; Gros est un enfant; sur la
paroisse Saint-Jacques de Montauban, Ingres naît le 29 août. "Voilà le mo-
ment.

On s’est étonné qu’on eût introduit sur le panneau que « domine la
grande figure de David » des dessins de la fin du xvm0 siècle. Nous
n’avons pas, pour notre part, le cœur de nous en plaindre. Ces jolis et
poétiques mensonges nous plaisent encore, même à côté de la prose
austère, romaine et Spartiate de David. Admettez-les comme repoussoirs,
si vous voulez ; mais qu’il soit permis aux hérétiques de s’y arrêter un
moment. Hélas! ce sera bientôt fini de rire! Les trois Horace, les bras
et les jarrets tendus comme à la parade, semblent, du haut d’un pan-
neau voisin, jeter l’anathème sur les frivolités aristocratiques et amou-
reuses du pauvre Frago et nous avertir que le règne de la ligne sévère
et du style noble approche à grands pas... Recueillons les derniers sou-
rires de la ligne courbe et du contour chiffonné.

Lq Sacrifice de la rose, de la collection Marcille, est ici l’expression la
plus parfaite de ces gentillesses sensuelles et légères, de ce rêve du
xvme siècle réalisé, de ce triomphe de la volupté heureuse, ne désirant
rien en dehors du plaisir élégant, ne demandant à la nature et à la vie que
le spectacle de leurs apparences joyeuses et de leurs formes arrangées
en vue d’un divertissement sans fin. Avec quelle furie d’espièglerie pro-
vocante les petits génies évoqués dans une traînée de lumière poussent la
 
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